Pour aller plus loin, pouvez retrouver notre critique de Mon Roi et l’interview d’Emmanuelle Bercot, qui en incarne l’héroïne avec brio… mais aussi notre podcast autour des relations toxiques et des façons d’en sortir.
J’ai vu Mon Roi mais j’ai mis du temps. Déjà je ne vais pas beaucoup au cinéma, je n’arrive pas à prendre le temps. Ensuite on m’a dit : tu verras. On m’a dit : attention. J’avais pas le courage.
J’ai vu Mon Roi seule chez moi.
J’ai vu Mon Roi alors que je voulais plutôt regarder un film un peu feel good mais finalement je l’avais sous le nez, c’est dimanche soir, il pleut, j’ai un verre de rouge pioché dans une bouteille neuve. Pourquoi pas.
J’ai vu Mon Roi et j’ai presque plus de rouge dans ma bouteille. Parce que. Parce que Mon Roi.
J’ai vu Mon Roi et j’écris pour le sortir de moi.
J’ai vu Mon Roi et j’ai tout compris.
J’ai vu Mon Roi et ça m’a pris trois heures, non pas que le film dure aussi longtemps c’est pas un Nolan t’as vu, mais j’ai dû m’arrêter tellement de fois. Un quart d’heure par-ci, vingt minutes par-là. J’avais besoin de m’arrêter, je crois que c’était pas la pire idée de ne pas voir Mon Roi au ciné.
J’ai vu Mon Roi et j’ai tout compris.
J’ai vu Mon Roi et j’ai compris son héroïne qui cherche, qui succombe, qui n’ose pas, qui doute, qui part, qui aime, qui revient, qui prend la fuite, qui trouve une contenance, qui espère, qui hait, qui se hait, qui a mal, qui se fait du mal, qui lutte, qui cède, qui croit. Qui y croit.
J’ai vu Mon Roi et j’ai compris son frère, qui a le front à vif à force de se cogner la tête contre le même putain de mur depuis dix ans, mais qui ne peut pas arrêter, parce que sa sœur va peut-être en crever.
J’ai vu Mon Roi et j’ai tout compris, même les intrigues qui ne me parlent pas et ne me parleront peut-être jamais, même le moment où le mec que t’aimes à en crever dix fois te dit « Je veux un enfant de toi ».
J’ai vu Mon Roi et j’y étais, et ça m’a fait flipper.
J’ai vu Mon Roi et j’ai eu des souvenirs enfouis, des week-ends tristes à s’en faire péter les veines, des nuits à pleurer, des journées à mimer. À mimer la vie d’avant. À mimer quand j’étais une personne.
J’ai vu Mon Roi et au début ça allait parce que c’était mon passé.
J’ai vu Mon Roi et ça n’allait plus parce que j’ai eu peur que ça soit mon futur.
J’ai vu Mon Roi et je suis moi aussi tombée amoureuse de Giorgio, de ses pattes d’oie et de son humour, de son insolence et de son arrogance, de son amour et de son assurance. J’ai pardonné à Giorgio ses aventures, ses odieuseries, ses sautes d’humeur, son lunatisme planqué derrière les portes closes du piège que l’héroïne a un jour regardé, les yeux gonflés d’amour, se refermer sur elle-même.
J’ai vu Mon Roi et je me suis rendu compte que c’était probablement mieux, pour l’instant, pour moi, le célibat. Pour que plus jamais ça.
J’ai vu Mon Roi et j’ai revécu en accéléré ma propre rééducation, mentale bien avant d’être physique. Un genou qui cède c’est un énième hurlement dans le vide. Hurler, c’est fatigant, surtout quand on le fait en permanence, et en silence.
J’ai vu Mon Roi et j’ai dû faire trente-huit minutes de pause quand Giorgio dit :
« Je fais tout pour que tu ne puisses pas partir, c’est ma façon de me battre pour nous. »
J’ai vu Mon Roi et je veux plus jamais avoir de roi.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Ce soir, je me suis lancé. Et pareil, j'ai du faire des pauses, j'ai du insulter cinq cent fois le type. Je me suis dis "plus jamais", j'ai eu de la chance de me rendre compte que les choses étaient pas normale. Que ce que je ressentais au final c'était plus de l'amour mais l'inverse. J'étais son petit chien, son esclave, et j'en redemandais...
Bref... L'emprise... Et tout ça... ça m'a détruit. Mais j'ai réussi à me reconstruire, et j'ai réussi à voir que c'était anormal, et maintenant j'ai ma vie à moi et plus personne ne me la prendra.
Tenez bon !