La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés d’une louche d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la daronne
Chère Daronne,
Mon copain est d’une passivité sans nom. Je pense sérieusement avoir le mec le plus passif de la planète. Aucune spontanéité, conversation ou proposition de sa part (que ce soit pour faire des weekends en amoureux, juste un restaurant en tête-à-tête …). Pourtant, tout ça, il sait le faire avec le reste de ses proches. Une première séance de thérapie de couple a confirmé ce que je pensais : sa passivité est un problème de couple, mais c’est aussi un problème personnel pour lui.
Et même en lui annonçant que je songeais à la rupture… Il reste passif ! Et il a toujours une bonne excuse pour justifier sa passivité !
En deux ans, la seule chose qu’il a été capable de faire, c’est réserver un restaurant un soir. Il n’a pas été capable de prendre les décisions, importantes ou non.
Est-ce moi qui en demande trop ou ne sommes-nous pas faits pour être ensemble ?
Une lectrice
La réponse de la daronne
Ma petite tasse de café au lait (devine ce que je suis en train de boire ?)
On a beau dire #notallmen, il semblerait quand même que la passivité des cismecs sorte du cadre individuel pour intégrer le cadre sociétal. La passivité masculine, c’est un « grand classique » et quand on reproche à nos partenaires leurs penchants mous (sans mauvais jeu de mots, ou peut-être que si, qui sait ?) ils nous accusent « nous les meufs » de les brimer en n’étant de toute façon jamais satisfaites de leurs propositions, etc.
Bien entendu, quand nous décidons de leur laisser l’espace nécessaire pour exprimer leur créativité, celle-ci s’exprime bel et bien, mais pas de la façon que nous espérions : ils l’utilisent juste pour trouver des excuses fantasques qui justifieraient le fait que non, même quand ils en ont la possibilité, ils ne prennent toujours pas d’initiatives.
Je me demande vraiment comment notre société a pu devenir aussi patriarcale, quand on voit le baobab mental géant que certains (beaucoup) ont dans la main. Bref, ce que je te raconte ne fait pas avancer le schmilblick, MAIS te permet de constater que tu es probablement loin d’être la seule à rencontrer cette problématique.
Du calme ! Je sais bien qu’il y a des cismecs qui ne sont pas passifs et que fort heureusement, le couple hétéro évolue. Mais suffisamment lentement pour que je puisse encore me permettre de faire ce genre de généralités en sachant pertinemment que de nombreuses lectrices hocheront la tête en se disant que je n’ai pas complètement tort.
Mais d’où vient cette passivité ?
Je suis désolée d’avance pour ce paragraphe qui va impliquer que tu te tapes encore toute la charge émotionnelle. Sache que tu n’y es pas obligée et que tu peux directement passer à la section suivante.
Tout d’abord, j’ai quelques questions à lui poser, par ton biais, puisque lui n’a évidemment pas pris la peine de me contacter :
- Est-il comme ça depuis le début de votre relation ?
- Comment / pourquoi justifie-t-il cela ?
- Pourquoi parvient-il à faire preuve d’initiative avec les autres ?
Quand on est soulée, on a tendance à être agressive, ou à lancer des pics, du coup, il est très facile pour la personne en face de faire semblant de ne pas comprendre l’allusion ou de se braquer sur la forme pour ignorer le fond.
Pose-lui ces questions clairement, mais tout en douceur et bienveillance (je t’avais dit que ce paragraphe serait pénible). S’il ne te répond toujours pas, ça te permettra de réaliser que tout ce temps où tu pensais sortir avec un être humain, tu étais en fait en couple avec un phasme. La ressemblance est souvent frappante et tu ne seras pas la première à t’être fait avoir.
Tu mentionnes également la thérapie de couple. Le bon point c’est que normalement votre thérapeute sait comment débloquer ce genre de situation et lui permettre d’exprimer ses blocages et les raisons de sa passivité. Donne-lui encore quelques séances pour s’exprimer et possiblement faire des efforts. Mais, une fois ce laps de temps écoulé, as-tu envie de rester avec un mec qui n’a pas l’air disposé à faire le moindre effort et qui n’a même pas l’air d’en avoir quelque chose à carrer que tu le quittes ? Et qui, OSERAIS-JE LE DIRE, MAIS OUI, serait potentiellement soulagé / satisfait que votre relation s’arrête ? Cette question est purement rhétorique, évidemment.
Mais pourquoi tu l’aimes au fait (cette question, elle, n’est pas rhétorique) ?
Forcément, quand je lis ton courrier, je te le dis franchement, je me demande ce que tu fous avec ce type, qui ne te donne pas ce qu’il donne aux autres et que même une menace de rupture ne fait pas bouger d’une oreille. Cela dit, je me doute que tu as fait court et qu’il y a probablement plein de raisons qui font que tu le kiffes et que le quitter te ferait bien mal là où je pense.
Que son comportement soit intentionnel ou non, toi, tu n’es pas heureuse et rien que pour ça, tu n’en demandes pas trop, car on a le droit d’être heureux dans la vie selon ses propres termes. On n’est pas venus là pour souffrir okay ?
Certaines personnes s’en tamponneraient le coquillard de tout gérer, d’autres se seraient barrées depuis belle lurette. Mais toi ? Une chose est sûre : la vie est trop courte pour se satisfaire d’une relation bancale où l’on se sent prise pour un jambon.
Alors, si votre thérapie de couple ne provoque toujours pas de déclic chez lui, tu as deux solutions :
- Accepter d’être celle qui insuffle, quitte à insuffler sans lui et faire ta vie de ton côté pendant que lui reste dans le canapé à faire des bulles avec sa salive. En bref, tu peux considérer que votre relation t’apporte suffisamment sur d’autres aspects pour accepter ce trait de caractère.
- Partir pour de bon, parce qu’effectivement, si son attitude te blesse à ce point, c’est que vous n’êtes peut-être pas faits pour être ensemble. Ça fait mal c’est vrai, mais passé le stade de la douleur, la vie cool dénuée de frustration et de colère vaut souvent le coup. D’ailleurs, pour finir ce courrier, je me permets de te rappeler que le monde est rempli d’humains et que dans le lot, il y en aura forcément quelques-uns qui seront 1) super sympa et 2) qui ne seront pas inertes. Au pire (ou au mieux) le célibat, c’est cool aussi.
Je te laisse, je dois aller faire la sieste,
Des bisettes,
Ta daronne
Crédit photo image de une : TITOVA ILONA
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