La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés d’une louche d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
Chère Daronne,
depuis un an, mon mari a un nouveau boulot qui le mène à s’absenter souvent, parfois plusieurs semaines d’affilée. Au début, je pensais que ça allait être difficile, mais en fait je m’habitue tellement bien à son absence que quand il revient, il me gonfle. Help, j’ai peur de ce que ça pourrait vouloir dire !
Rebecca
La réponse de la Daronne
Mon petit raton laveur,
Sous prétexte qu’à la préhistoire, il valait mieux être en groupe plutôt que seul pour se débarrasser d’un T-Rex géant, on prête à l’humain un instinct grégaire et social. Sans compter ce truc d’enfants selon lequel on ne peut pas tout faire tout seul. On n’est jamais trop de deux pour se défendre quand on se fait attaquer par un tigre à dents de sabre.
Tout ça aurait développé notre besoin de vivre à plusieurs. Permets-moi de douter. Non seulement même en se mettant à deux et demi contre un tigre préhistorique, le tigre, il gagne, mais en plus, à mon avis, ça s’embrouillait déjà sévère dans les grottes de jadis.
Monsieur le chasseur-cueilleur rentrait de la chasse bredouille – soi-disant qu’il avait cherché toute la journée, mais son haleine puant la myrtille sauvage frelatée ne trompait personne – collait son gros derrière poilu sur la pierre la plus confortable de l’abri et passait sa soirée à fixer des ombres sur le mur en se grattant l’entrejambe.
Pendant ce temps-là, Madame Cromagnon – qui avait aussi passé la journée à chasser et cueillir et qui avait dégoté un opossum dodu et des fraises des bois pour le dîner – frottait ses deux silex en soupirant.
La cohabitation amoureuse, c’est en vérité très surfait, d’autant plus qu’aujourd’hui, les chances de voir un T-Rex débarquer devant sa grotte sont proches de zéro. À l’époque aussi tu me diras, mais ce n’est pas le sujet.
Nous sommes conditionnés pour chercher la présence de nos pairs, une histoire de cerveau archaïque, paraît-il. Cela dit, je comprends qu’après des années d’équilibre conjugal, tu sois troublée par ce revirement de situation et je vais donc tâcher de te répondre autre chose que « Nan, mais normal que ça te soûle, la vie à deux, c’est insup’ ».
Se réhabituer à la présence de l’autre, c’est pénible
Tu penses que tout va bien, que tu es faite pour la vie conjugale, ses petits compromis et ses petits inconvénients. Jusqu’au jour où tu te rends compte qu’autre chose est possible : une vie en solitaire, sans PERSONNE pour réquisitionner la télé alors que tu avais prévu de mater DALS, pour vouloir manger des brocolis et pour siffloter dans ton dos pendant que tu essaies de répondre au courrier des lecteurs de Madmoizelle (tout rapport avec une situation se déroulant actuellement serait purement fortuit.). C’est le pied absolu.
Mais voilà qu’il rentre et que soudain, tu ne peux plus mener ta barque comme tu en as envie : tu manges à une heure qui vous convient plus ou moins à tous les deux, c’est-à-dire qui n’arrange personne, quand tu sors, tu rentres trop tôt et tu t’obliges à ramasser les culottes sales qui traînent sur le canapé.
La vie à deux est faite de concessions (bonjour, j’aime enfoncer les portes ouvertes) et un temps d’adaptation renouvelable après chaque absence prolongée est souvent nécessaire pour se sentir à l’aise de nouveau. C’est parfaitement normal. Cela dit, si au bout de quelques jours le quotidien continue de te sortir par le nez, c’est le moment d’en glisser deux mots à ton Jules.
Faire ce qu’il faut pour régler les conflits
Mon petit camembert, il est temps de lister tous les trucs relous qui t’insupportent dans votre ménage. Et plus difficile, de lui demander de faire la même chose. Ça va gueuler, je te préviens, ça va faire mal à la tronche parce que personne n’aime s’entendre dire ses 4 vérités. Sauf si elles sont positives, mais soyons honnêtes, c’est rarement le cas.
Cette liste va te permettre de mettre le doigt sur ce qui cloche et éventuellement le résoudre. En couchant sur le papier tout ce qui déconne au quotidien et en acceptant de travailler ensemble (après vous être écharpés comme des poissonniers, vous n’y couperez pas), vous pourrez changer ces habitudes et comportements mutuels qui vous pèsent et repartir sur des bases saines qui te donneront envie de lui sauter dans les bras dès qu’il revient de voyage, ou en tous cas deux ou trois jours après son retour. Il ne faut pas rêver non plus.
Si ta source de frustration première, c’est de devoir « t’ajuster aux besoins d’un autre », quels que soient ces besoins, et qui que soit cet autre, tu n’es peut-être simplement pas faite pour la vie à deux. Comme beaucoup, BEAUCOUP de gens, même si peu osent encore se l’avouer. S’aimer longtemps, et même toute la vie sans vivre sous le même toit, c’est possible. Ce n’est pas facile à assumer, mais les mœurs changent (doucement), alors ça se tente.
Et puis bien sûr, il y a le risque que tu réalises que votre relation touche à sa fin. Même si ça fait mal, il vaut toujours mieux se tirer d’une histoire qui ne nous rend pas heureux et reprendre la route sur le chemin de son bonheur.
Sur cette belle phrase poétique, je te laisse, mon Daron me demande de débarrasser mes tasses de café vides qui trônent depuis 3 jours sur la table basse. Il est relouuuu j’te jure.
La bisette,
Ta Daronne
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Image en une : Ayo Ogunseinde/Unsplash
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