Oui, je sais, c’est moche de se poser ce genre de dilemme, mais en même temps, quand vous regardez la chair de votre chair hurler et s’allonger sur le sol crade d’un hypermarché parce que vous avez refusé de lui acheter une mini batterie avec « effets sonores garantis », ou que vous le voyez essayer de s’enfoncer tous ses feutres dans la narine droite, vous avez de quoi vous interroger.
Avez-vous mis au monde l’enfant du diable en personne ? Avez-vous foiré son éducation quelque part ? Ou alors, est-ce qu’il ne serait pas juste très con ?
On va essayer de démêler tout ça en faisant des petites mises en situation dans lesquelles vous vous retrouverez peut-être. Ça vous aidera à trancher une bonne fois pour toutes.
Son but dans la vie : vous foutre la honte
La bienséance est un concept qui lui est complètement étranger, et il adore vous poser les pires questions dans les pires moments, devant les pires personnes.
Quel parent n’a pas déjà eu envie de disparaître dans les tréfonds de la Terre parce que son môme avait demandé en criant, de manière totalement audible, dans la file d’attente de la boulangerie bondée, qui « venait de péter ? »
Qui ne s’est jamais tapé une bonne grosse honte quand il a entendu son enfant, dans le bus plein à craquer, demander innocemment « pourquoi le monsieur assis à côté de lui sentait le caca de chien ? »
Qui n’a jamais eu envie de sauter du train en marche parce que son enfant avait passé l’intégralité du Paris-Nice à hurler parce qu’il en avait marre d’être « dans un train qui roule » alors qu’il préférerait « un train qui vole » ? (Quand on vous dit que faire des enfants, c’est une aberration écologique…)
Que les parents qui n’ont jamais eu à se taper la honte intergalactique de leur vie en ayant l’audace d’enfanter un être sans filtre lèvent la main et filent leurs tips, je suis curieuse.
Pour les autres, ceux qui sont régulièrement pénétrés par les regards noirs des passants dans la rue ou des autres clients des magasins : vous n’êtes pas seuls.
Votre gamin n’est pas un con pour autant, il lui manque juste encore quelques notions de bienséance et de politesse que vous vous ferez une joie de lui expliquer à chaque fois que vous serez confrontée à ces situations, le tout sous les regards accusateurs et moralisateurs de ceux qui vous jugent, ayant vraisemblablement oublié qu’ils avaient été également des enfants ou pire, qu’ils en avaient eu, même si c’était il y a 67 ans. On vous voit les boomers.
Il vous parle mal
Jean-Cyprien n’a pas la langue dans sa poche, le pays tout entier en est bien conscient, vu qu’il semble incapable de garder ses lèvres supérieures et inférieures collées.
Bon, qu’il vous foute la honte devant d’autres adultes en posant des questions honteuses, passe encore. Mais lorsqu’il utilise la carte ultime de « l’insolence », vous remettez en doute toute, mais alors TOUTE l’éducation que vous lui inculquez depuis qu’il a poussé son premier cri.
Par exemple, quand vous répondez à la négative à sa question « est-ce que je peux mettre ce morceau de fromage dans l’anus du chat » (le tout formulé plus ou moins nettement en fonction de son âge et de ses capacités), et qu’il se transforme en sosie effrayant de Regan MacNeil dans l’exorciste (le vomi vert en moins) parce que vous avez osé dire que c’était pas la meilleure des idées, vous vous demandez franchement ce que vous avez loupé, ce qui a merdé, quand et pourquoi.
C’est ça les parents, ça se flagelle. Alors qu’en vrai, peut-être que son comportement n’a rien à voir avec son éducation, c’est peut-être juste que Pierre-Mireille est un con, tout simplement.
Mais en vrai, l’explication la plus simple, logique et bienveillante, c’est que votre précieux petit chérubin, qui a la faculté de changer de couleur de peau en moins de 10 secondes (violet inclus), a beaucoup de mal à gérer la frustration et le mot “non”.
Pourquoi ? Tout dépend de son âge. À partir de deux ans (ou trois, si vous avez la chance d’avoir un peu de rab), l’enfant a besoin de s’opposer pour devenir autonome.
C’est relou pour les parents, mais c’est très important pour lui, pour sa construction, parce qu’il comprend enfin qu’il est une personne à part entière, et non plus juste une extension de ceux qui l’élèvent.
Alors oui, c’est fatiguant. Vous avez l’impression qu’il fait tout pour compliquer la vie de tout le monde, qu’il remet tout ce que vous dites en question, qu’il n’est jamais d’accord et fait perdre beaucoup de temps dans les moments où justement vous en manquez, mais c’est normal. Il n’est pas con, il réalise qu’il existe. Dingue, non ?
Il est odieux avec les autres enfants
Vous avez un peu l’impression parfois que ce que vous avez mis au monde est totalement inadapté socialement.
Avec les adultes, il se comporte comme un rustre, et avec les autres enfants, c’est encore pire. Marie-Loana serait-elle en vrai une parfaite petite peste ? La question se pose, quand vous la voyez tirer et manger (oui) les cheveux de ses semblables. Le tout en se marrant, la fourbe.
Que faire dans ces situations ? Devez-vous utiliser votre bon de retour à la maternité et demander, en échange, un enfant qui aime son prochain et ne désire pas détruire tout ce qu’il touche ? Devez-vous faire l’autruche, et ne pas voir que ce que vous avez mis au monde est un danger pour le monde qui l’entoure ? La tentation est grande, c’est vrai.
Parce que le fait que votre petite Kimberly ne soit pas la personne la plus cool pour les autres enfants est une chose, mais ce n’est pas tout.
En plus de ça, elle n’est pas franchement non plus l’élue du cœur des adultes qu’elle côtoie, soit parce qu’ils sont les parents d’un des enfants torturés par la vôtre et qu’ils se retiennent très fort de la dénoncer au GIGN, soit parce qu’ils se retrouvent face à un mini-être humain qui semble détester tout ce qu’ils sont, alors qu’ils estiment être des gens sympa.
Personne n’aime le rejet, et personne n’aime être rejeté par un enfant qui est censé aimer tout le monde, vu qu’il vient de débarquer dans le game de la vie et des relations sociales.
Alors oui ok, mais on fait quoi quand on a accouché d’un enfant un peu violent et qui ne semble pas apprécier grand monde ?
Pour la violence, il paraît qu’il faut rabâcher, rabâcher et rabâcher encore que ce n’est pas une chose à faire. Si vous vous sentez dépassée et que ça prend des proportions qui vous semblent dangereuses pour votre môme ou les autres, vous pouvez aussi consulter un professionnel qui pourra vous filer quelques tips et l’aider à comprendre d’où vient cette colère.
Pour la partie “mon gamin ne semble pas aimer son prochain”, essayez d’analyser un peu le contexte. Qui sont les gens qu’il n’aime pas ? N’y a-t-il aucune bonne raison à cela ?
Est-ce que Sophie-Karen n’est-elle pas en fait une grande timide qui a peur des inconnus ? N’y a-t-il un petit boulot à faire pour l’aider à ne pas être si effrayée par les autres ? La peur entraîne la violence, est-ce qu’il n’y aurait pas quelque chose à creuser de ce côté-là ?
Encore une fois, si vous vous sentez dépassée ou que vous avez la sensation de ne pas avoir les armes ou les mots pour l’aider, il y a des pros pour ça, des gens qui connaissent le sujet, qui pourront vous aider à creuser dans les origines de son comportement.
Si ça se trouve, il est simplement de droite
Votre enfant refuse de partager ses jouets avec ses semblables ? Il pense que le monde ne tourne qu’autour de lui ? Il n’aime pas les étrangers ? Il adore défendre son territoire ? Ne paniquez pas, ça ne veut pas forcément dire qu’il est fan de François Fillon ou qu’il veut nettoyer les cités au Kärcher. Tout n’est pas encore foutu, rassurez-vous.
Vous avez encore le temps de lui apprendre comment marche le monde, à votre gosse : son âge se compte encore en mois et il n’a même pas encore de carte électorale.
Par contre s’il se moque des plus faibles, s’il pense qu’aller à La Baule est la meilleure idée pour les vacances, qu’il possède déjà une Rolex et qu’il demande systématiquement à ses copains ce que font leurs parents comme métier, vous pouvez vous t’inquiéter.
Bon, un tout petit peu de sérieux pour finir : il est légitime de s’inquiéter du développement de son enfant, donc si vous avez quand même l’impression qu’il a « un souci quelque part », n’hésitez pas à consulter : au mieux ça vous rassurera, au « pire » ça vous permettra d’avancer en connaissance de cause.
Et puis, si votre enfant est un peu con, c’est pas grave. Il y en a des sympa, des cons. Des très sympa, même. Ça pourrait être pire : il pourrait être royaliste.
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Les Commentaires
D'autant plus que la bise, ce n'est plus aussi fréquent qu'avant depuis le covid donc vraiment, ce n'est pas grave si un enfant ne veut pas, tant qu'il dit bien bonjour.