J’ai 30 ans, et comme pas mal de femmes, j’ai déjà testé beaucoup de trucs niveau contraception. Après plusieurs galères de pilules oubliées, j’ai fini par adopter le patch contraceptif : je ne dois y penser qu’une fois par semaine, avec une latitude de plusieurs heures et je le supporte très bien.
Et puis un jour, j’ai décidé d’avoir un enfant et j’ai arrêté les hormones pendant plus d’un an, le temps de fabriquer une petite mouflette.
Quelle contraception choisir après un accouchement ?
J’avais accouché depuis moins de 24h qu’on me parlait déjà de contraception. J’avais à peu près autant envie de faire des galipettes que de serrer la main d’Éric Zemmour, mais le médecin voulait absolument me refourguer une ordonnance pour une pilule microdosée.
Sauf que la pilule, j’ai déjà donné. Je suis incapable de me rappeler de la prendre à heure fixe, même avec une alarme sur mon portable. Hélas, mon ami le patch n’est pas compatible avec l’allaitement… et justement, allaiter, ça me tient à cœur.
Je décide donc de ne rien décider pour l’instant, et on se contente du meilleur contraceptif qui soit : être explosés de fatigue.
Quand nos paupières commencent à tenir seules sans allumettes, on tente de repasser un peu aux préservatifs, mais ce n’est pas l’extase. Déjà que j’ai du mal à réapprivoiser mon corps et mon sexe post-accouchement, là, avec la logistique que représente le préservatif, ça casse encore plus mon mood. Alors, au bout de 7 mois, je retourne voir la sage-femme libérale qui me suit pour discuter des options de contraception qui s’offrent à moi.
À ce moment-là, mon allaitement se passe bien, et ma fille a commencé en parallèle à dévorer des purées et compotes avec un appétit de dingue. Les tétées s’espacent donc un peu, mais je me vois bien continuer à lui donner le sein aussi longtemps qu’elle le souhaitera.
Le DIU au cuivre ? « C’est génial, c’est na-tu-rel »
Ma sage-femme me dit que j’ai quatre options :
- Prendre une pilule microdosée (nope)
- Continuer avec les préservatifs (bof)
- Mettre un implant (faut voir)
- Mettre un Dispositif Intra-utérin (DIU) aussi connu sous le nom de « stérilet »
Elle m’explique un peu les avantages des deux dernières options et insiste sur le côté « naturel » — puisque sans hormones — du DIU au cuivre. Je sais que pas mal de femmes dans mon entourage en sont très satisfaites, alors pourquoi pas… Je demande quand même s’il y a des risques ou des inconvénients.
Elle m’explique que la pose peut être un peu douloureuse « comme un pincement » (mdr), et que si j’ai des règles abondantes, le « stérilet » peut aggraver cela. Elle ajoute que dans de rares cas, le DIU peut être expulsé et qu’on le retrouve alors dans sa culotte ou aux toilettes.
« Il y a aussi des cas de perforation utérine, mais c’est vraiment très rare, en dix ans de carrière, ça ne m’est jamais arrivé. »
Allez, banco. Moi aussi je veux renouer avec mon cycle naturel et cultiver mon féminin sacré (non).
Le jour de la pose, j’ai beau avoir pris un Spasfon, je manque de m’évanouir à cause de la douleur. Je demande à ma sage-femme si c’est normal, et elle me dit que j’étais probablement un peu tendue, mais me prescrit quand même une écho de contrôle deux semaines plus tard pour vérifier que le DIU est bien placé dans l’utérus.
Alerte générale : mon « stérilet » a disparu !
À l’écho (programmée le jour de mes 30 ans, parce que visiblement, j’aime me faire du mal), la sage-femme panique. Impossible de retrouver le « stérilet » dans mon utérus.
Elle me demande si j’ai eu mal après la pose — « non, pas trop » — et tente de me rassurer en me disant que j’ai dû expulser le DIU sans m’en rendre compte. Elle m’envoie quand même faire des radios en me disant : si on ne le voit pas à la radio, c’est qu’il est parti dans les couloirs du temps
toilettes. Sinon, il faudra opérer pour aller le chercher.
Pas de bol, mon « stérilet » est bien visible à la radio, un peu décalé sur la gauche. À ce stade de l’histoire, je n’en mène pas large ! Après « Martine accouche par temps de Covid », je vais avoir le droit à « Martine se fait opérer par temps de Covid »…
Je réussis à choper un rendez-vous chez une chirurgienne susceptible de m’opérer dans l’hôpital près de chez moi. Elle me confirme que mon DIU a perforé mon utérus, probablement lors de la pose. Elle me dit que c’est très rare, mais que ça arrive — Bref, que je n’ai pas eu de chance.
« L’une des complications les plus graves [pour le DIU] est le risque de perforation utérine, dont la prévalence dans la littérature est de 1 pour 1000 à 10.000 poses. Parfois, la perforation est asymptomatique (30% des cas), mais elle peut se compliquer d’adhérences (dans 66% des cas) avec un risque de stérilité, de perforation intestinale, d’occlusion intestinale, d’abcès ou de péritonite (dans 11% des cas).
Suite à cette perforation, il est envisageable que la patiente éprouve des difficultés d’ordre psychologique et qu‘elle refuse la pose d’un nouveau DIU qui est l’un des moyens contraceptifs à long terme le plus efficace et le moins cher avec un taux de grossesse par an de 0,1% pour le Lévonorgestrel et 0,8% pour le DIU au cuivre. »
Une opération pour retirer un DIU après une perforation utérine
Je vous passe les détails de la période préopératoire, mais sachez que j’ai dû attendre deux longues semaines avant de pouvoir être opérée : avec le Covid, le service de gynéco de l’hôpital n’a accès au bloc que le lundi, et mon cas n’était pas prioritaire.
L’opération est une cœlioscopie sous anesthésie générale. On n’ouvre pas mon ventre en entier ; on se contente de me faire de petites incisions par lesquelles la chirurgienne introduit une caméra et des outils, ainsi que du gaz pour le distendre afin qu’on puisse y voir quelque chose là-dedans.
En une heure, c’est plié et je me retrouve en salle de réveil dans le coltar. La chirurgienne m’explique que le DIU a bien perforé mon utérus, puis qu’il est allé se planquer dans le tablier graisseux qui protège mes viscères et porte un nom de Pokémon : l’épiploon. Ils ont dû l’exfiltrer en me retirant un petit bout de graisse — mais ce n’est pas grave, il ne me manquera pas.
Perforation utérine avec un « stérilet » : les suites opératoires
Covid oblige, l’opération s’est faite en ambulatoire, pour que je reste le moins de temps possible à l’hôpital. Je rentre donc chez moi dans l’aprèm’ et j’ai beau être blindée d’antidouleurs, j’ai très mal. Le moindre mouvement est douloureux, et je suis bien incapable de m’occuper de ma fille.
Voilà comment la chirurgienne m’avait vendu la période post-opératoire :
« Ça sera un peu douloureux. Vous ressentirez comme des courbatures dans les épaules, à cause du gaz qui met du temps à quitter votre corps et qui peut comprimer des nerfs ».
Courbatures dans les épaules, really ? J’ai passé une semaine sans pouvoir bouger et juste respirer me faisait mal ! Quand je devais passer de la position assise à allongée, je pleurais de douleur…
Dans ces conditions, impossible bien sûr d’allaiter ma fille ou de tirer mon lait. Et si elle a accepté assez facilement de boire des biberons de lait infantile avec son père (ouf !), j’ai rapidement compris que cette semaine d’interruption allait signer la fin de mon allaitement. Après une semaine d’arrêt, je n’ai eu ni le courage ni la force de galérer avec ma fille pour relancer ma production de lait qui avait bien diminué par rapport à ses besoins.
Je l’ai allaitée encore quelques fois par-ci par-là, en complétant avec des biberons et puis ça s’est définitivement arrêté. Un matin, elle a pleuré jusqu’à ce que son père lui enfourne un biberon dans le bec, malgré le sein que je lui proposais. Le comble : j’avais décidé de me faire poser un « stérilet » pour pouvoir poursuivre mon allaitement longtemps tout en ayant une contraception fiable, et c’est cette décision qui a précipité la fin de mon allaitement…
Allaiter augmente le risque de perforation utérine avec un DIU
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais en lisant un avis de la Haute Autorité de Santé datant de 2013 (c’est pas un hobby, c’est mon boulot) je découvre que l’allaitement augmente le risque de perforation utérine.
Une info que personne n’avait jugé bon de me donner.
Peut-être que ma sage-femme ignorait ce facteur de risque et peut-être que j’aurais quand même décidé de me faire poser un « stérilet » en le sachant, mais depuis que j’ai appris ça, je suis en colère.
En colère de voir que j’ai beau être très informée sur la contraception, je ne suis pas parvenue à trouver une solution qui me convienne. Dépitée de constater que les pros de santé bienveillants comme ma sage-femme peuvent malgré tout omettre de nous communiquer toutes les infos concernant notre corps. Et enfin, furieuse de savoir que la contraception masculine progresse à la vitesse d’un escargot.
J’en ai ras-le-bol de porter cette charge contraceptive qui m’a valu une semaine de douleur et pas mal d’inquiétudes, et fatiguée d’avance de devoir repartir avec mon petit bâton de pèlerine pour trouver la contraception qui me convienne, jusqu’à ce la vasectomie soit notre solution définitive. Vivement !
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