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Amours

Mon couple « parfait »… selon les autres — Témoignage

Un couple parfait, c’est possible, mais au prix de sacrifices… Nathalie a rencontré son mari à 16 ans, et elle en a assez que les gens idéalisent leur couple. Une relation longue, c’est avant tout beaucoup de travail !

— Article initialement publié le 18 décembre 2014

Je vis une relation que beaucoup décrivent comme parfaite, idyllique. J’ai un couple parfait, et quelle chance ! Je l’ai trouvé à seize ans, en plus.

Personnellement, je me sens plutôt insultée par cette vision des choses. Par ignorance sans doute, la plupart des gens occultent la réalité d’une relation comme celle que je vis. Ils s’imaginent que tout s’est déroulé comme dans un film de princesse, que nous nous sommes vus, qu’au premier regard nous nous sommes aimés et que notre relation est née aussi forte qu’elle l’est aujourd’hui. Ils idéalisent mon couple, et rêvent d’avoir « la même chose » sans réaliser que j’ai activement travaillé à ce bonheur.

Quand je parle de mon couple parfait, la seule chose que ces gens entendent est « je l’ai rencontré à seize ans ». À partir de là, ils se construisent une image fort charmante, mais souvent complètement idéalisée de nos relations.

Je ne raconte jamais la suite de l’histoire, car je suis bien trop occupée à subir les « oh, c’est très mignon », « c’est vraiment romantique », « quelle chance ! » que mon commentaire ne manque jamais de susciter. Pour une fois qu’on ne me coupe pas la parole, je vais tenter de résumer rapidement les choses.

À lire aussi : Je suis en couple depuis… dix ans ! — Témoignage

Les débuts compliqués de mon un couple parfait

J’ai rencontré mon mari à l’âge de seize ans. Il en avait dix-huit. À cette époque de ma vie, j’allais très mal, et j’ai cru avoir trouvé une bouée de sauvetage. Malheureusement, il s’est vite lassé de me servir de canne et m’a quittée. La souffrance était telle qu’elle a eu l’effet d’un électrochoc ; j’avais besoin d’être soignée.

Je suis donc allée voir un psy, j’ai pris ma vie en main. Et il est revenu. Mais pas officiellement. Il avait énormément souffert de mon comportement (pathétique, il est vrai) lorsque nous sortions ensemble. C’est donc une relation clandestine que nous avons entreprise.

À mon tour, j’ai beaucoup souffert de cet état de fait. J’ai fini par accepter les avances d’un autre garçon qui voulait sortir avec moi. J’ai annoncé à mon copain que je comptais sortir avec X. Il m’a répondu qu’il ne me retiendrait pas.

Je suis sortie un soir avec ce garçon… et je savais que j’étais en train de faire la connerie de ma vie.

J’ai tenu une semaine après ce fiasco, puis j’ai tout avoué à celui qui allait devenir mon mari : c’était lui que j’aimais. Si j’avais tenté de partir, c’était parce que j’avais l’impression qu’il ne m’aimait pas, parce qu’il avait honte de moi.

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À ce moment-là, notre relation est redevenue officielle. Puis notre amour a grandi, s’est apaisé. La seule tension notable que notre couple parfait a connue a été lors de notre emménagement ensemble. Aujourd’hui j’ai 27 ans, et nous avons fêté nos cinq ans de mariage à l’automne dernier… nous nous sommes mariés jeunes, fous que nous sommes !

Vous me direz que toute mon histoire est plutôt mignonne. Qu’effectivement, les gens ont raison de m’envier. Je ne nie pas que je vis sans doute une très belle histoire d’amour. Mais cela n’implique pas qu’elle ne m’a pas fait souffrir par moment.

À lire aussi : Typologie des couples relous

Un mode de relation personnel à mon couple parfait

Vers l’âge de vingt ans, j’ai connu ma grande période de regrets. J’aimais toujours profondément mon copain, j’étais très heureuse avec lui. Nous vivions ensemble. Mais j’ai réalisé que je ne connaîtrai sans doute jamais d’autres hommes, au sens biblique du terme.

Ma sexualité était aussi épanouie qu’elle peut l’être à cet âge (c’est-à-dire pas énormément, mais je ne connaissais rien d’autre), mais j’avais envie de savoir ce que ça faisait de coucher avec un autre.

J’ai eu à cette époque un béguin très fort pour un ami. Je n’ai heureusement jamais rien fait. D’une part parce que je me doutais bien que cela n’en valait pas la peine ; d’autre part parce que le garçon en question aurait été profondément blessé par une relation basée uniquement sur ma curiosité. J’ai d’ailleurs fini par avouer à cet ami que j’avais eu un petit faible pour lui à un moment donné.

À cette époque, je me suis souvent dit que j’aurais aimé rencontrer mon mari plus tard, pour pouvoir un peu « profiter de la vie ». Mais ces idées n’étaient pas réellement les miennes. Elles m’étaient inspirées par mon entourage, par les livres, le cinéma… Et honnêtement, par mes hormones en folie.

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Dans The Affair, Helen et Noah sont ensembles depuis leur première année d’études… et monsieur commence à se dire qu’il a peut-être été un peu trop vite.

Très vite, j’ai réalisé que si j’avais rencontré mon mari plus tard, notre relation n’aurait sans doute pas aussi bien fonctionné. Pourquoi ? Parce que nous sommes devenus adultes ensemble. Comme deux arbres poussant côte à côte, nous avons entremêlé nos racines et nos branches. Nous sommes devenus les deux parties d’un tout. Nous avons construit ensemble ce couple si solide.

Évidemment, cette vision s’oppose très clairement à l’idée d’âme sœur, de « la bonne personne ». Je n’y crois personnellement pas. Ce concept aurait même plutôt tendance à m’horripiler ! Certains pourraient me dire que c’est très facile, vu que moi j’ai justement trouvé le bon… mais je ne suis pas d’accord.

À lire aussi : Hollywood nous ment — Les clichés nuls sur les couples

Un couple parfait, un travail quotidien

Mon mari est devenu mon compagnon idéal parce qu’il le voulait, parce qu’il a tout fait pour cela. De même, j’ai tout fait pour être l’amie, la compagne, l’amante parfaite à ses yeux. Nous avions évidemment des atomes crochus à la base, des intérêts communs, des caractères qui ne s’accordaient pas trop mal. Mais le travail que nous avons fourni est énorme.

Combien d’entre vous seraient prêt•es à avouer à leur moitié ses pensées les moins avouables ? Chaque béguin que j’ai eu, je l’ai avoué à mon mari. Chaque blessure qu’il m’a causée, volontairement ou non, je lui les ai faites remarquer. Avec peine, j’ai raconté chaque angoisse, chaque tourment. À son tour, il a pointé du doigt chacune de mes faiblesses, m’a raconté ses hontes, ses craintes. Nous avons souvent pleuré ensemble.

Je sais, c’est très beau de pouvoir tout se raconter. Mais c’est surtout un choix difficile, qu’il faut assumer quotidiennement. Avec le temps, tout dire devient la norme, et la moindre cachotterie met mal à l’aise. Mais cela reste parfois plus facile de se taire… pour un temps heureusement, car nous finissons toujours par tout déballer à l’autre.

Souvent, cela fait du bien, parfois, cela fait mal. Il y a des vérités douloureuses, toujours maintenant.

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Je réitère ma question. Combien seraient prêts à faire l’effort de tout dire, de ne rien cacher, de tout assumer ? Combien seraient prêts à s’exposer à l’autre dans toute sa laideur, sa petitesse ? À avouer systématiquement à l’autre qu’il fait chier ? Qu’on préférerait être seul un moment ? Ou au contraire, qu’on aurait vraiment besoin de compagnie ? Combien seraient prêts à sacrifier leur « jeunesse » pour construire un couple solide ?

À chacun-e sa relation

Je pense sincèrement que tout le monde n’est pas fait pour une relation comme la mienne. J’ai connu au lycée une fille dans ma situation. Elle me disait : « C’est l’homme avec lequel j’aimerais me marier et vieillir, mais ce n’est pas le genre de relation que je veux maintenant ». Elle a brisé son couple parfait pour un autre, plus « glamour », mais avec lequel elle a énormément souffert. Moi, j’ai fait le choix contraire.

Aucune de nous deux n’avait tort ou raison. Cette fille n’était simplement pas prête à faire tous ces efforts, ces choix, ces sacrifices, ce qui peut tout à fait se comprendre. Moi si. J’en récolte aujourd’hui les fruits.

Combien de personnes y sont prêtes ? Combien en ont vraiment envie ? J’aimerais qu’on arrête d’idéaliser mon couple pour nourrir ses fantasmes, et qu’on arrête de nier le travail qu’il demande.

Il n’y a pas de relation idéale, chacun•e doit trouver ce qui lui convient. Et même si je suis heureuse en amour, j’aimerais ne plus avoir à « lutter » pour pouvoir m’exprimer, face eux gens qui ne voient que le côté reluisant de la médaille.

À lire aussi : Typologie des couples relous

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Les Commentaires

101
Avatar de Destiel Mok´
8 octobre 2017 à 09h10
Destiel Mok´
Mais j'aimerais qu'on m'explique en quoi c'est chiant qu'on vous disent que vous êtes mignon? Vous êtes ensemble depuis le lycée et êtes mariés : de facto C'EST mignon. Je suis sûre que la plupart des gens ne nient pas la difficulté du truc, et si oui et bien on connaît les gens on sait que de toutes façons certains sont prompts à juger à l'emporte pièce...
Les gens "normaux" savent qu'un couple c'est du travail, qu'on ai rencontré son partenaire à 16 ans ou à 30.
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