Certains médias, à l’instar de M6 ou W9, font leur beurre des enquêtes sur le trafic de drogue, la prostitution et autres tensions raciales.
Nous, on vous propose une immersion plus soft au cœur des bénédictions pour animaux domestiques. Il en faut pour tous les goûts.
Faire bénir mon chat, une initiative de ma gardienne
Il y a quelques mois, je vous faisais état de ma relation pour le moins complexe avec ma gardienne, une sorte d’amour/haine des plus étranges qui de jour en jour se transforme en amour véritable, sans plus la moindre once de haine.
C’est vrai qu’au début j’ai un peu flippé, à force de la voir s’introduire chez moi pour réparer mes fenêtres sans me prévenir, prendre mon chat chez elle la moitié de la journée et crier sur mes invités sans raison apparente.
Et puis finalement, des règles très efficaces bien que tacites se sont installées entre nous, qui consistent essentiellement à COMMUNIQUER. Petit à petit, cette femme — charmante au demeurant quand on apprend à la connaître — s’est mise à respecter mon intimité, et elle est même devenue ma cat-sitteuse.
C’est bien simple : sitôt que je pars au travail, je lui descends mon chat, elle le garde, le cajole, le nourrit et je passe le chercher le soir en rentrant à la maison. Comme un môme quoi.
Il faut préciser que le bougre ne supporte pas la solitude, et vendrait sa mère pour rester chez la gardienne quelques heures supplémentaires par jour ! Parce que pour une raison qui m’échappe parfaitement, les deux sont les meilleurs amis du monde.
Pourtant, et au vu de la voix de stentor de la concierge, il est à peu près certain que le Maréchal (de son titre honorifique) a déjà dû perdre au moins 20% de son audition. Ce qui ne l’empêche pas d’être collé aux basques de sa mère de substitution — au point que je l’ai retrouvé lundi dernier au lit avec le mari de celle-ci, calé sur l’oreiller dans un câlin qui ferait pâlir d’envie les plus lubriques des libertins.
Rien d’étonnant alors, si l’on considère l’amour que le rez-de-chaussée porte à mon animal domestique, à ce que ma gardienne vienne me trouver la semaine dernière avec une idée que j’ai d’abord trouvé…. saugrenue.
La bénédiction de mon chat, pourquoi pas ?
Enfin l’idée en était déjà quasiment au stade de promesse, puisque plutôt que de demander, ma charmante cat-sitteuse m’a plutôt annoncé qu’elle comptait faire bénir mon chat.
Inutile de vous insurger en commentaires — les relations dépassent parfois le stade du bon sens et des règles préétablies ! Ma gardienne et moi en sommes là : parfois, elle m’impose ses idées étonnantes, et comme j’aime partir à l’aventure (et me marrer), je la suis volontiers.
Ainsi donc, ma très pieuse concierge m’a annoncé que le prêtre de l’immeuble d’en face (avec lequel toute la rue, je le découvrirai plus tard, semble être hyper pote) s’était porté volontaire pour bénir les animaux du quartier : chiens, chats, lapins et même poissons.
À cette assertion, j’ai d’abord répondu par la moquerie légère ; il est important de préciser que je suis le genre d’athée qui tient son athéisme pour pilier fondamental de son existence.
Et puis, bien consciente qu’une telle réaction était foutrement déplacée, surtout vis-à-vis de ma gardienne qui est une catholique convaincue, j’ai ravisé mon comportement. Et par charité, chrétienne ou non, j’ai accepté de lui faire plaisir.
Après tout, quel mal cela ferait-il au Maréchal ? Niveau éducation, j’ai déjà essayé la récompense, la réprimande, les stages chez le véto mais rien n’y fait : le gars est résolument turbulent.
Peut-être que le prêtre, même s’il ne s’agit pas de son objectif premier, pourrait glisser quelques prières au futur Dieu de mon chat, pour qu’il devienne un peu plus sage ?
J’ai donc dit oui. Un peu pour faire plaisir à ma cat-sitteuse, un peu pour que mon chat se fasse des copains lors de la bénédiction, et beaucoup par curiosité (bien placée, je vous rassure).
Une bénédiction d’animaux de compagnie, un lundi normal
D’abord, et parce que je ne connais RIEN au catholicisme, j’ai cru qu’on allait baptiser mon chat. Et puis, ma gardienne m’a expliqué qu’il ne s’agissait « que » d’une bénédiction, pour assurer la bienveillance divine sur le Maréchal.
Voilà qui m’a semblé être une intention saine et louable.
Lundi 4 octobre, à 19h30, j’ai donc été conviée sur le parvis de l’immeuble d’en face, où allait se tenir la cérémonie.
Première surprise : les prétendants à la bénédiction étaient NOMBREUX.
Moi qui m’attendais à ne voir que deux pauvres chiens en fin de carrière, je me suis retrouvée bien attrapée quand autour de moi ont aboyé quelques majestueux Scarlett, Rognon et Périph, ainsi qu’une multitude d’autres animaux ravis de s’ébrouer ensemble dans l’eau bénite !
Il est bon de préciser ici que mon chat est un animal prétentieux et ô combien vantard qui se prend pour le caïd du quartier, et trimballe ses petites fesses blanches sur toutes les fenêtres des voisins sans égard pour leur bon vouloir.
Le gars traîne dans la cage d’escalier H24 pour chiquer des mollets, miaule sur les passants, déterre les plantes de la résidence pour déféquer dedans en bonne et due forme, et harcèle la chienne du 3e — dont il est persuadé qu’il est l’ami alors que celle-ci ne lui a JAMAIS donné l’heure. Un mec, quoi.
Pour couronner le tout, il essaie de se faire la malle sitôt qu’une personne ouvre la porte cochère pour fureter dans les rues, ce à quoi je ne peux me résoudre, tenant malgré tout au Maréchal comme à la (belle) prunelle de mes yeux.
Vous l’aurez compris, le gars, dans sa tête, c’est Mesrine. Mais voilà qu’hier, moulé dans un harnais orné de papillons et tenu en laisse (pour faire vraiment 3 mètres jusqu’au parvis), le Maréchal a perdu toute street cred — allant même jusqu’à se coller à moi dans la rue, où il avait pourtant toujours rêvé d’aller !
Nous avons donc rejoint le troupeau de maîtres et maîtresses accompagnés de leurs animaux, et le Maréchal comme son harnais ont fait forte impression.
Le prêtre, dans sa belle toge blanche, était déjà là, et avait convié l’un de ses amis à mener la bénédiction avec lui. Ledit ami était accompagné de deux Loulou de Poméranie particulièrement dissipés, donnant tort à l’adage selon lequel ça n’est pas la petite bête qui mange la grosse. Parce que très clairement, les deux minus voulaient niaquer l’énorme beauceron qui, lui, ne désirait que lécher mon chat, lequel refusait poliment.
Plus le temps passait, plus le nombre de participants croissait, dans une ambiance franchement réjouissante qui m’a fait regretter mon aigreur de la première heure.
Mon chat dans les bras, j’étais fière de faire partie des maîtresses du quartier qui se soucient de leur animal au point de leur assurer la bienveillance divine. C’est sans une once de moquerie pour l’événement que j’ai finalement participé… au premier degré.
Le déroulé de la bénédiction de mon chat
Le prêtre nous a donc accueillis dans son habit de lumière ; nous nous sommes tous, maîtres et animaux, mis en cercle autour de lui.
Avec le propriétaire des odieux Loulou de Poméranie, ils ont entamé un chant donc je n’ai pas compris un traître mot — je suppose que c’était du latin — mais que tout le monde (j’étais donc la seule fausse chrétienne) a repris en chœur.
Moi, j’ai balbutié quelques syllabes toutes molles, la tête cachée dans mon chat, pour que personne ne me pointe du doigt et crie : « c’est une imposture ».
Ensuite, le prêtre a sorti un thermos à fleurs de cerisier en expliquant :
« Je vais bénir vos animaux un par un, plutôt que tous ensemble. »
Il a entamé un laïus et s’est mis à toucher du bout de ses doigts recouverts d’eau bénite la tête des animaux. Le Maréchal est passé en dernier et n’a pas moufté lorsqu’il a reçu sa bénédiction.
Des « merci mon père » ont plu un peu partout dans notre ronde joyeuse, et c’est avec le cœur plein de sourires que j’ai ramené avec moi le Maréchal, même si finalement il voulait rester dans la rue.
Si l’animal ne s’est pas fait le moindre copain, contrairement à ce que j’espérais — je m’imaginais promener mon chat de concert avec une vieille femme propriétaire d’un Saint-Bernard — il vit désormais sous la bienveillance d’une identité divine à laquelle je ne crois certes pas, mais dont j’ai compris la nécessité pour mes voisins, et surtout pour ma gardienne.
Ainsi, c’est débarrassée de tout a priori, et un peu moins moqueuse qu’une semaine plus tôt, que je me suis couchée avec un gars épuisé par les émotions de la soirée.
Béni soit-il, miskine.
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Crédit photo : Katarzyna Modrzejewska / Pexels
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