Camille Pouzol a trente ans, et c’est un événement en soi. Trente ans c’est un cap (un pic, un roc, que dis-je ! etc), c’est l’âge du premier bilan. Alors, en deux cent trente trois pages, cette journaliste à Elle retrace touche par touche son portrait. Pas d’autobiographie, mais une formule « dictionnaire ». Tout y passe : les fringues, les mecs, l’alcool, l’argent, la télévision, sur un style léger, propre aux magazines féminins et apparenté à cette nouvelle tendance du roman pour filles. Un style spontané qui permet d’imaginer son auteur assis sur votre canapé, là, vous racontant ses anecdotes un verre à la main.
Au travers de ces bavardes définitions, souvent assez pliantes, on croise aussi des réflexions transversales : la solitude, ce formatage qui nous fait toujours espérer le prince charmant, la difficulté de grandir et l’accepter, et puis les émotions, le vrai seul guide. Régulièrement invoqués, la bande d’amis, la cellule familiale et les personnages littéraires peuplent ce blog de papier.
Comme dans un blog, l’univers de l’auteur se met en place lentement. Comme dans un blog, on nous donne du léger pour ne pas cliquer ailleurs, mais y’a quand même du grave dedans – mais caché, écrire un livre sur soi n’empêche pas la pudeur. La vraie pudeur, qui fait qu’on tente de planquer ses émotions, ses angoisses sous un style oral, sans se prendre au sérieux.
Nul besoin, évidemment, d’avoir trente ans pour se plonger dans cet amas de souvenirs et d’opinions : bien plus qu’une image fragmentée d’une trentenaire-type (à supposer que le trentenaire-type existe), ce serait plutôt un témoignage personnel et quasi-anonyme (pour une fois, tiens), comme une discussion entre copines, digressions incluses.
– Mon âge, de Camille Pouzol : ça commence par Abrévations et ça finit par Zorro, c’est illustré par C.Zig et c’est Privé qui l’édite.
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bonne lecture !