Publié initialement le 23 décembre 2013
Dans l’idéal, il vaut mieux être en harmonie avec son corps. Il faut s’assumer, surmonter les petits tracas, apprendre à se connaître des doigts de pieds jusqu’au bout des fourches capillaires… C’est chaud. Surtout quand on voit à quel point le corps peut se la jouer goujat.
Tu as beau tenter de ne faire qu’un avec lui, il trouvera toujours des façons de te troller plus ou moins aimablement. Parfois, ton corps aime te foutre la honte, il s’éclate à se solidariser de ton cerveau. Ces instants précieux, c’est un peu comme une horde de Gremlins sous ton lit : ridicule ET terrifiant.
Peut-être crois-tu que tu es isolé-e dans cette lutte quasi-constante contre toi-même. Mais rassure-toi : celui qui n’a jamais été seul au moins une fois dans sa vie peut-il seulement aimer ? ne pourrait pas apprécier pleinement l’aide précieuse d’une main sur son épaule. Ça tombe bien, je suis là, et mon système vital n’est pas le dernier à me troller dans tous les sens.
À l’assaut.
Tout va bien, quand tout à coup… tu te mords la langue
Ton corps n’est pas seulement fourbe, il est aussi très con. Par exemple, ta langue a une chance sur trois de se jeter à corps salive perdue sous tes dents — qui sont, elles, entrain de se refermer avec vigueur. Du coup, alors que tu voulais simplement profiter de la fraîcheur d’un Mentos pêché au fond de ta poche, te voilà avec un goût de fer dans la bouche et un bout de langue en moins.
Pourquoi, alors que l’action est précise et simple, ton corps aurait-il soudain envie de te rappeler qu’il est là ? Parce que c’est un petit perfide — et qu’il a un penchant pour Jigsaw, peut-être…
Une morsure sur la langue est une des douleurs les plus chiantes du monde. Quand tu te coupes le petit doigt avec une feuille, tu crois à une démangeaison jusqu’au moment où tu vois l’étendue des dégâts (c’est un carnage, il va probablement falloir amputer). Là, le paroxysme de la douleur arrive direct. La sensation est cinglante, aiguë, locale. En d’autres termes, c’est une horreur.
S’ensuit la reconstruction de la langue, qui doit se remettre du trauma post-attaque. Ensuite, tu peux dire bonjour aux aphtes qui te font faire des grimaces de bonobo, à la nécrose, à la destruction buccale, puis à la mort. Voilà. Quelque chose à ajouter ?
Tout va bien, quand tout à coup… tu fais (presque) une crise cardiaque
Imagine : tu es tranquillou en train de dévorer la fin de Martine, Petite Maman/t’enjailler à une soirée en lançant des Pringles sur ton voisin/promener ton entre-cuisses au Pôle Nord quand tu sens que quelque chose ne se passe pas comme prévu.
Une douleur indéfinissable grandit du côté gauche de ton torse. Ta respiration se bloque, tu paniques. En même temps, tu as écouté en cours d’SVT, tu sais que ce qui est en train de défaillir : c’est ton coeur.
Alerte rouge, tu vas mourir dans six secondes. C’est horrible, tu te vois déjà appeler le SAMU ou les pompiers… Sérieusement, tu te sens vraiment mal. Tu ne peux plus bouger, et surtout, tu retiens ton souffle depuis plusieurs minutes. Une gouttelette de sueur perle entre tes seins, tes yeux fous contemplent le monde qui ne devrait plus tarder à s’écrouler.
« Jafar j’suis coincé »
Il faut retenir la beauté de cet instant, lancer un ultime regard à la photo de ton cochon d’Inde, retenue par quelques magnets sur un frigo que tu n’auras pas le temps de vider… Pourtant ton père t’a toujours dit qu’il fallait ouvrir le frigo avant de partir en vacances. Il va moisir. Tu vas moisir. Les mouches et les vers vont s’occuper de rogner tes os alors que personne ne pleurera ta mort. Car tu n’as rien eu le temps de faire de ton existence médiocre. Tu fermes les yeux, haletant comme un caniche. Et puis plus rien.
La douleur s’estompe peu à peu. Tu as survécu à ton infarctus de cinq secondes.
Et ton corps, ce gros enfoiré, il se marre bien.
Tout va bien, quand tout à coup… tu te rotes dans la bouche
Parfois, ton organisme te fait croire que tu vas mourir. C’est grave, mais il y a pire : il sait aussi te mettre dans une position d’embarras qui pourrait bien te donner envie de t’enfermer dans une grotte pour n’en sortir que durant le solstice d’hiver.
Il t’arrive de manger quelque chose de plus épicé que la moyenne ? De te jeter sur un gros plat de charcuterie ? De t’enfiler des steaks marinés au poivre ? Tu dois donc voir de quoi je parle quand je te dis « rot interne ».
Celui-ci n’a rien à voir avec son cousin s’exprimant après une injection de CO2 dans l’estomac, qui aime se faire remarquer à grands coups de vibrato plus ou moins intenses dans les graves. Le rot interne, lui, sait se faire plus discret encore que le pet soufflé. Il est vil, ingrat, il attend dans l’ombre. Mais quand il se manifeste, il passe rarement inaperçu.
Le rot interne est doté d’une arme qui peut repousser n’importe quel être vivant dans un rayon d’environ deux mètres : son odeur. Un mélange d’huile de friture, de condiments poussiéreux et de viande fumée. Bref, ça n’a plus grand-chose à voir avec ton super repas englouti quatre heures plus tôt.
Le problème, c’est qu’on ne peut pas le contrôler : quand il arrive, il est déjà trop tard. Rien ne sert de se laver les dents ou de piocher un chewing-gum. Ce fourbe a appris à faire fi de nos moyens de défense.
Lutter est inutile, il faut l’accepter quand il vient, et tenter de le faire le plus discret possible. Pour ce faire, je n’ai qu’une chose à te conseiller : l’accueillir, fermer la bouche, ne pas respirer. Promis, ça va bien se passer.
Après, tu peux la jouer comme ça aussi.
Tout va bien, quand tout à coup… tu as plein de courbatures
Quand ton corps a vraiment envie de te troller comme un twitto excité, il peut recourir à un moyen radical : les courbatures.
Les courbatures, c’est l’anémie du corps. C’est son moyen à lui de te dire « hé ho meuf, on s’calme là, faut pas pousser papy dans les orties, ton twerk tu peux te le mettre où je pense. Prends soin de ton dos, on est pas sur MTV ! »
Tout ça pour si peu.
Parfois, tu as envie de te sortir les doigts du troufignon. Les fêtes ne vont pas faire que du bien à ton lancé de booty, alors cette année, tu préfères prévoir le coup en pratiquant le Taekwondo de manière intensive pendant trois jours. Mais une fois les première vingt-quatre heures passées, tes jambes sont lourdes, tes abdos tirent, ta nuque aurait besoin d’une minerve en acier et tu as l’impression que même ton cuir chevelu est en train de te dire merde.
Toi, tu as peut-être très envie de te dépenser, mais ton corps, lui, a décidé de la jouer en mode YOLO.
C’est con, mais va pas dire que ça ne t’arrange pas, parfois (souvent). Sur ce, je retourne me faire masser dans les sièges de Nature & Découverte.
Tout va bien, quand tout à coup… ton ventre grince
Sur l’échelle du troll, le grincement de ventre se trouve au degré « drôle et chiant ». Certes, ça n’a pas réellement d’impact négatif sur ta santé (et ça ne repoussera pas ton entourage comme si tu avais marché dans un étron), mais c’est assez redondant pour te donner le teint d’une tomate-cerise, le temps que passe la tempête.
Il lui en arrive, des choses, à ton ventre. Parfois tu as faim, parfois tu as trop mangé, parfois tu digères, parfois tu ne digères pas du tout… Bref, ton estomac travaille dur pour que ton transit passe plus vite qu’une lettre à la Poste (encore heureux, tu me diras).
Du coup, tu as souvent droit à un petit désagrément plutôt relou : les lamentations de ton intérieur. Ton ventre décide soudainement de donner un concert et enchaîne trémolos et longs cris plaintifs plus ou moins aigus. C’est comme si une chorale un peu nulle avait poussé dans ton colon et s’en donnait à coeur joie.
C’est impossible à cacher ; tu auras beau te tordre dans tous les sens, les élucubrations ne cesseront de s’intensifier. Ensuite, si tu tends bien l’oreille, tu pourras peut-être entendre une toute autre mélodie…
Dans tous les cas, ta voisine risque bien de se fendre la poire.
Tout va bien, quand tout à coup… ta libido joue au yo-yo
Parfois, t’as envie de faire des galipettes, mais tu n’as pas pu te payer un Fairy ni mettre un bel éphèbe/une belle amazone entre tes draps. Tant pis pour ce soir.
Trois semaines plus tard, tout est prêt, l’oiseau est dans le nid, la confiture est sur la tartine, et tu es bien décidé-e à ce que Josée L’Obsédée ait une belle histoire à raconter. Sauf que ton corps, il s’en bat les steaks, et tu es aussi vive qu’un lardon post-cuisson.
Allez, salut.
Ton corps, ce bon gros troll : je t’avais prévenue. Mais bon, comme tu vas devoir te le farcir jusqu’à la fin de tes jours, je te conseille de t’y habituer. Allez, à trois vous faites la paix, ok ?
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