Si vous adorez la mode, vous avez peut-être remarqué un recul du body positive sur les podiums et campagnes de pub, et un retour à l’esthétique heroin chic, voire ketamine chic. Et rien de tel que des chiffres pour tenter de confirmer et quantifier une impression. C’est ce que vient de sortir Vogue Business concernant ce dernier fashion month, à savoir l’enchaînement des fashion weeks des plus grandes capitales occidentales de la mode (New York, Londres, Milan, puis Paris). Pour la saison printemps-été 2024 qui vient de défiler en septembre-octobre 2023, le média pro a remarqué a ainsi scruté à la loupe près de 10 000 looks, et les résultats s’avèrent particulièrement minces…
Fashion week printemps-été 2024 : 0,9 % de mannequins plus size
D’après le dernier size inclusivity report de Vogue Business, sur 9 584 looks répartis à travers 230 défilés et présentations à New York, Londres, Milan et Paris, seulement 0,9 % des mannequins étaient considérables comme plus size, c’est-à-dire au-delà d’une taille 46 française incluse (soit une taille 18 au Royaume-Uni ou 14 aux États-Unis), et 3,9 % des mannequins étaient de taille moyenne (mid-size) selon les critères du mannequinat (soit un 38 FR, 6 US ou 10 UK). Le reste des mannequins, 95,2 %, faisaient donc au maximum une taille 36 française. Cela vous semble déprimant ? Dites-vous que c’est déjà plus diversifié que lors du fashion month précédent, où 95,6% des looks étaient taille 36 ou moins…
Et c’est particulièrement grâce aux jeunes designers que ces pourcentages progressent vers davantage de diversité morphologique. En tête, les jeunes créatrices basées à Londres Chopova Lowena et Karoline Vitto grâce à leur défilé dont toutes les mannequins faisaient au moins une taille 38 ou plus. À noter que le simple fait que Ester Manas ne défile pas à Paris cette saison fait dégringoler la ville Lumière sur la question. Preuve s’il en fallait que les grands noms du luxe ne font que très peu d’efforts sur ce sujet (hormis Balenciaga, Ferragamo et Mugler qui mènent une remarquable percée), contrairement aux jeunes designers.
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Les Commentaires
Aujourd'hui, le mouvement a été galvaudé un peu partout : des personnes minces qui l'utilisent pour pointer leurs complexes aux personnes qui diabolisent carrément toute perte de poids ou action pour maigrir, peu importe la raison, peu importe la manière.
Il reste encore des gens qui utilisent le body positive pour apprendre à s'aimer, pour commencer à vivre - faire du sport, sortir, aller à la plage, à la piscine, manger en public, etc. Et c'est tant mieux. Mais il y a des personnes qui n'y arrivent pas, pour qui le «positive» devient une injonction de plus et c'est d'autant plus souffrant. C'est pourquoi certaines personnes se revendiquent maintenant de «body neutral». C'est à dire que même si tu n'arrives pas à voir ton corps comme étant une chose positive, tu peux potentiellement arrêter de le connoter négativement et seulement accepter que c'est un véhicule et comme tout véhicule, il faut en prendre soin. Ce qui peut amener à faire du sport et bien s'alimenter, et dans le cas où le poids ne change pas malgré ces efforts, tu ne te décourage pas, car ce n'est pas la raison pour laquelle tu prend soin de ton corps. C'est en quelques sortes de se détacher du côté superficiel lié au corps qui doit être «d'apparence saine» dans notre société plus qu'être réellement sain. Évidemment, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas se trouver beau si on est body neutral, on peut se trouver beau et avoir envie de s'habiller et se maquiller pour aimer ce qu'on va croiser dans le miroir ce jour-là, mais on a le droit de ne pas se trouver beau non-plus, que ce soit une journée ou plus. L'important c'est juste de se mettre dans un mode de pensée où ce n'est pas grave de ne pas être dans le positif et le forcer ne fera qu'amener plus de souffrance.
C'est pourquoi je pense que vouloir perdre du poids, ce n'est pas grossophobe. Ce que je comprends ce sont les commentaires ignorants sur la prise et la perte de poids qui le sont : ta tante qui pointe que tu t'es laissée aller et que c'est pas bien ou le collègue qui te félicite de ta perte de poids, alors que ni l'un ni l'autre ne connaissent ta vie et savent de quoi il en retourne. Mais si je connais une personne qui me parle de ses entraînements et de ses efforts sains pour perdre du poids et que je constate qu'elle en a perdu, je pense que je peux potentiellement la féliciter, car c'était un but qu'elle souhaitait atteindre. Autrement ça se passe de tout commentaire. Et à l'inverse, la prise de poids étant rarement volontaire et pas forcément signe de mauvaise santé, fermer sa gueule est toujours de mise.
Ne pas s'aimer grosse n'est pas exactement grossophobe non-plus. Exemple comparatif : je ne me suis jamais aimée avec des lunettes alors je me suis fait opérer au laser, est-ce que je suis personneàlunettophobe? Juger les autres personnes grosses parce qu'elles sont grosse, par contre, c'est grossophobe. Penser que parce qu'on permet aux personnes grosses de bien s'habiller ou qu'on accepte simplement leur existence dans l'espace médiatique, ça va encourager les gens à prendre du poids et devenir des grosses feignasses, c'est grossophobe. C'est oublier que le poids est multifactoriel et on suppose connaitre la raison du poids de ces gens, à savoir : la sédentarité et la mauvaise alimentation.