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Moi, moi et moi

Moi, mon sein gauche et mon sein droit…

… ou : petite leçon d’auto-acceptation à valeur universelle.

Le sein est un thème de discussion à la mode en ce moment sur Madmoizelle. Faut-il y voir l’influence grandissante du bikini dans nos vies durant les mois estivaux ou une simple coïncidence ? Tandis que les forums de madmoiZelle.com se font régulièrement l’écho de nos doutes et de nos petites paniques esthétiques, Nephtys nous propose un enrichissant petit voyage dans l’idéal mammaire à travers les âges.

De mon côté, ma petite leçon d’auto-acceptation à valeur universelle ne s’appuiera pas sur les canons de la beauté médiévale mais sur du vécu, en partant de l’exemple que je connais encore le mieux, le mien.

  • Nos seins, objets de détestation favoris

Il y a des tas de raisons pour lesquelles on n’aime pas nos seins. D’ailleurs, je connais peu de filles qui aiment vraiment leurs seins. En général, on a toujours quelque chose à leur reprocher. Quand on ressemble à Jane Birkin, on voudrait avoir ceux de Pamela Anderson (en vrais, bien évidemment) et vice-versa. Quand ils sont ronds, on les voudrait en poire, quand ils sont en poire, on les voudrait carrés et quand ils sont carrés, on préfèrerait ne pas en avoir du tout. Pourtant, ils sont bien utiles.

Moi, je suis plutôt du genre Sophia Loren. Le clan des Axelle Red bave déjà d’envie. Et pourtant, je t’assure que j’ai lutté pour me satisfaire de ce que Dame Nature avait choisi pour moi. Parce qu’une poitrine généreuse, ça donne plein de soucis plus ou moins importants (si si !).

Le premier souci, c’est qu’à 13 ou 14 ans, il est parfois un peu difficile d’être si évidemment sexualisée physiquement alors qu’on ne l’est pas forcément dans sa tête. Le corps précède l’esprit, et pourtant, c’est lui que les autres voient en premier, en particulier les garçons, qui développent au même âge un radar-à-seins aussi efficace que peu discret. On est regardée alors qu’on a juste envie de se cacher sous des grands pulls informes qui alourdissent la silhouette et font le désespoir de nos mamans coquettes. Pendant des années, il n’a pas été question que j’enfile un t-shirt plus décolleté qu’un Petit Bateau col rond. Ca ne dissimulait rien, mais ça me donnait l’impression d’être protégée. Quand certaines se bandent les seins pour qu’on les voie moins, d’autres remplissent leur soutif de mouchoirs. On serait pas un peu maso là ?

Le deuxième souci, c’est que toute Sophia Loren qu’on est, on n’a pas envie d’être aimée « pour ça », comme s’il était moins noble d’attirer les garçons par ses seins que par ses magnifiques yeux bleus (que je n’ai bien évidemment pas). A la clef, il y a toujours ce décalage entre le signal hyper-sexuel envoyé par notre poitrine et la réalité hypo-sexuée de notre moi profond. En 5ème, je faisais déjà du 85B, et le premier jour du printemps, quand je suis sortie dans la cour de récré avec un pull un peu moulant, 4 garçons m’ont demandé de sortir avec eux. Ils ne me connaissaient ni d’Eve ni d’Adam, mais deviner ma poitrine leur avait suffi. C’était la première fois que j’avais autant de succès, et pourtant, bizarrement, ça ne m’a pas plu. Pour les petis seins, le problème est ailleurs, mais tout aussi obsédant : « bouhouuuuuuuuuuuu, snif, bouhouuuuuuu, aucun garçon ne voudra jamais d’une planche à pain comme moi !!! ». La constante : les seins, ça complique drôlement les rapports avec les garçons (qui ne font d’aileurs rien pour nous faciliter la vie).

Le troisième souci, c’est que les gentils fabricants de vêtements n’ont pas encore compris que les adolescentes ne faisaient pas toutes exactement la même taille et n’avaient pas toutes exactement la même silhouette (de préférence celle de Mischa Barton, bien sûr). Tandis que les Axelle Red désespèrent de voir ces jolis décolletés bailler systématiquement, les Sophia Loren abandonnent très vite l’idée de pouvoir un jour fermer une veste ou un gilets. Trouver un soutien-gorge à la fois confortable, un peu sexy (mais pas trop), à la mode et à ma taille a relevé pendant des années du parcours du combattant. Chaque virée shopping était susceptible de virer au psychodrame.

  • La libération

Et puis un jour, j’ai fini par être contente de mes seins si imparfaits, que je voulais cacher à tout prix. Pour ça, il y a eu deux étapes décisives :

– j’ai fini par trouver une boutique qui, depuis, fait mon bonheur en lingerie. Je ne rentre même plus dans les boutiques Etam ou Darjeeling, parce que ça reste frustrant de regarder tous ces superbes soutien-gorges que je ne pourrai jamais porter et je me contente d’une razzia par an. Mais moi aussi, maintenant, j’ai des jolis ensembles de lingerie. Ca aide à s’aimer.

– un jour, un garçon avec qui j’étais tellement bien que je pensais même plus à cacher mes attributs féminins m’a dit que j’avais les plus beaux seins qu’il ait jamais vus. Il n’en avait sans doute pas vu beaucoup le pauvre, donc le compliment est à relativiser, mais l’intention y était. Ces quelques mots, dont je lui serai éternellement reconnaissante, m’ont libérée.

Là où mon histoire acquiert une portée universelle, c’est que je suis absolument certaine qu’il m’aurait dit exactement la même chose si j’avais eu des seins complètement différents. Tout simplement parce que c’était les miens et que j’avais fait la paix avec eux. Avec mon sein gauche et même avec mon sein droit, qui a pourtant l’idée étrange d’avoir un bonnet de plus que l’autre (en même temps, si on était vraiment symétrique, on aurait deux appendices, et ça serait drôlement embêtant de passer deux fois sur le billard pour cause d’appendicite…).

  • Nos seins, objets de fascination et de plaisir

Généralement, c’est ce dont on a le plus peur (le regard de l’Autre) qui au final nous rassure. Petits seins / gros seins, seins hauts perchés / seins tombants, petites auréoles / grandes auréoles, mamelons rentrés / mamelons protubérants, pour un garçon, un sein est un sein, et rien que ça, c’est déjà très bien, surtout s’ils sont deux (les seins hein, pas les garçons !).

A chaque fille sa poitrine, et à chaque poitrine ses soucis, ses angoisses et ses incertitudes. A moins que tu ne ressembles à l’Artémis polymastros d’Ephèse ou qu’il ne te pousse des seins dans le dos, sur les fesses ou sur les mollets, tu es normale, c’est-à-dire forcément différente des autres, et tes seins fascineront ton homme quelles que soient leur forme, leur couleur et leur taille. Une fois qu’on les a acceptés, il ne nous reste plus qu’à découvrir les multiples horizons sensoriels qu’ils ont à nous offrir. Parce qu’après avoir fait la paix avec ta poitrine, tu trouveras que non seulement tes seins sont beaux, mais qu’en plus, tu ne pourrais pas t’en passer !


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Les Commentaires

65
Avatar de Lady Dylan
31 juillet 2009 à 01h07
Lady Dylan
Moi aussi quand je faisais du 85D je ne les trouvais pas si gros, pour moi c'était normal, en fait... Du coup en maigrissant je trouve mon 85C presque petit, mais ça ne me déplait pas, et même ça m'arrange parce que dès qu'on fait du D ça commence à être la galère pour les soutifs et dès qu'on met des décolleté ça fait indécent (mais c'est vrai que quand j'étais en pull, j'avais l'impression de ne rien avoir). Là, ça me va, j'ai l'espoir qu'ils tombent moins en vieillissant et je peux mettre les vêtements que je veux.
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