Jane Austen n’a eu droit qu’à un succès timide de son vivant, du fait de son anonymat qu’il était primordial pour elle de conserver.
Ce n’est que plus tard qu’elle séduira les élites intellectuelles, avant que ses romans ne se démocratisent pour devenir les classiques comiques et sentimentaux qu’on connaît aujourd’hui.
Après avoir découvert les grandes tristesses des romans des sœurs Brontë, on a personnellement passé notre adolescence à dévorer Raison et sentiments, Emma ou le plus connu de tous les romans de Jane Austen : Orgueil et Préjugés.
Des bouquins qu’aucun réalisateur un peu couillu et inspiré ne s’est privé d’adapter, menant à quelques jolis films comme le délicat Raison et sentiments de Ang Lee, le non moins charmant Emma d’Autumn de Wilde, l’acclamé Orgueil et Préjugés de Joe Wright, mais aussi quelques bons navets comme Coup de foudre à Bollywood, ou Orgueil et Préjugés et Zombies.
Modern Austen, qu’est-ce que c’est ?
Détourner les thématiques amoureuses et sociales des romans de la grande (et humble) autrice, ce n’est donc pas nouveau.
Pourtant, à chaque fois qu’une nouvelle adaptation voit le jour, on se poutlèche les babines et on réserve quelques heures de notre emploi du temps pour l’avaler goulument.
Modern Austen ne fera pas exception à la règle.
Produite par la chaîne américaine CW, cette série à la date de sortie pour l’instant inconnue est censée transporter les héroïnes de nos romans préférés à notre époque. Scénarisé par Eleanor Burgess (Perry Mason), ce programme anthologique devra donc composer avec les enjeux de nos temps modernes.
Mais alors, que peut-on imaginer y voir ?
Les réseaux sociaux dans Modern Austen ?
Qui dit époque moderne, dit forcément présence aiguë des réseaux sociaux. On n’y coupera pas !
Sûr et certain qu’au moins une des filles Bennet (Orgueil et Préjugés) sera TikTokeuse. On imagine bien Lydia faire son beurre, d’ailleurs, de danses du ventre rythmées façon Lea Elui.
Il y a fort à parier également que Jane, la sœur ainée de la famille, aura droit à un succès solaire sur Instagram en sa qualité d’influenceuse lifestyle, tandis qu’Elisabeth regardera d’un mauvais œil l’obsession de ses sœurs pour les réseaux, préférant les romans de Virginie Despentes.
Difficile de savoir, pour l’instant, si l’idée derrière la modernisation de ces livres est de critiquer la société actuelle, ou simplement de la mettre en relief par rapport à celle de l’époque.
À voir, donc, si le ton sera grinçant ou au contraire bienveillant face à nos obsessions actuelles.
Les applis de rencontre dans Modern Austen ?
Au cœur des romans de Jane Austen, il y a l’amour. Enfin, plutôt l’obsession pour le couple.
En effet, au 19e siècle, le célibat n’est pas bien vu, surtout lorsqu’il concerne les femmes. Il est de bon ton de se marier jeune et que les enfants aînés se marient avant les cadets.
Bien sûr, et c’est ce qui est le plus décrié dans les bouquins de la grande Jane, les mariages arrangés étaient de rigueur, l’amour étant considéré comme totalement superflu face au profit, par exemple, que pouvaient tirer deux familles à marier leurs rejetons.
Si l’on transpose la grande recherche de l’amour à notre époque, il serait logique d’inclure les applications de rencontre dans l’intrigue des épisodes.
On imagine bien, d’ailleurs, l’entremetteuse Emma, héroïne du roman éponyme, lancer une application de rencontre puisqu’elle est très douée pour jouer les Cupidons.
De son côté, la mère de la famille Bennet, obnubilée par l’idée de marier ses cinq filles aux hommes les plus riches d’Angleterre, pourrait très bien créer des profils Bumble (Tinder, c’est trop pour les manants) à sa palanquée de gosses, pour les aider à trouver le meilleur parti.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que ça va sacrément pécho dans cette nouvelle série.
Car si dans les romans de Jane Austen, beaucoup de personnages sont des gros coincés du cul, notre époque actuelle voudrait qu’ils aient la rencontre plus facile, et la galoche plus détendue.
Des physiques botoxés et musclés dans Modern Austen ?
La chirurgie esthétique fait désormais partie intégrante de notre réalité. Qu’on allume la télévision et qu’on tombe sur Les Marseillais ou qu’on scrolle sur Instagram, les lèvres charnues remplies de botox et les seins surnaturels sont monnaie courante.
Il est donc fort possible qu’une des résidentes de Mansfield Park succombe à l’envie de devenir le sosie british de Kylie Jenner et utilise un peu de l’argent de sa riche famille pour gonfler sa bouche ou son postérieur.
Il ne serait pas étonnant non plus que les personnages masculins de Mansfield Park aient tous les avant-bras de Tibo Inshape.
D’autant plus qu’il est très rare, dans les séries américaines, de voir à l’écran des physiques « normaux », des silhouettes du quotidien qui pourraient revêtir toutes les formes.
On est plutôt sur de l’abdominal veineux et du nichon highlighté…
De là à ce que Mansfield Park se transforme en la demeure des Kardashian, il n’y a qu’un pas.
De l’engagement dans Modern Austen ?
Bon allez, n’oublions pas quand même que notre époque n’est pas que celle des culs fourrés de prothèses et des chorés sur TikTok. Notre époque a cela de magnifique qu’elle n’a plus peur d’évoluer le poing levé.
Il serait alors de bon ton d’injecter aux personnages de Jane Austen quelques convictions modernes.
Considérée comme une autrice féministe de son temps, il serait naturel que ses personnages féminins, transportés à notre époque, se libèrent de tout carcan patriarcal.
Exit le règne éternel des gentilshommes en culottes-courtes, il serait exceptionnel de voir toutes nos héroïnes, de Raison et sentiments à Orgueil et Préjugés, s’investir à différents niveaux dans la cause qui les animait déjà (pour certaines) à l’époque.
Colleuses, Femen ou autrices de pamphlets féministes, il est temps pour nos héroïnes d’être des agitatrices encore plus audacieuses que dans l’imaginaire de Jane Austen.
De la diversité dans Modern Austen ?
Il est clair que dans les publications de 1815, c’était pas la fête à la diversité.
La faute, bien sûr, à l’époque.
Alors maintenant oust aux protagonistes uniquement blancs et hétéros, place à une pluralité d’orientations sexuelles, de désirs, d’ethnies et de morphologies.
Ce qui ne pourra apporter qu’encore plus de profondeur d’intrigues aux idées déjà progressistes de Jane Austen.
Et vous, vous imaginez quoi pour cette série d’anthologie ?
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Aussi, les films qui traitent des romans sont très blanc/hétéro, beaucoup plus que ne l'était la société Anglaise pendant cette période, particulièrement dans la classe sociale de Jane Austen.