Le monde de la mode, et en particulier de la mode enfantine, se voit chahuté depuis la fin juillet par une remise en question de l’âge de ses modèles, de leurs poses suggestives et de leurs apparences en général sexualisées.
Premier soubresaut sur la Toile (ou réveil d’un zombie pas tout à fait enterré visiblement), l’excavation des clichés du numéro de décembre 2010 du Vogue Paris.
Thylane Blondeau dans Vogue
Si les photographies de deux fillettes – métamorphosées en petites vamp bling-bling – avaient déjà fait pas mal de remous à l’époque, sept mois plus tard, la moutarde semble monter au nez des américains, déclenchant de véritables tollés d’indignation. Et cette fois-ci la critique se concentre sur son modèle, la petite Thylane Blondeau âgée de dix ans. Au passage rejetonne de Veronika Loubry.
Thylane Blondeau sur deux visuels, extraits de la série spéciale Noël du Vogue Enfant de Décembre 2010
La fillette déchaîne soudain les passions Outre-Atlantique. Des blogs et des Tumblr relaient ses photos (un lui est particulièrement dédié, fuckyeahthylaneblondeau.tumblr.com, fermé depuis lors) tant pour vanter son joli minois que pour recenser les différents clichés jugés inappropriés pour son âge. Il y a les pro et les haters de Thylane. Des rédactrices US s’emparent du sujet : sont pointés du doigt la responsabilité des parents, l’âge des mannequins dans les campagnes publicitaires pour adultes ou encore l’hyper-sexualisation de celles-ci dans les shoots pour enfants (voir les articles à propos de Thylane – en anglais – sur huffingtonpost.com et jezebel.com).
Hailey Clauson les jambes écartées sur sa moto
Un mois plus tard, nouvelle polémique : les parents d’un modèle âgé de quinze ans portent plainte contre Urban Outfitters. La cause ? La marque propose à la vente des t-shirts à l’effigie de leur fille dans une position jugée sexuelle, cuissots ouverts sur une Honda, entrejambe offerte sous un shorty en cuir (Je ne reconnais plus personne… Non. Bon.
).
Urban Outfitters déclare ne pas avoir été mis au courant de l’âge du mannequin lorsqu’elle a acheté les t-shirts en question. On accuse alors le photographe, Jason Lee Parry, qui avait vendu les droits de reproduction à Blood Is The New Black, une entreprise vestimentaire. Il réplique en affirmant que le père était présent lors de la fameuse séance photo, et qu’il n’avait rien objecté à propos des clichés réalisés ce jour-là.
La question étant de savoir maintenant si Parry avait le droit ou non de vendre cette photo (surtout quand les parents ne touchent aucun bénéfice sur un t-shirt qui se vend comme des petits pains).
La sérigraphie d'Hailey Clauson vendue sur des t-shirts Urban Outfitters
Jours après Lunes, de la « loungerie » pour fifilles
Dernière crise en date, l’affrontement entre les rédactions françaises et américaines suscitée par la campagne de pub de Jours après Lunes – une jeune marque française de « Loungerie » (= contraction de lingerie et de loungewear), pour filles de quatre mois à douze ans.
La série de photos présente des petites filles maquillées, choucroutées à la Amy Winehouse et posant avec les accessoires suggérés de leurs mamans (lunettes de soleil, colliers de perles, plumes…) dans un esprit boudoir-chic. L’Amérique s’insurge. Pire, la créatrice, Sophie Morin, « ose » créer des soutiens-gorges triangles pour des gamines. On parle de « Thylane Blondeau-isation », scandale.
Dans un communiqué, Sophie Morin se défend de toute sexualisation des petites filles, affirmant que le triangle n’est en fait qu’un maillot de bain et la presse féminine française de crier au puritanisme américain cette fois-ci.
Campagne de la marque Jours après Lunes
Campagne de la marque Jours après Lunes
D’autres exemples récents…
Dans le même registre, les récentes couvertures de LOVE autour des actrices Hailee Steinfield, Chloe Moretz et Elle Fanning avaient aussi créé la polémique du fait de leur jeunesse et de la manipulation précoce de leur image. Tout comme la projection au rang d’égéries de marque de luxe de vêtements pour adultes – Marc By Marc Jacobs et Miu Miu – pour d’eux d’entre elles.
Simples jeux d’enfants qui veulent ressembler à leurs aînées et interprétation perverse des adultes pour les uns ou véritable déformation malsaine de l’enfance par l’industrie de la mode pour les autres, comment interprétez-vous ces différents clichés ?
En tant que (potentielles) mères éventuellement-un-jour, comment vous imaginez-vous gérer cette course à la sexualisation des jeunes filles avec votre propre éventuelle fifille ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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