Vous souhaitez arrêter de consommer de la fast-fashion, mais ne savez pas par où débuter ? Eh bien ça commence par déconstruire d’éventuelles mauvaises habitudes afin de repartir sur des bases plus saines ! Dont apprendre à distinguer le greenwashing de vrais efforts de transparence, traçabilité, responsabilité et engagements environnementaux… et ainsi être capable de reconnaître des fringues de qualité à faire durer, sans tomber dans le panneau des beaux discours de l’industrie textile.
Voici un mode d’emploi en 7 étapes, car il s’agit d’une évolution progressive, et non d’une transformation magique !
1. Trier nos vêtements avec lucidité
D’après le principe de Pareto (un économiste italien), 20% des choses seraient responsable d’environ 80% des effets, grosso modo. Dit comme ça, c’est plutôt abstrait, ça se vérifie dans beaucoup de garde-robes : la grande majorité des gens aurait tendance à utiliser toujours les mêmes 20% de leurs vêtements, pour composer 80% de leurs looks du quotidien.
Ce qui signifie que 80% de notre garde-robe ne voit quasi jamais la couleur de l’extérieur. On a toujours une bonne excuse : on n’ose pas, n’assume plus, attend l’occasion parfaite… et on conserve une pièce depuis des lustres « au cas où ».
Alors plutôt que de vouloir acheter de nouvelles fringues, mieux vaut se pencher sur les fonds dormants de nos placards. Soit pour leur redonner une chance en les portant autrement, en faisant enfin l’ourlet nécessaire ou recoudre le bouton manquant. Soit pour les revendre pour qu’ils redeviennent de l’argent sur notre compte en banque. Soit encore pour les donner à des proches ou au recyclage via des bornes du Relais !
2. Apprendre de ses erreurs shopping pour ne plus recommencer
Ce gros tri du dressing doit aussi servir d’examen de conscience : c’est le moment d’apprendre de nos erreurs shopping. Peut-être que vous adorez acheter des jupes, mais n’osez jamais les porter, par exemple. Ou que vous saignez vraiment vos six marinières (que vous seule savez distinguer les unes des autres), certes… mais qu’il ne serait pas si utile d’en acheter de nouvelles, à moins de vouloir ouvrir un musée de la rayure.
C’est aussi le moment de bien regarder les étiquettes des matières premières des vêtements qui vous ont fait défaut, mais aussi celles des pièces qui vous durent vraiment longtemps : si vous vous retrouvez à racheter chaque année des bottines en daim faute de savoir les entretenir pour qu’elles durent plus longtemps, peut-être qu’il est temps de vous mettre au cuir lisse, par exemple !
3. Établir une wishlist et un budget auxquels on va (vraiment) se tenir
Maintenant que vous avez en tête ce qui compose vraiment votre dressing, que vous avez dégagé le superflu pour ne garder que l’essentiel, c’est le moment d’identifier vos manques.
OK, on a rarement besoin de nouvelles fringues, certes, mais vous pouvez quand même lister ce qui vous fait (vraiment) (très) envie ! Cela ne veut pas dire que vous allez tout acheter tout de suite, mais ça vous évitera les achats impulsifs lors d’une sortie de lèche-vitrine imprévue, traquenardée par des potes, ou un soir de déprime.
Le jour où vous tomberez sur la perle rare sur un site de seconde-main ou une petite marque éthique et durable, vous ferez alors un achat mûrement raisonné.
Vous pouvez même vous fixer un budget à ne pas dépasser. Celui-ci pourra être mis de côté pour être accumulé afin de vous offrir une belle pièce qui le mérite au bout de plusieurs mois, voire années de patience, d’ailleurs !
4. Prendre ses mensurations afin d’éviter de se tromper de taille
Une fois votre liste de vœux et votre budget établis, c’est l’occasion de prendre vos mensurations. Ça vous permettra de mieux comprendre les guides de taille sur les sites de vente en ligne de vêtements — pour bien choisir la bonne, évidemment. Même chose pour les fringues de seconde main qui viennent parfois d’anciennes collections dont le sizing (la façon de tailler) peut avoir changé au fil des ans : une taille S d’il y a 5 ans peut différer d’un S d’aujourd’hui au sein d’une même marque.
En réalité, il vaut mieux regarder les tailles comme des indicateurs, des repères, plutôt que quelque chose de définitif. D’autant que cela peut changer d’un modèle à un autre, que notre corps aussi évolue, et c’est tant mieux ! Même les guides de taille ne prennent pas en compte toutes les subtilités de coupe, d’où l’importance de connaître ses mensurations pour éviter de se faire avoir. C’est vraiment le flex ultime de l’achat de fringues !
5. Distinguer la fast-fashion et le greenwashing des marques transparentes et responsables
Aucune marque n’affichera se moquer complètement de l’environnement et de la santé de ses employés. En revanche, se gargariser du moindre effort pour se montrer plus écolo, c’est dans l’intérêt des entreprises… Du coup, elles sont nombreuses à employer des expressions vagues, comme « eco-friendly », ou « écoresponsable » et autre « green » qui ne renvoient à aucun contrôle de qualité ou organisme indépendant de certification.
N’importe qui peut revendiquer fabriquer des vêtements « écolo », « éthique », ou « durable », d’où l’importance d’intermédiaires extérieurs capables de vérifier et conforter ou non ce genre d’allégations. À nous de chercher plus loin, pour trouver certaines certifications, comme « GOTS » (Global Organic Textile Standard), plus fiables qu’un vague « bio » à côté du nom d’une matière, par exemple.
Puisqu’il est quasi impossible de retenir toutes les certifications par cœur, mieux vaut plutôt, face à un produit qui nous tente, prendre le temps de lire le plus d’informations à son sujet ou sur la marque, qui en dit peut-être davantage dans la partie « à propos », « nos engagements », « about », ou autres. Ça sonne comme une corvée, mais c’est ça aussi le prix d’un achat réfléchi !
Si la page Web dédiée à une pièce (donc sa fiche produit) ne mentionne ni l’origine des matières ni le lieu de fabrication, par exemple, c’est déjà mauvais signe, mais vous pouvez poser des questions à la marque. Ça fait partie du service que vous payez quand vous achetez un produit.
Soit elle pourra vous fournir ces précieuses informations, soit vous pourrez fuir si elle botte en touche. À force de se voir questionnée sur ses pratiques, l’industrie de la mode n’aura d’autres choix que de se montrer plus transparente et responsable.
6. Prolonger la durée de vie des vêtements de qualité qu’on possède
De façon assez logique, une marque responsable et transparente qui fabrique dans de bonnes conditions et de belles matières donne souvent naissance à des vêtements de qualité. À vous de checker la régularité des points de couture pour vous en assurer au moment de l’achat, par exemple.
Et le bon sens se poursuit sur toute la durée de vie des vêtements acquis, évidemment. Hormis le linge de maison (draps et serviettes), laver ses fringues à froid permet de les préserver au mieux (nivellement par le sensible). Surtout qu’on a tendance à laver nos vêtements plus souvent que nécessaire. Par exemple, la laine étant naturellement antibactérienne, vous pouvez vous contenter d’aérer un pull 100% composé de cette matière entre chaque usage !
Dans cette même logique, pensez aussi à alterner : une paire de chaussures portée tous les jours s’usera plus vite que si vous tournez entre plusieurs paires. Ce genre de roulement entre nos vêtements et accessoires s’avère également plus hygiénique.
7. Continuer à faire preuve de bon sens sans reproduire les dynamiques de la fast-fashion ailleurs
Enfin, ce n’est pas parce qu’on décide de tenir les marques et soi-même responsable qu’on ne doit plus éprouver de plaisir dans la mode. Au contraire, l’amour des fringues peut justement servir de moteur pour conserver de bonnes habitudes. Et empêcher de retomber dans les mauvaises, en croyant par exemple qu’acheter uniquement de seconde main est la porte ouverte au shopping effréné sans conséquence…
C’est bien beau de fuir les marques de fast-fashion qui produisent en masse des nouvelles collections toutes les deux semaines, mais si c’est pour traiter des vêtements confectionnés avec soin, multicertifiés, ou de seconde main comme de la mode jetable, ce serait bien dommage !
Bref, rien de bien sorcier : il s’agit juste de s’habiller en pleine conscience et de faire preuve de bon sens. Ce n’est pas forcément aisé, mais c’est possible, promis !
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Les Commentaires
C'est très dommage qu'il n'existe pas de version navigateur par ailleurs, mais c'est déjà très cool comme ça !