Le premier Comité interministériel aux droits des femmes s’était tenu le 30 novembre 2012, et portait sur « une 3ème génération de droits ». Il a débouché notamment sur le projet de loi pour l’égalité entre les hommes et les femmes, qui sera examiné prochainement par l’Assemblée Nationale.
Le deuxième Comité a lieu ce lundi 6 janvier, et sera axé sur l’égalité professionnelle. Au programme, 45 mesures et un objectif clair : favoriser la mixité dans les entreprises françaises.
La mixité, un facteur de croissance
Selon un rapport de l’OCDE, la France pourrait gagner 0,5 point de croissance à condition d’améliorer considérablement la mixité en entreprise. En effet, plus de 80 % des actifs français travaillent dans des secteurs non-mixtes. Cela ne veut pas dire que ces entreprises sont exclusivement masculines ou féminines, mais que leurs effectifs sont majoritairement du même sexe.
Les raisons de ce déséquilibre ne sont pas à trouver dans une discrimination consciente. Mais les recruteurs d’une entreprise dont les effectifs sont pour une écrasante majorité des hommes auront tendance à recruter des hommes.
Ce n’est pas qu’on ne veut pas de femmes, c’est plutôt qu’on estime que telle candidate aura du mal à « s’intégrer ». Telle autre ne semble pas coller à « la culture de l’entreprise », en tout cas beaucoup moins que cet autre candidat. Oui, si la culture de l’entreprise est une culture masculine (pas nécessairement machiste), une femme aura davantage de mal à s’y intégrer.
Et c’est tout le problème. Les mêmes profils sont recrutés, et recruteront à leur tour des profils qui leur ressemblent. Or la mixité apporte à ces entreprises un nouveau souffle, et peut leur permettre de constater rapidement des améliorations.
Womenomics, la carotte de la mixité
Womenomics est le titre d’un livre co-écrit par deux journalistes américaines, Claire Shipman and Katty Kay. Les auteurs se penchent sur la réussite au féminin, comment les femmes peuvent évoluer avec succès au sein d’entreprises à culture masculine. Le concept de réussite économique au féminin, « womenomics », est également exploré dans l’ouvrage de Aviva Wittenberg-Cox et Alison Maitland, Why Women Mean Business
.
Elles y développent les arguments économiques en faveur de la mixité, les gains de productivité et de chiffre d’affaires que les entreprises peuvent espérer. On parle ainsi de « womenonmics » et de « she-conomy » pour aborder la question de la mixité dans les entreprises par les gains économiques que les femmes peuvent apporter aux entreprises majoritairement masculines.
Après avoir agité le bâton, mis en demeure les entreprises de présenter un plan d’action pour l’égalité professionnelle en 2013 et sanctionné celles qui ont manqué de s’y conformer, vient le temps d’agiter la carotte : les entreprises ont tout à gagner à revoir sérieusement leur recrutement afin de promouvoir la mixité de leurs effectifs !
Des plans d’action à venir
Invitée au « face à face » de Christophe Barbier sur iTélé, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé qu’une dizaine de plans d’actions seront préparés cette année, afin de promouvoir la mixité. Selon la ministre des droits des femmes, les entreprises ont tout à y gagner :
- Dans les professions dites « pénibles », promouvoir la mixité passera par une réflexion sur l’ergonomie des postes de travail. Les améliorations qui seront mises en place ne le seront pas exclusivement pour les femmes, elles profiteront à l’ensemble des employés. L’amélioration des conditions de travail, du bien-être des salariés et la diminution de la pénibilité physique permettront un gain de productivité global pour l’entreprise.
- En ce qui concerne les professions majoritairement féminines, elles ont tendance à être dévalorisées, les salaires y sont d’ailleurs souvent inférieurs aux professions masculines. L’afflux d’hommes dans ces professions permettra de faire augmenter les salaires, mettant fin aux écarts de rémunération qui persistent, à hauteur de 25% en moyenne.
Outre les perspectives de croissance, la mixité est avant tout un facteur de progrès social : les plans d’actions qui viseront à augmenter respectivement la part de femmes et d’hommes dans les professions dites masculines et féminines contribuera à faire tomber des stéréotypes de virilité et de féminité encore attachés à certaines professions.
Car le fait d’avoir un utérus n’empêche pas d’être pompier, ni de travailler dans le bâtiment et les travaux publics, d’être ébéniste ou développeuse !
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