En octobre 2021, l’association Osez le féminisme ! saisissait les prud’hommes pour non-respect du code du travail et discrimination contre la société Endemol, productrice du concours Miss France.
Une habile stratégie pour dénoncer le sexisme du programme par le biais du droit du travail. Une audience s’est tenue hier, 21 juin 2022, au conseil des prud’hommes de Bobigny pour tenter de déterminer si le concours impose effectivement des conditions discriminatoires aux candidates et pour établir si la participation au concours relève d’une relation de travail.
Début janvier, une enquête du Parisien montrait les conditions dans lesquelles évoluent les Miss. Le comité Miss France venait alors d’accorder pour la toute première fois des contrats de travail aux participantes, mais établis sur quatre jours seulement, alors que les participantes sont mobilisées un mois.
Plusieurs témoins confiaient dans l’enquête les rythmes infernaux des préparatifs de la grande soirée retransmise sur TF1 : « On enchaînait les chorégraphies près de dix heures par jour, et le soir, on devait assister à des dîners de représentation. Plus les prises de vues, les clips et les interviews… On ne se couchait pas avant minuit » racontait l’une d’elles.
Trois plaignantes qui ne collent pas aux sévères critères de Miss France
Ne pouvant se présenter au concours car ne respectant pas les critères du concours, trois plaignantes ont donc déposé un recours, épaulées par Osez le féminisme !. Pour se présenter à Miss France, il faut ne pas être trop vieille (pas plus de 25 ans), ni trop petite (plus d’1 mètre 75 sans talons), ne pas avoir d’enfants, ni être mariée ou pacsée, être conforme aux « valeurs d’élégance », mais aussi ne pas consommer d’alcool ou de tabac en public et ne pas avoir fait de photos dénudées…
« J’ai appris que la société Miss France vidait son règlement des clauses discriminatoires. Ce n’est pas un aveu que mes clientes ont été discriminées ? » a interrogé l’avocate d’Osez le féminisme ! Maître Violaine de Filippis-Abat citée par Libération.
En effet, en décembre dernier, Alexia Laroche-Joubert, présidente de la société Miss France songeait à revenir sur ces dispositions qu’elle reconnait comme datées et surtout en décalage avec la réalité de la vraie vie des Miss : « En fin de compte, elles sont toutes avec un conjoint, ou une conjointe d’ailleurs ! Donc il faut arrêter de penser qu’elles sont célibataires », affirmait-elle à France Bleu Normandie.
Autre signe fort que Miss France tend à évoluer : le concours s’ouvre à la participation des femmes trans, alors que l’actrice Andréa Furet, vue dans le téléfilm Il est Elle, vient d’être élue première dauphine de Miss Paris 2022.
Reste que le comité Miss France a répondu aux accusations des plaignantes : « Si ce n’est pas une offre d’emploi, ça ne relève pas du code du travail et de critères discriminatoires » a ainsi affirmé l’avocate Maître Stéphanie Dumas.
Le conseil des prud’hommes rendra son délibéré le 8 novembre prochain.
À lire aussi : Être Miss France, c’est voir son corps devenir propriété publique
Crédit photo : TF1 (capture)
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