— Article initialement publié le 5 mai 2015
J’ai rencontré la nouvelle série de ma vie totalement par hasard. Je ne cherchais même pas : la saison 3 de Vikings venait de se terminer, et je me retrouvais seule et démunie lors de mes soirées, au point d’en être réduite à avoir une vie sociale. J’errais dans les méandres de l’Internet, passant entre les discussions passionnées de fans tel un fantôme, sans nouvel épisode sur lequel m’extasier.
À lire aussi : 5 séries qui mériteraient d’être plus connues chez nous
Et puis un jour, je la vis. Elle se distinguait des autres au milieu d’une liste de séries Netflix, dotée certes d’un titre comme on en voit tant dans le genre policier, mais mise en valeur par une image de son personnage principal incarné par Essie Davis. Je ne résistai pas longtemps : je me procurai les premiers épisodes de Miss Fisher’s Murder Mysteries (ou Miss Fisher enquête en VF), et aussitôt elle fut mienne.
Et voici pourquoi vous devriez succomber aussi.
Miss Fisher enquête : Melbourne, années 1920
Le pitch de départ est simple. Dans les années 1920, Miss Phryne Fisher (prononcer « fraïni ») revient à Melbourne après plusieurs années passées à l’étranger — notamment en France, où elle s’était enrôlée comme ambulancière pendant la guerre. Héritière d’une immense fortune, elle reprend aussitôt sa place dans la haute société et s’achète un manoir. Posée.
Pour autant, Phryne Fisher n’a rien d’une aristocrate oisive. Quand ses contemporaines sont mariées et rangées, elle sait piloter un avion, maîtrise des bases d’auto-défense, conduit sa propre voiture, et se mêle de ce qui ne la regarde pas avec glamour et un petit pistolet dans son sac. C’est d’ailleurs avec le même panache qu’elle s’improvise « Lady Detective » dès la première affaire résolue.
Hé oui, parce que série policière oblige, à peine revenue sur ses terres australiennes natales, Miss Fisher se retrouve confrontée à un meurtre. C’est donc en un pilote bien géré qu’elle fait montre de ses capacités de déduction et de charme… Et en un épisode que ses manières originales et son intelligence m’ont séduite autant que sa propension à investir une scène de crime en chapeau cloche élégant et pantalons féminins à la dernière mode. (Et de ne pas s’en faire virer.)
À lire aussi : 3 bonnes raisons de regarder Broadchurch
Il faut dire que d’une, quand elle a une idée dans la tête, elle ne l’a pas ailleurs. Et de deux, elle sait s’entourer : dès la fin de ce même épisode, elle peut compter à la vie à la mort sur Dot (Dorothy), sa nouvelle femme de chambre et amie, Bert et Cec, de braves gars chauffeurs de taxi, et Mr Butler, le majordome le plus classe et attentionné de la planète.
Ah, oui, et puis elle se met l’inspecteur Jack Robinson et l’agent Collins dans la poche, aussi. Ça aide.
Phryne Fisher, une héroïne qui fait du bien
Ne vous imaginez pas pour autant qu’elle est le parfait cliché de la manipulatrice qui obtient tout ce qu’elle veut. Phryne Fisher est un être humain normal avec ses forces et ses faiblesses, et un personnage attachant, qui ne distribue pas son affection au compte-goutte et se montre prête à tout pour venir en aide à ses proches.
…oui, bon.
Elle a son caractère, mais surtout, c’est une femme curieuse qui sait apprécier les bonnes choses de la vie. Et en ne voyant vraiment pas pourquoi elle s’en priverait,
elle envoie valser tous les clichés sur les femmes, et sur les personnages de série féminins. Ohlala, une héroïne forte qui n’est ni castratrice ni garçon manqué ! Mais comment est-ce possible ?!
À lire aussi : « Quelle place pour les femmes dans l’industrie des séries en France ? », une conférence enrichissante
Et je vais vous dire encore pire : elle est même féministe. Non ? Si. Indépendante et libérée sexuellement, c’est par choix qu’elle vit seule (pas qu’elle ait quelque chose contre le mariage, elle préfère juste enchaîner les amants pour le moment), chose déjà inconcevable à l’époque.
Car oui, en plein dans les années 1920 où la femme est priée de rester distinguée et de se contenter de faire ce que l’homme lui permet de faire, Miss Fisher se fait un malin plaisir à rappeler qu’elle fait bien ce qu’elle veut, mais merci quand même pour ton opinion (allez salut). La femme ne serait donc pas faite biologiquement pour conduire ? D’accord, ben écoute, on se fait une petite course, et on voit ça sur la ligne d’arrivée, ok ?
Bref. Phryne Fisher ne pète peut-être pas des dents, mais elle vaut bien cinquante James Bond et cinquante Lara Croft mélangés.
Miss Fisher, une série policière pas si classique
Malgré les deux saisons de 13 épisodes chacune (de 60min chacun) qui sont déjà sorties, je suis arrivée au bout en moins de deux semaines, et je ronge mon frein en attendant la saison 3 le 8 mai prochain. Ce qui ne fait guère que quelques jours, je l’admets, mais j’envisage sérieusement de me procurer tous les romans à l’origine de la série en attendant.
À lire aussi : Comment écrire un personnage féminin réaliste ?
La série télé est en effet adaptée d’une saga de romans policiers écrits par Kerry Greenwood et qui, même s’ils manquent d’Essie Davis dans le rôle de Phryne Fisher et de Nathan Page en Inspecteur Robinson, vont déjà plus loin dans l’histoire du personnage.
Quoi qu’il en soit, je suis reconnaissante à la fois envers Kerry Greenwood, pour avoir créé un chouette personnage féminin et dynamique, et Deb Cox et Fiona Eagger pour lui avoir donné une existence à l’écran. Certes, ses aventures pourraient sembler simplistes, puisque chaque roman ou épisode se base sur un schéma classique du genre policier : un meurtre, une enquête qui patine, un-e détective plus malin-e que les autres qui met la main sur le coupable, et emballé c’est pesé.
À lire aussi : Cinq web-séries à suivre en 2015 — La sélection Séries Mania #2
Or même si ce simple schéma peut s’avérer satisfaisant pour tout-e amateur du genre, Miss Fisher’s Murder Mysteries ne s’arrête pas là. Les personnages ne viennent pas de nulle part, ils ont leur propre complexité qui les rend aussi intéressants à suivre que les relations qu’ils entretiennent (et qui viennent influencer l’enquête).
J’ai d’ailleurs une confession à vous faire. Au-delà de toutes les raisons que je viens de vous exposer, il y en a une autre qui me fait enchaîner les épisodes de façon frénétique. Comme j’ai trop peur de vous spoiler et ainsi de vous faire renoncer à découvrir cette très chouette série, je préfère me contenter d’une phrase énigmatique que comprendront celles qui savent :
Mais ils vont finir par se le rouler, ce patin, oui ?!?
Mais sinon, c’est (aussi) une série policière. Promis.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
J'ai lu dans quelques articles et sur la page FB de la série que les créateurs pensent à un film mais pas encore de saison 4 prévue...
Et apparemment Essie Davis sera dans la saison 6 de GoT