Réfléchir à deux fois avant d’acheter un article de mode, c’est la base, bien sûr. Mais quand le prix est extrêmement bas, cela peut vite court-circuiter son système de pensée. C’est en partie là-dessus que repose le succès de la fast fashion et surtout de l’ultra fast fashion à la SHEIN et TEMU. Les tarifs sont si bas, que passer à l’acte d’achat peut paraître dérisoire et sans conséquence.
Or les répercussions sont bien réelles pour la planète. On en a de mieux en mieux conscience, notamment en France où une proposition de loi est à l’étude pour en limiter les ravages. Mais les conséquences sont aussi financières pour les particuliers sur le long terme, comme l’illustre le Rapport Circularité 2024 de Vestiaire Collective.
Publié le 22 avril 2024 pour la journée de la terre, il met en lumière la notion de coût par port (que vous connaissiez peut-être déjà, et qui fait partie du bon sens, je vous l’accorde, mais la mode peut vite faire perdre la tête). Car ce « cost per wear » fait réfléchir autrement aux tarifs de la mode.
Miser sur de la seconde main haut de gamme reviendrait 33 % moins cher que de la fas fashion neuve, selon le coût par port
Le coût par port (ou « cost per wear » en anglais) désigne le tarif d’une pièce divisée par le nombre de fois où on l’a portée. Plus on porte un vêtement ou un accessoire longtemps (car sa qualité le permet et son design continue de nous plaire), moins l’article nous reviendrait cher, selon son coût par port.
C’est une autre façon de parler de rapport qualité / prix. Une division qu’on ne pense pas toujours à faire avec des articles de mode jetable, dont les tarifs sont si bas qu’on se soucie peut-être moins de combien de fois on les porte.
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Or, se tourner vers des pièces de qualité de seconde main qui coûtent plus cher que du neuf venu de l’ultra fast fashion pourrait s’avérer bien plus rentable sur le long terme. Car les articles venus de mode jetable sont en moyenne moins portés, conservés moins longtemps, et ont une valeur de revente inférieure.
Vestiaire Collective s’est donc associé à Vaayu (logiciel de calcul automatisé conçu pour les marques de vente au détail et les entreprises afin de suivre et de réduire l’impact carbone et environnemental en temps réel). pour conduire une étude internationale.
Au total, 13 400 personnes y ont répondu (dont 2080 qui n’utilisaient pas Vestiaire Collective, 5620 qui vendaient déjà sur la plateforme, et 5743 y achetaient déjà). L’équipe de recherche a analysé 250 000 transactions, et mené 28 entretiens qualitatifs à travers les États-Unis, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Et ce, sur les catégories des vêtements, des accessoires, des sacs, des chaussures et de la joaillerie.
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On porterait davantage, plus longtemps, et revendrait mieux de la mode haut de gamme
Il en résulte que, dans toutes les catégories considérées, acheter des articles de mode pré-aimés venues de marques haut de gamme sur la plateforme revient 33 % moins cher que d’acheter de la fast fashion flambant neuve.
« Les robes pré-aimées sont portées 8 fois plus : coût par port moyen de 1,56 $ contre 5,66 $ pour les alternatives de mode rapide.
Les sacs de créateurs d’occasion offrent un coût par port environ 72 % inférieur à celui des alternatives de mode rapide.
[Les adeptes de Vestiaire Collective] portent leurs pièces pré-aimées presque 2 fois plus que les propriétaires de fast fashion ne portent les leurs, et les conserve 31 % plus longtemps. »
— Vestiaire Collective.
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« Ni les individus ni la planète ne peuvent se permettre la fast fashion »
Certes, on peut trouver ces calculs farfelus (#GirlMath comme on dirait sur TikTok). Et rappeler que des articles venus de marques haut de gamme ou de luxe ne riment pas forcément avec qualité.
Et que même du côté de marques à petit prix, on peut trouver des vêtements de qualité qui nous durent des années, surtout si on prend bien soin de ses affaires et fait attention à leur entretien.
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Ceci étant dit, on peut a minima apprécier cette mise en lumière de la notion de bon rapport qualité / prix, ou de coût par port, rarement valoriser par la plupart des marques. Car ces dernières préfèrent plutôt communiquer sur leur héritage séculaire, les codes formant leur ADN, ou leurs dernières nouveautés tendance du moment (qui sera démodé après-demain…), plutôt que sur l’idée qu’on pourrait chérir leurs pièces durant des décennies (sauf peut-être du côté de certaines maisons de luxe).
Fanny Moizant, présidente et co-fondatrice de Vestiaire Collective, a ainsi exprimé dans le communiqué qui accompagne ce Rapport Circularité 2024 :
« Dans le climat d’inflation actuel, c’est une évidence : ni les individus ni la planète ne peuvent se permettre la fast fashion. Ce rapport tire la sonnette d’alarme sur l’impact dévastateur de la fast fashion et devrait être un signal d’alarme pour tous afin de mettre fin à la surconsommation et aux dépenses excessives. »
« La fast fashion est une fausse économie »
Si bien que le slogan de cette campagne s’affirme comme « Pensez d’abord, achetez ensuite ». C’est peut-être du bon sens pour vous, mais pour beaucoup d’adeptes de mode, ça veut dire beaucoup, comme le résume Douna Wone, Chief Impact Officer de Vestiaire Collective :
« La fast fashion est une fausse économie. Acheter de la fast fashion bon marché est trompeur, car au final, vous finissez par remplacer des articles encore et encore. Nous défendons la circularité, car elle profite non seulement au portefeuille des consommateurs, mais protège également notre planète. Le luxe d’occasion Les articles sont plus rentables au fil du temps et ont une durée de vie plus longue. Notre mantra »Pensez d’abord, achetez ensuite » est plus logique que jamais. »
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Les Commentaires
Pour celles qui sont souvent déçues par Vinted mais qui ont éventuellement un peu de temps devant elles, ce que mon mec a commencé à faire, c'est à aller essayer des vêtements qui l'intéressent en magasin (souvent des trucs assez chers) pour voir la qualité et le fit, et ensuite il se met des alertes sur Vinted et quand ça devient dispo, il achète. C'est pas mal pour des trucs qui seraient notamment clairement hors budget en première main et pour ne pas devoir compromettre sur le style comme je fais moi par exemple (pcq je préfère être moins stylée que d'investir les efforts soyons honnête #teamflemme)