Vendredi soir, je me suis ruée hors du bureau à 18h tapantes pour me jeter dans le métro. Puis j’ai couru jusque chez moi et j’ai enfin pu me brancher devant Mindhunter saison 2.
Et en un weekend, les neuf épisodes, chacun long d’une heure, sont passés sous mes yeux ébahis. Cette saison 2 est décidément très réussie !
Cet article contient des spoilers de la saison 2 de Mindhunter.
Mindhunter saison 2 mêle la fiction au réel
Malgré un démarrage difficile et quelques déviations inutiles qui distraient de l’intrigue principale, la saison 2 de Mindhunter confirme le côté exceptionnel de la série.
Je me serais quand même bien passée du premier épisode ainsi que de la pseudo histoire d’amour de Wendy Carr, qui, même si elle donne un peu de profondeur à la protagoniste, ne faisait pas franchement avancer le schmilblick.
Contrairement à cette nouvelle lumière sur les personnages de Bill et Nancy Tench, qui m’a plongée au cœur de l’ironie tragique de leur situation familiale avec un Brian sacrément flippant.
Cette création scénaristique permet d’expliquer les réactions de l’agent spécial du FBI, et pose la question du niveau de responsabilité d’un commanditaire ou d’un spectateur de meurtres, comme Henley ou Manson, que j’ai rencontrés au fil des épisodes.
La saison laisse aussi un peu de côté l’autre agent, Holden Ford, pour amener de nouvelles réflexions et des questionnements différents face aux meurtriers récidivistes, quand la saison 1 se concentrait davantage sur les effets de ces nouvelles méthodes de travail du FBI sur ses agents.
La fiction intervient donc pour soutenir le réel, et l’un fait tout aussi flipper que l’autre.
Côté réel, ma fascination pour les tueurs en série a été servie, et j’ai donc décidé de t’emmener à la rencontre de ceux qui sont intervenus dans la saison 2, tous campés par des acteurs talentueux qui miment à la perfection les comportements des psychopathes originaux.
Les tueurs en série encore en liberté dans Mindhunter saison 2
Dans cette saison 2, nos agents du FBI de l’unité spéciale de profiling, les premiers à s’aider de la psychologie de tueurs en série pour en capturer d’autres, se voient prendre en charge leur première affaire à Atlanta.
Leurs théories seront-elles applicables à la réalité du terrain ?
Wayne Williams, le tueur d’Atlanta
La saison 2 de Mindhunter s’articule autour de cette affaire.
Une série de meurtres de 24 enfants et 6 adultes, tous noirs, est perpétrée à Atlanta entre juillet 1979 et mai 1981.
Nos profilers préférés sont appelés à la rescousse. L’occasion aussi de tester toutes ces théories qu’ils ont mises au point suite aux rencontres avec les tueurs en série.
Mais sur le terrain, la politique et le côté très administratif et protocolaire du FBI entrent en jeu.
Ainsi, en voulant rechercher à tout prix un meurtrier noir (car selon leurs recherches, les serial killers n’auraient que des victimes de la même couleur de peau qu’eux), l’enquête s’attire les foudres de la population d’Atlanta en n’étudiant pas la piste du Ku Klux Klan.
Lorsqu’Holden Ford tombe nez à nez avec le suspect Wayne Williams, celui-ci correspond parfaitement au profil qu’il a dressé du tueur potentiel.
Le problème, c’est que, comme dans Mindhunter, Wayne Williams n’a été condamné que pour 2 des 30 meurtres. Les 28 autres affaires ont tous bonnement été scellées après son arrestation, sans preuve que ce soit lui qui ait réellement perpétré tous ces meurtres.
Des années plus tard, Wayne Williams clame toujours son innocence.
Dans la série, son calme à toute épreuve m’a fait pas mal flipper.
Dennis Rader, ou l’insaisissable BTK
Depuis la saison 1, chaque épisode (ou presque) est introduit par une ou deux minutes de la vie de ce serial killer en liberté totale.
Dans la saison 2, alors que nous découvrons ses déviances sexuelles, le FBI commence à s’intéresser à ses crimes, car il les revendique à la presse et à la police, presque parfois sous forme de jeu.
Il fait très attention à son image publique, et se choisit même un nom : BTK, un acronyme pour Bind (ligoter en anglais), Torture et Kill (tuer en anglais).
Tel est le terrible sort réservé aux sept victimes qu’il a déjà faites en 1981, date à laquelle se finit la saison 2 de Mindhunter.
BTK s’inspire de tueurs en série célèbres pour se créer une image, dont Berkowitz (ou Le Fils de Sam, comme il se faisait appeler) que le FBI va interviewer pour en savoir plus.
À la fin de la saison 2, BTK est toujours libre comme l’air, et ça ne me rassure pas le moins du monde.
Les tueurs en série décevants de Mindhunter saison 2
Parfois, les agents du FBI sont déçus de leurs entretiens avec les tueurs en série, car ils ne permettent pas d’en apprendre davantage sur les schémas de préméditation et modes opératoires de ceux qui sont encore en liberté, pour pouvoir les capturer.
Voici donc les tueurs récidivistes qui n’ont pas satisfait nos agents.
William Pierce Jr., l’homme à la peine de 880 ans
William Pierce Jr. est un tueur en série condamné à 880 ans de prison, accusé d’avoir tué 8 personnes différentes.
La rencontre avec William Pierce dans Mindhunter est assez lunaire : l’homme connaît un gros complexe d’infériorité qui le pousse à en faire des caisses dans un anglais approximatif, ce qui lui donne l’air un peu simple.
Il n’intéresse pas Holden car il semble agir impulsivement, sans préméditation. Il n’y a donc pas matière à établir un profil quand les meurtres sont aussi peu liés entre eux.
William Henry Hance, le brouilleur de pistes
Il attire particulièrement l’attention de l’agent Ford dans Mindhunter saison 2 car Hance est l’un des seuls criminels qu’il a rencontré à avoir tué trois femmes noires et une blanche.
Le FBI convient donc que la particularité qui prime chez les victimes n’est pas toujours la couleur de peau, mais pour Hance, c’était plutôt le fait qu’elles soient des prostituées.
Au-delà de cette particularité, l’entretien avec ce tueur en série n’est pas fructueux pour le FBI.
Tex Watson, l’œuvre du diable
Tex Watson a été envoyé par Charles Manson pour participer à la série de meurtres de Cielo Drive. Une nuit horrifique et sanglante, durant laquelle l’actrice Sharon Tate a été massacrée alors qu’elle était enceinte de huit mois.
Après leur rencontre avec Charles Manson, Holden décide de se diriger seul vers la prison dans laquelle Tex est incarcéré.
En effet, la question de la responsabilité se pose : Charles Manson n’a jamais tué de ses mains, il aurait commandité à Tex et aux autres membres de sa « famille » de perpétrer ces meurtres atroces.
Qui est plus coupable ? Watson déclare que c’est Manson qui l’a poussé à tuer, en lui enlevant toute peur des conséquences.
En tout cas, Tex Watson n’est plus le diable du 9 août 1969 (il avait déclaré devant l’une de ses victimes avant de l’abattre qu’il était le diable, venu pour accomplir son œuvre), et tente de se repentir religieusement quand Ford vient lui rendre visite.
Bien qu’il explique de la manière la plus laconique qui soit que poignarder des gens c’est quand même fatigant et ça fait mal aux mains, l’agent sent bien qu’il n’a pas l’âme de calculateur qu’a Manson.
Paul Bateson, le sadomasochiste qui va trop loin
Pour la première fois dans Mindhunter, Wendy Carr et Gregg Smith se lancent eux aussi dans les entretiens avec des serial killers.
Bateson est condamné à 20 ans de prison en 1979 pour le meurtre d’un journaliste, mais il est aussi soupçonné (sans que ça ait pu être prouvé) d’avoir tué six autres hommes gays adeptes de pratiques sadomasochistes, comme lui.
Pendant son entretien avec Wendy et Gregg, Bateson décrit ses pratiques sexuelles tout en continuant de nier les six autres meurtres.
La conversation fait vraiment froid dans le dos quand Wendy parvient presque à le faire se confesser à la troisième personne (c’est notamment cette technique qui a permis à Ted Bundy d’avouer ses meurtres).
Mais une fois que Bateson comprend où elle veut en venir, l’interview s’interrompt.
Pour la petite histoire, Paul Bateson a fait une apparition dans le film l’Exorciste. Je ne vais pas dormir de la nuit.
Les tueurs en série bien flippants de Mindhunter saison 2
Je me suis pratiquement endormie devant le premier épisode, mais le deuxième m’a complètement accrochée, et je n’ai plus lâché la saison, notamment grâce à l’intervention de tueurs en série plus FLIPPANTS QUE JAMAIS.
Ils sont trois, et franchement, j’aurais pas aimé me retrouver en face d’eux.
David Berkowitz, « le Fils de Sam »
Cet entretien m’a énormément marquée. David Berkowitz, qui s’est auto-proclamé « Le Fils de Sam », a tué six personnes avec une arme au calibre 44 à New York.
Sa cible favorite ? Les couples, les femmes surtout.
Il est interrogé par le FBI car c’est de lui dont BTK s’inspire dans ses correspondances avec la presse et la police.
Si au début de l’entretien David Berkowitz défend la thèse de la schizophrénie, Holden Ford le perce à jour. Alors, son visage change, et Berkowitz avoue avoir réussi à faire croire, notamment aux psychiatres, qu’il entendait des voix qui lui ordonnaient de commettre les meurtres.
En réalité, il avait simplement regardé l’Exorciste et s’en était inspiré pour se créer un personnage.
Oliver Cooper est assez impressionnant dans le rôle, il m’a filé de sacrés frissons.
Wayne Henley, le rabatteur
Wayne Henley purge une peine a perpétuité pour avoir tué Dean Corll, surnommé Candy Man, sûrement à cause de sa fâcheuse habitude à torturer et tuer les adolescents.
Pas moins de 29 victimes à son actif, rabattues par Henley lui-même, qui après avoir failli y passer, avait proposé de l’aider en échange de sa vie.
Quelle degré de responsabilité accorder à cet adolescent qui livre froidement ses victimes à un homme qui les torture et les assassine devant lui ?
Wayne Henley est aussi interviewé par Wendy et Gregg. Wendy utilise la méthode de Holden, et se confie à lui pour qu’il s’ouvre davantage. Les résultats sont mitigés, Henley est un homosexuel refoulé qui ne semble pas vouloir lier son activité criminelle ni son meurtre au désir qu’il aurait pu éprouver pour Dean Corll.
La folie dans ses yeux est glaçante.
Charles Manson, le mégalomane
C’était sûrement le psychopathe le plus attendu de toute cette saison 2, car c’est de loin le plus célèbre.
C’était donc pour moi un weekend à thème, puisque j’ai aussi vu non pas une mais bien deux fois le dernier film en date de Tarantino, Once Upon a time… in Hollywood.
Si tu l’as vu et que tu n’as pas compris la fin, Mindhunter saison 2 aurait pu t’éclairer, avec cet entretien édifiant de Manson.
C’est d’ailleurs le même acteur, Damon Herriman, qui interprète ce zinzin dans Mindhunter et dans le Tarantino. C’est pas le pire sosie à avoir, honnêtement ?
Charles Manson est un ex-taulard qui parvient à convaincre une bande d’adolescents marginaux qu’il appelle « sa Famille » de tuer Sharon Tate et ses amis le 9 août 1969, sous prétexte du commencement d’une guerre raciale.
Certes, Manson n’a jamais tué personne, mais il est effectivement le commanditaire de ces meurtres atroces, au nom des Beatles, oui, oui. En se basant sur une chanson du White Album, Helter Skelter, Manson prédit une guerre apocalyptique entre les blancs et les noirs.
C’est donc pour commencer cette guerre qu’il envoie ses jeunes admirateurs tuer les « piggies », ces membres blancs de la caste dirigeante.
Dans l’entretien avec le FBI de Mindhunter, il nie sa responsabilité dans l’affaire.
Il y arrive comme un roi, et sûrement complexé par sa petite taille (comme le fait remarquer Ed Kemper), il s’assoit non pas sur la chaise, mais sur le dossier, pour dominer les agents. Il tire la langue à Holden, comme sur la célèbre photographie, et lui dédicace le livre Helter Skelter avec ces mots glaçants :
« Each night you sleep I destroy the world. »
Ou en français : Chaque nuit tu dors pendant que je détruis le monde.
C’est dingue de se dire qu’un homme aussi peu impressionnant physiquement puisse embrigader tant de gens et s’attribuer leurs crimes, comme il continue de le faire avec les lunettes de soleil de Holden Ford qu’il se vante auprès de toute la prison d’avoir volées, alors que c’est l’agent qui les lui a données. Un charisme de taré, c’est le cas de le dire !
Ed Kemper, toujours aussi impressionnant, fait lui aussi une apparition dans la saison 2, juste avant Manson (qu’il déteste). J’aurais bien aimé le voir davantage, car c’est certainement l’un des tueurs en série les plus intéressants psychologiquement.
Et toi lectrice ? N’as-tu pas été terrifiée par tous ces psychopathes qui ont envahi ton écran dans Mindhunter saison 2 ?
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