- Salut ! Tu peux te présenter en quelques phrases ?
Hello ! Je suis Tiphaine alias Mina Bandita, je suis née et je vis à Amiens et j’ai 23 ans. À la base je suis musicienne : j’ai étudié la contrebasse pendant 8 ans au CNRR (Conservatoire National à Rayonnement Régionale) d’Amiens. Depuis 2013 je suis chanteuse pour le groupe amiénois Mazonit, on joue du punk-rock !
Après des années lycée chaotiques (mais très amusantes), j’ai commencé à bosser dans l’animation en centre de loisirs, et après trois ans de bons et loyaux services, je me retrouve apprentie tatoueuse.
- Quel a été ton premier contact avec le monde du tatouage ?
En fait j’ai toujours été branchée dessin. Mes parents m’ont encouragée à persévérer et entretenir ma créativité, donc j’ai toujours eu à disposition toutes sortes de feutres, crayons, peinture… Au collège j’ai eu un déclic : le punk-rock ! Je suis persuadée que la musique est liée directement et indirectement au tatouage. Mes idoles de l’époque en étaient recouvertes, j’étais fascinée… alors j’ai commencé à reproduire des motifs « tatouables » au lycée, puis j’en ai créés, mais rien que pour moi, en prévision de mes futurs tattoos.
- À quel moment tu as voulu passer de l’autre côté du dermographe ?
Eh bien je dois t’avouer que c’est complètement par hasard et soudainement que ça s’est fait. Je dessinais depuis quelques temps des motifs de tattoos pour mes potes, mais je ne me serais probablement pas lancée spontanément dans un apprentissage, parce que je savais que les places d’apprentis sont chères : les pros n’ont pas forcément le temps de former une petite jeune sans book qui sort de nulle part… Et puis il y a eu une discussion avec des tatoueurs qui a tout changé.
- Combien de temps s’est écoulé entre ce moment et le début de ton apprentissage ? Tu as eu des démarches à faire ?
À vrai dire, tout s’est fait rapidement. Comme je te le disais plus haut, je ne cherchais pas spécialement de place, mais en novembre 2014 je pensais déjà à me reconvertir professionnellement. Au début du mois, en discutant de mes envies de changement de vie avec Perrine et Geoffroy du salon L’Art dans la peau
à Amiens, ils m’ont finalement proposé de venir passer du temps au salon dès que j’aurais du temps libre pour dessiner, observer, apprendre à manipuler le matériel, entretenir le shop, accueillir les clients… Comment refuser une opportunité pareille ?!
J’y suis allée régulièrement dès fin novembre, et depuis je suis là-bas tous les jours d’ouverture.
Pour ce qui est des démarches, en réalité il n’y en a pas sur papier. C’est un engagement moral et de respect envers le formateur et les collègues du shop : je dois être à l’heure, faire ce que l’on me demande et bosser à fond. On doit s’attendre soit à une maigre paye soit à rien du tout pendant un bon moment, mais tout est une question de motivation et de patience finalement. Personnellement, je ne vis pas dans le luxe, mais je suis motivée et passionnée ; ça me suffit pour l’instant, et je sais que ça évoluera.
- Des réactions particulières de tes parents, de ton entourage proche ?
Hahaha euh… oui ! Bon, mon copain et moi on en avait discuté très sérieusement et il me soutient carrément, d’ailleurs c’est en côtoyant le salon régulièrement qu’il s’est fait tatouer pour la première fois en fin d’année dernière, et depuis il ne s’arrête plus.
Je ne vais pas te cacher que mes parents et mes grands-parents étaient un peu perplexes quand je leur ai annoncé la nouvelle, surtout à propos des finances, mais je crois que depuis ils ont compris que ça n’était pas juste une passade. Mes frangines sont contentes, on a même prévu de faire un tattoo commun dès que la plus jeune sera majeure !
- Comment se sont passés tes débuts au salon ?
J’avoue que mes débuts ont été un peu chaotiques, je débarquais complètement sur une autre planète : même si on se connaissait avec Perrine et Geoffroy, je devais m’adapter à un tout autre rythme et on allait maintenant devoir ajouter à nos rapports une relation professionnelle… Finalement, on a tous trouvé nos marques après ce gros changement. Maintenant les clients réguliers me connaissent et ont l’habitude de discuter de leurs projets tattoos avec moi plutôt que de demander mes collègues directement, certains me considèrent un peu comme une mascotte…
Je me sens intégrée et vraiment bien lotie.
- Qu’est-ce qui a déterminé le moment où tu allais piquer de la chair fraîche pour la première fois ? C’était qui, quand ?
J’ai discuté avec Perrine pour savoir sur quoi je pourrais m’entraîner, et elle m’a procuré deux pamplemousses. J’avais préparé une feuille A4 de petits motifs ; j’en ai encrés quelques-uns sur les pamplemousses, et finalement Perrine et Geo m’ont prêté un bout de peau pour se faire tatouer respectivement un petit bonhomme bâton garçon et sa version féminine. J’étais terrifiée… Ensuite c’est mon copain qui s’est mis à me servir de cobaye : je lui ai déjà fait cinq tattoos plus ou moins grands, uniquement noirs, et j’en suis assez contente pour un début.
- Et après ? Quand est-ce que tu pourras te considérer comme étant « opérationnelle », quels sont tes projets ?
J’attends de passer la formation « Prévention des risques infectieux et bonnes pratiques d’hygiène et de salubrité » (obligatoire pour pratiquer le tatouage, le piercing…) et de m’être assez entraînée, puis c’est surtout Perrine et Geo qui me donneront le feu vert pour prendre mes premiers rendez-vous. J’ai déjà pas mal de potes qui m’attendent, c’est rassurant.
J’ai hâte de vivre pleinement ce pour quoi je me donne à fond, mais « rien ne sert de courir »…
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