Il y a des choses qui font que, lorsqu’on les apprend, on dort vachement mieux. Je pense que la liste des points que j’ai en commun avec Michaël Grégorio en fait partie. A savoir :
- On fait la même taille
- On a tous les deux des cheveux difficiles à dompter (sauf que sur lui c’est sexy, et sur moi… Ça fait juste caniche-qui-a-pris-la-pluie)
- Moi aussi j’ai un chat noir aux yeux verts
- Il est né le 10 juin et moi le 1er, nous sommes donc Gémeaux tous les deux
- Il a aussi un iPhone
- Il adore cette chanson de Joe Cocker, et moi je l’ai usée à force de l’écouter
Et tout ça, c’est un siiiiiiiigne. On a tellement de points en commun que n’importe quel site de rencontres qui se respecte nous dirait de nous marier sans plus tarder.
Intéressant, n’est-ce pas ? Pourtant ce n’est pas du tout mon propos aujourd’hui.
Au diable les signes, et autres canards. Moi je ne dormirai mieux seulement lorsque je vous aurai parlé de son spectacle « Michaël Grégorio pirate les chanteurs », et de son immense talent.
Ne partez surtout pas, je vous fais la promesse qu’à partir de maintenant tout ce que je dis sera dénué d’œstrogènes (je sais ça fait rêver), et que je ne dirai que la vérité, rien que la vérité. Quand il s’agit de Michaël, fini la rigolade. Enfin pas tout à fait, en réalité elle ne fait que commencer si vous vous déplacez jusqu’à lui et sa joyeuse bande de musiciens.
Pendant 2 heures vous allez rire, avoir des frissons, être baba d’admiration (que celles qui ont pensé « rhum » sortent tout de suite), et si vous êtes plutôt sensibles, pleurer aussi. Ce petit filou vous pirate le cœur tout en vous faisant chanter et danser. Amoureux de la musique, son regard de spectateur éclaire les attentes que peut avoir un public et c’est donc en toute logique que lui et sa voix « à la demande » nous transportent ailleurs. Il sait tout faire : guitare, piano, harmonica, trompette (sans la trompette) et même si je ne peux l’affirmer à 100% : le café aussi certainement. Vous vous dites sûrement que je ne suis pas très objective sur ce coup là ? Vous avez raison, j’ai été conquise il y a plusieurs années déjà. Cependant je vous invite à me faire confiance, ainsi qu’à deux entités qui savent en général ce qu’elles font, et qu’on peut croire sans souci quand elles convergent vers la même direction : la presse et le public.
En effet, la presse est unanime à son sujet. A ce jour, je n’ai encore rien trouvé de désagréable à lire le concernant. Il a d’ailleurs été nommé récemment aux Globes de Cristal, prix de la presse française pour les arts et la culture décernés par les journalistes chargés des rubriques culturelles, dans la catégorie « meilleur one man show ». Cette sixième édition des Globes de Cristal aura lieu le 7 février prochain au Lido et sera retransmise en direct sur France 3. Les lauréats précédents dans la catégorie du meilleur one-man show ne sont autre que Gad Elmaleh, Edouard Baer, Anne Roumanoff, Valérie Lemercier et Florence Foresti, autrement dit, qu’on aime ou qu’on aime pas, des humoristes connus et reconnus. Quoi qu’il arrive en février prochain, la nomination de Michaël est une reconnaissance de la part des critiques qui n’est pas à négliger.
Quant au public, je regrette de ne pas avoir pris le temps « d’interviewer » ne serait-ce que mes voisins, mais j’ai tout de même entendu de bien jolies choses entre le lavabo et le sèche-main. En ressort surtout son étonnante énergie, sa générosité et last but not least : son talent, é-vi-dem-ment.
Le Bataclan était plein, comme tous les jours depuis le 20 octobre, et ce malgré la météo catastrophique de la journée (alerte orange pour la neige sur toute l’île de France). La composition du public en elle-même est une preuve de la qualité du show. Une fois installée confortablement dans mon petit siège rouge, j’ai pu observer en vrac : des petits blondinets de 9 ou 10 ans, des ados, des blondes à mèches à tendance un peu Sistah-Bestah, des jeunes couples, des moins jeunes, la maman avec ses filles, le business man qui venait de quitter son bureau, le papi avec sa canne, la femme de la quarantaine un peu BCBG, le provincial dont la route avait été longue… Le carrefour de toutes les générations et de tous les styles attendant le même artiste. Pas si étonnant finalement puisque c’est ce qu’il incarne musicalement pendant toute la durée du spectacle où s’entremêlent artistes d’hier ou d’aujourd’hui, français ou d’ailleurs. Une occasion en or pour le public d’apprendre à connaître de « nouveaux » artistes : pour les plus jeunes il s’agira des artistes de la génération précédente, ou de ceux nous ont quittés, et pour les plus âgés, il n’est pas trop tard pour apprendre à connaître M, Grégoire, Christophe Maé et les autres.
De quoi faire tourner la tête n’est-ce pas ? Détrompez-vous. Le talent de l’homme à la voix caméléon n’a d’égal que sa gentillesse et son accessibilité. L’objet sacré que constitue le DVD du spectacle dédicacé à mon intention et les quelques mots que j’ai pu échanger avec lui en sont la preuve définitive. Le contraste entre la bête de scène qui se jette dans son public et le jeune homme timide qui se cache derrière son bonnet et ses lunettes une fois les lumières éteintes est saisissant.
Comme il le dit dans de nombreuses interviews, il travaille sérieusement les voix qu’il tient déjà car il a parfaitement conscience du fait de pouvoir les perdre, et a à cœur de ne jamais « imiter » (bien qu’il ne soit pas un grand fan de ce mot) la voix de quelqu’un s’il ne le fait pas à la perfection. Et bien sûr, comme tous les artistes du XXIème siècle qui se respectent, son spectacle est en constante évolution pour éviter la lassitude (et très certainement par souci du détail).
Le jeu de lumière s’améliore, les prestations sont agrémentés d’images d’archives et certaines chansons ou artistes disparaissent provisoirement pour laisser la place à d’autres. C’est un mélange savant de comique et de performances vocales, un spectacle drôle avec l’étoffe d’un concert parmi les meilleurs. Il y a tout : les moments qui donnent envie de bouger ton corps, les chansons plus émouvantes et même le quart d’heure intimiste, où les musiciens se regroupent autour de l’artiste pour nous procurer des émotions intenses. Justement, les musiciens, parlons-en. Franck Ridacker, Étienne Guéreau, Nicolas Caumon et Silvio Marie -respectivement à la batterie, au piano, à la guitare et à la basse- sont indispensables et ne donnent pas l’impression de n’être que de vulgaires meubles Ikéa. On sent vraiment leur présence et c’est un énorme plus.
Au départ je vous avais concocté une petite liste non exhaustive des artistes qu’il est capable de reproduire, et puis j’ai changé d’avis. C’est parfois mille fois mieux d’avoir la surprise, et si vous n’aimez pas les surprises, Youtube can help you !
Tout ce que je peux dire, sans spoiler le spectacle, c’est qu’il rend hommage aux plus grands et se moque gentiment des artistes actuels. Il s’autorise à vexer certains dont c’est la fête tous les soirs (comme Christophe Maé que je ne citerai pas, par exemple), mais surtout pas à les blesser. Si cela devait arriver il préfèrerait arrêter de jouer son sketch.
Je terminerai en disant que Michael Grégorio n’est rien de moins qu’un magicien qui déclenche l’étonnement et l’admiration partout où il laisse échapper des notes. Son génie ? Nous donner l’illusion qu’on passe de John Lennon à Ray Charles ou de Prince à Vincent Delerm aussi bien au niveau de la voix que de l’attitude avec facilité, genre « ouais même pas mal », alors qu’il y a énormément de travail et de rigueur derrière tout ça.
L’aventure du Bataclan a pris fin le 31 décembre MAIS si par bonheur il passe par chez vous au cours de sa tournée qu’il a entamé depuis le 15 janvier, n’hésitez pas !
https://www.youtube.com/watch?v=VYqG3pZP8RU
— Allez également voir le MySpace de Barcella, sa première partie !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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