TW : viol, agression sexuelle
Dans le cadre d’une nouvelle enquête, parue le 4 mai 2023, Mediapart a recueilli les témoignages de plusieurs femmes qui mettent en cause le dessinateur de bandes dessinées Florent Ruppert. Ce dernier avait déjà été visé par deux plaintes pour « viol » et « agression sexuelles », classées sans suite l’année dernière. Il continue de nier en bloc.
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Manipulation et impunité
Les témoignantes ont des récits similaires. Âgées d’une vingtaine d’années au moment des faits, elles ont croisé la route de l’auteur dans l’univers des nuits parisiennes, que ce dernier fréquente assidument. Elles racontent à Mediapart leur « sentiment d’avoir été « manipulées » par un homme décrit comme « charismatique », « impressionnant » et « sans limites », auquel elles se sont parfois attachées ».
Malgré le classement sans suite des plaintes qui visaient Florent Ruppert, Mediapart dépeint le craquèlement progressif d’un milieu qui n’est pas dupe des abus qui y prennent place. L’élément déclencheur est certainement l’affaire Bastien Vivès, qui éclate pratiquement au même moment :
L’affaire ressurgit dans les conversations du milieu de la BD quelques mois plus tard, lorsque ce dernier, jusqu’ici hermétique au mouvement #MeToo, commence à se diviser sur le cas d’un autre auteur, Bastien Vivès […] L’affaire Bastien Vivès et les débats qu’elle a provoqués autour de la liberté d’expression et de création ont convaincu plusieurs personnes de se tourner vers la presse.
Mediapart, #MeTooBD : Florent Ruppert est mis en cause par plusieurs femmes. 04/05/2023
« Un système patriarcal mortifère »
Auprès de Mediapart, l’avocate d’Inaya (qui avait porté plainte pour viol après avoir été sodomisée contre son gré, poings liés, suspendue au plafond, les yeux bandés), dénonce le traitement juridique de l’affaire : « cela démontre une nouvelle fois l’absence de reconnaissance par les magistrats du parquet de la gravité de ces actes et des souffrances conséquentes endurées en silence par les victimes dans un système patriarcal mortifère », estime-t-elle.
Comme d’autres jeunes femmes interrogées par Mediapart, Inaya s’est sentie réduite à l’état d’objet, méprisée et privée de sa liberté de consentir. « Dans le cadre des rapports sexuels, j’avais souvent l’impression qu’une fois lancés, il n’y avait plus d’endroit pour dire stop, à moins que le corps ne s’en charge », rapporte une autre témoignante. Une troisième femme raconte quant à elle cette fois où, plaquée au sol de force par Florent Ruppert, ce dernier lui a assené « une bifle ».
La liste des faits qui lui sont reprochés est aussi crue que longue.
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