« Je pense que le Me Too du vin, on est en plein dedans », affirme Isabelle Perreaud, vigneronne et présidente de l’association Paye ton pinard. Sur son compte Instagram, l’association relaie des témoignages de sexisme, de violences sexistes et sexuelles, d’ « homophobie, transphobie, racisme, et validisme dans le monde du vin ». Un sexisme ambiant que la présidente décrypte face caméra pour Konbini, aux côtés de trois autres témoignantes, dans une vidéo postée le 4 novembre.
Des hommes du vin « starifiés », des professionnelles discréditées
Ex-sommelière, vigneronnes, entrepreneuse… Les quatre témoignantes ont des profils différents, mais relatent une réalité similaire. Celle d’hommes du vin « qu’on a starifiés », « encensés », et qui bénéficient, aujourd’hui encore pour certains, d’une impunité glaçante.
Elles décrivent un univers très masculins, où elles sont dévalorisées, exclues d’un savoir-faire considéré « sacré » et hors de leur portée. Où l’on nomme les cuvées « gros lolos » ou « GHB », où le mainsplaining est roi, où les témoignages d’agressions sexuelles dans le milieu fusent.
Fleur Godart, entrepreneuse dans le vin nature raconte par exemple cette fois où son patron l’a droguée puis embrassée sans son consentement. Chloé, dont l’identité est préservée, raconte cette soirée où, partie chercher une bouteille à la cave avec une personnalité influente du milieu, ce dernier se serait masturbé devant elle.
Le schéma se répète : les agresseurs présumés mettent cela sur le compte de l’ivresse. Pourtant, l’alcool n’a rien d’une excuse. C’est même une circonstance aggravante, rappelle Isabelle Perreaud.
Un avant et un après le procès Sibard
Pour Fleur Godart et Isabelle Perreaud, il y a eu un virage important dans la libération de la parole dans le milieu du vin avec le procès Sibard, un an avant Me Too. En 2017, le responsable des Caves Augé, Marc Sibard, est en effet condamné pour harcèlement sexuel, moral et agression sexuelle à un an de prison avec sursis.
Une victoire importante, selon Isabelle Perreaud, puisque les comportements de Marc Sibard étaient de notoriété publique, et que sa condamnation montrait alors que personne n’était réellement intouchable.
Pour briser le silence qui perdure et endiguer la culture sexiste qui gangrène le milieu, les quatre témoignantes invitent donc les victimes à parler, et à chercher du soutien auprès d’associations comme Paye ton pinard.
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