En 2003, la militante américaine Tarana Burke cofonde l’association Jendayi Aza, qui deviendra en 2006 Just Be Inc., et dont l’objectif est d’accompagner les petites filles et les adolescentes noires issues de quartiers populaires dans leur accès à la santé, ainsi que lutter contre les violences sexuelles qui leur sont infligées. Lors de cours qu’elle réalise auprès de petites filles, Tarana Burke recueille de nombreux témoignages de violences sexuelles et lance finalement Me Too en 2007, un mouvement visant à dénoncer ces violences, notamment à l’encontre des minorités. Le mouvement Me Too est né, mais restera très peu médiatisé à l’époque.
En 2015, coup de tonnerre aux États-Unis, où 35 femmes accusent, en couverture du « New York Magazine », l’ancienne star de la télévision Bill Cosby de les avoir droguées puis violées entre les années 1960 et 2000.
Un an plus tard, l’excentrique milliardaire américain Donald Trump remporte l’élection présidentielle et devient président des États-Unis, face à la première femme candidate, Hillary Clinton. La campagne, d’une rare violence vis-à-vis de la candidate et des femmes en général, ne manque pas de faire réagir les féministes du monde entier. C’est le début d’une mobilisation d’ampleur en faveur de la protection des droits des femmes.
Le 21 janvier 2017, au lendemain de l’investiture de Donald Trump, plusieurs centaines de milliers de personnes se réunissent à Washington pour la « Women’s March on Washington », l’une des plus grandes manifestations de l’histoire américiane d’après le Time.
À la fin de l’année, tout s’enchaîne : l’affaire Weinstein est révélée par le New York Times qui publie, le 5 octobre 2017, des témoignages de femmes accusant le producteur de harcèlement sexuel pendant près de 30 ans, et révèle qu’il a passé des accords avec au moins huit femmes pour s’assurer de leur silence.
Cinq jours plus tard, le 10 octobre, le journaliste Ronan Farrow signe un article dans le New Yorker dans lequel l’actrice italienne Asia Argento ainsi que deux autres femmes affirment avoir été violées par Harvey Weinstein, activant une libération progressive de la parole, des actrices se joignant peu à peu à leurs témoignages.
Le 15 octobre 2017, Alyssa Milano (re)lance #MeToo
En France, le 13 octobre, Sandra Muller crée le hashtag #Balancetonporc, invitant les femmes à dénoncer le harcèlement subi notamment dans le cadre professionnel. Elle vise nommément Eric Brion, l’ex-patron de la chaîne Equidia, qu’elle accuse de drague obscène. Ce dernier lui aurait notamment écrit : « Tu as des gros seins, tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. »
Deux jours plus tard, l’actrice Alyssa Milano (re)lance #MeToo en partageant un tweet dans lequel elle invite chaque femme ayant été victime de harcèlement ou d’agression sexuelle à se signaler en twittant à leur tour, « Me Too ».
Le 29 octobre, l’acteur Kevin Spacey est accusé d’agressions sexuelles et de harcèlement envers de jeunes hommes à Londres.
À la fin de l’année, le Time Magazine consacre sa couverture à celles qu’il appelle « The silence breakers » (les briseuses de silence), mettant notamment en lumière Tarana Burke, à l’origine du mouvement Me Too en 2007.
Mai 2018 : Asia Argento témoigne publiquement contre Harvey Weinstein lors du Festival de Cannes
L’année 2018 s’ouvre sur une nouvelle « Women’s March » à New York, mais aussi à Paris, un an après l’investiture de Donald Trump et pour défendre les droits des femmes.
En avril, le prestigieux Prix Pulizer, qui récompense des journalistes pour leur travail, est attribué aux journalistes du New York Times qui ont été à l’origine des révélations concernant Harvey Weinstein. Le journaliste du New Yorker Ronan Farrow est également récompensé pour une longue enquête ainsi que la publication de nombreux témoignages.
Le 22 mai, Asia Argento prend à nouveau la parole et témoigne publiquement contre Harvey Weinstein lors d’un discours en clôture du festival de Cannes.
Le 25 mai, Harvey Weinstein est arrêté et inculpé pour un viol et une agression sexuelle présumés. Il sera remis en liberté contre un million de dollars et en acceptant de porter un bracelet électronique. D’autres procès sont toujours en cours.
Quelques mois plus tard, le 25 septembre, la première condamnation marquante d’un homme célèbre depuis le début de #MeToo intervient : l’acteur Bill Cosby est condamné à trois peines de prison de dix ans pour avoir drogué, agressé et violé des femmes.
En février 2020, lors de la cérémonie des Césars, Roman Polanski est récompensé par un César de la Meilleure réalisation. Une gratification qui intervient alors que l’acteur et producteur est reconnu coupable de viol sur mineure. L’actrice française Adèle Haenel, présente lors de la remise des prix, quitte la salle Pleyel dans un moment qui fera date, en criant : « La honte ! ».
Depuis, les langues continuent de se délier et la parole se libère, aux États-Unis, en France et dans le monde entier.
En France, le 10 mai 2022, des femmes accusaient d’une voix, sur le plateau de Médiapart, la star hexagonale du Paf Patrick Poivre d’Arvor d’agressions ou de harcèlement sexuels.
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