Enfin, la parole se libère à la Grande Muette. Ce jeudi 20 juin, un sous-officier ayant travaillé au sein du cabinet militaire de l’ancienne ministre des armées Florence Parly a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Il était poursuivi pour avoir harcelé sexuellement sa binôme et subordonnée, qui était alors âgée de 21 ans. Le tribunal de Paris a aussi condamné Julien M., 41 ans, marié et père de quatre enfants, à trois d’inéligibilité. Cela entraîne son de facto son exclusion de l’armée pour cette période et la perte de son grade. Le prévenu va aussi devoir suivre un stage de sensibilisation aux violences sexistes, et voit sa condamnation inscrite à son casier judiciaire.
« Il faut que je te baise » parmi les propositions quotidiennes
Lors de l’audience du 16 mai, le président du tribunal avait établi la liste des propositions sexuelles que Julien M. avait faites à la plaignante, et se sont produites en 2021 « de manière quotidienne et humiliante » : « Tu es mignonne dans ce pull », « Tu as un beau cul ». Parmi les autres propos tenus, souvent en présence de témoins : « Tu rigoleras moins une fois que tu te seras fait sodomiser », « Il faut que je te baise », « Si tu fais pas bien ton travail, je vais te baiser ».
Outre ces remarques relevant du harcèlement sexuel, Julien M. faisait à la plaignante des remarques récurrentes sur son physique. Il lui aurait également dit qu’elle « mouillait » en le voyant, en montrant une supposée flaque à ses pieds.
De son côté, le prévenu a reconnu des « blagues lourdes » qu’il a justifié par une « charge de travail et une charge mentale disproportionnée ». « J’ai perdu pied, mais ce n’est absolument pas une excuse », a-t-il ajouté.
« C’est une décision juste au regard des faits commis et des conséquences pour la partie civile qui ne retournera pas dans les rangs », a déclaré à l’AFP l’avocate de la victime, Me Elodie Maumont. « MeToo des armées ou pas, on devrait pouvoir obtenir ce genre de décision dans tous les dossiers de ce type. »
De son côté, la plaignante, qui a été mutée à Brest après avoir signalé les faits à sa hiérarchie en décembre 2021 et a confessé avoir fait deux tentatives de suicide l’année suivante, a déclaré à la presse que le verdict constitue « l’aboutissement de trois ans de colère et de peur, c’est un énorme soulagement ».
Plus de 200 signalements pour violences sexistes et sexuelles en 2023
Cette décision de justice intervient suite à la publication en avril d’un rapport de l’inspection des Armées qui appelait à mieux prendre en charge les victimes de violences sexuelles au sein de l’armée.
Rien qu’en 2023, 167 signalements pour violences sexuelles ou sexistes ont été adressés à la hiérarchie militaire. 59 sont parvenus à la cellule « Themis ». Créée en 2014, elle a pour but de recueillir les témoignages des victimes et veiller à l’application de sanctions, selon le ministère des Armées.
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