Ah, le foot, le sport qui fait ressortir le côté chauvin des supporters de manière tout à fait exagérée et parfois sans grand fondement. Lorsque les grandes compétitions commencent, on se découvre des origines, un amour sans limites pour un pays dans lequel on n’a jamais mis les pieds et on se pare des couleurs du drapeau qui nous touche le plus.
Ça, c’est facile quand on a qu’un pays dans son cœur, mais quand on est partagé entre ses origines, ça se complique. J’ai trois patries dans le sang… enfin, deux patries et une région montagneuse : France, Angleterre, Kabylie (mais pendant la coupe exceptionnellement je me range du côté Algérien de la force parce qu’on a pas d’équipe de Kabylie hein).
En ce qui me concerne, je suis atteinte de deux tares qui se manifestent en super combo en période de coupe du monde : 1) j’aime le foot 2) je suis une sacrée chauvine et souffre d’une forme de patriotisme poussée à l’extrême.
Le métissage est un gros avantage et ouvre quelques portes pendant les grandes compétitions sportives.
Victoire/Défaite, même combat
Le premier gros avantage du métissage en période de coupe du monde, c’est que plus t’as de diversité dans le sang, plus tu as d’équipes dans ton cœur. Ce qui fait que, si tu viens pas que des pays qui ont une équipe en carton, t’as toujours une chance de te rabattre sur les plus résistants. Exemple : mercredi il y avait d’un côté Angleterre – Slovénie et de l’autre Algérie – USA. L’Algérie a perdu, j’ai lâché ma petite larme, mais de l’autre côté l’Angleterre a gagné, alors j’ai fait la fête.
Cette année, l’équipe de France m’a un peu facilité la vie, du coup j’avais que deux équipes à soutenir et pas de gros dilemme, puisque le match Angleterre – Algérie est à effacer des mémoires tant il était ridicule. Et de toute façon, quand tu aimes les deux équipes qui s’affrontent sur le terrain, le score (à moins qu’il soit nul) te satisfait plus ou moins.
On a toujours un remplaçant sur le banc
L’équipe de France étant… ce qu’elle est, j’ai décidé dès sa qualification de ne pas soutenir ce qui ressemble à un groupe d’adolescents en colonie de vacances. Nous sommes actuellement en pleine procédure de divorce. Il est possible que dans un futur proche, nous nous recroisions à une soirée, et qu’un peu éméchées nous finissions dans mon lit, à se promettre de tout recommencer comme avant et qu’elle me dise « j’ai changé, tu verras, donne moi une deuxième chance, on peut y arriver toi et moi, on est plus fortes que ça ! » – mais pour l’instant j’ai décidé de ne pas la rappeler.
J’ai donc ce loisir de pouvoir me détourner des blessés pour me laisser tomber dans les bras de ceux qui ont meilleure mine tout en gardant mon intégrité de supportrice invétérée.
Le métissage créé des liens
En période de Coupe du Monde, les rapports humains s’intensifient. On s’aime plus que jamais, on s’unit tous sous un (ou plusieurs) drapeaux, on fait genre on est super contents pour son pote quand son équipe bat la nôtre (même si on insulte sa mère en cachette) – c’est joie bonheur et tolérance à tous les étages. J’attends de voir la même intensité à la prochaine marée noire.
Les métisses se retrouvent en fonction de nos origines. Pour le match Allemagne – Angleterre, j’ai rendez-vous avec un pote qui a un grand-père allemand. J’ai regardé le match France – Mexique en échangeant des textos avec une copine d’origine mexicaine (mais bon, j’étais pour le Mexique aussi). Les rassemblements entre potes se transforment en débats animés sur le niveau de telle équipe, « et toi avec ton nom chelou, t’es pas pour les arabes ? », « mais ta mère elle est japonaise alors fais pas genre t’es pour le Danemark ! », « et toi c’est pas parce que tu sors avec une grecque que tu peux cracher sur l’Argentine… ». Le tout évidemment teinté de millième degré.
Mais bon, pour être tout à fait honnête, il y a aussi quelques petits inconvénients…
On se mélange les pinceaux
Il est possible de s’embrouiller un peu quand les choses prennent trop d’ampleur et de développer des tendances schizoïdes pendant le visionnage d’un match. Exemple : vos deux équipes de coeur s’affrontent, il faut malgré tout faire un choix de supporter et c’est aussi impossible que de choisir entre Papa et Maman. Si jamais l’avantage est partagé entre les deux équipes, vous finissez par les haïr et les adorer en même temps. Vous hurlez après l’une, applaudissez l’autre… je confirme, ça peut éventuellement effrayer votre entourage.
Les galères vestimentaires
…On est sur un site de filles, oui ou non ? Bon. Difficile en période de coupe du monde d’arborer les couleurs de son pays sans ressembler à un gros beauf ou à un de ces guignols qu’on voit au 20h, faisant le con derrière l’envoyé spécial de la chaîne. Heureusement, la mode sera toujours aux côtés des femmes, si bien que j’ai pu me fournir chez New Look pour ma panoplie pro-rosbif. J’ai hésité à customiser une djellaba avec la croix de St George devant et un coq sur les fesses mais je me suis arrêtée à temps. Mais ce n’est pas toujours aussi simple. Ne serait-ce que pour le respect des codes de couleur… Alternative possible : une tenue neutre et une ardoise autour du cou avec les mots « Allez *insérez le nom de l’équipe correspondante ici * ».
Plus d’équipes = moins de temps
Suivre la Coupe du Monde ne veut pas dire suivre TOUS les matches de la coupe du monde, il ne faut pas abuser des bonnes choses. Mais plus on a d’équipes dans le cœur (ou dans le collimateur), plus on passe de temps devant sa télé, accroché à son portable, à traquer les bars qui retransmettent le match et autres pirouettes. Pire encore, quand deux de nos équipes jouent le même jour, à la même heure. Dilemme horrible. Et je te parle même pas de la relation amoureuse naissante…
– Écoute, si je t’ai demandé de venir, c’est parce que j’ai un aveu à te faire… Tu vois, ça fait quelques semaines qu’on se connait et j’aimerais vraiment qu’on aille plus l…
– PUTAIN ATTENDS FAUT QUE J’ME CASSE J’VAIS RATER LE MATCH !
Mieux vaut faire vœu de chasteté, après tout c’est qu’un mois tous les quatre ans.
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