Je suis d’avis qu’il n’y a pas de sot métier. Il n’y a pas de raison de toujours faire la part belle aux médecins, avocats, pilotes. Malheureusement la plupart des scénaristes ne semblent pas très emballés à l’idée de nous romancer l’histoire des métiers dit « difficiles », voire « ingrats ». Ils ont tort. Certains parviennent à les rendre sexy. C’est le jeu de la fiction et si ça peut susciter des vocations, pourquoi pas ?
Plombier
Je ne ferai pas durer le suspense bien longtemps : vous vous doutez que je vais vous ressortir le plombier le plus connu de l’univers, j’ai nommé Mario.
Je ne connais pas beaucoup d’enfants qui me disent « plus tard je veux déboucher des cuvettes de waters ». Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, les petits sacripants. Car l’entretien des canalisations est une activité passionnante et l’univers de Mario nous le prouve bien.
Être plombier c’est découvrir des kilomètres de tuyaux rouillés entrelacés où s’ébattent les champignons (de la calzone d’avant-hier), les bébés tortues (ramenées en toute illégalité d’un pays lointain avant qu’un sale gosse ne se lasse de leur présence), des plantes carnivores et d’autres monstruosités en tout genre. On peut ainsi partir réparer le siphon de l’évier d’un-e client-e et se retrouver nez-à-nez avec Bowser pour de vrai.
Vous voyez le goomba au dessus du tuyau rouge ? J’ai toujours trouvé que ça ressemblait à une petite crotte. Encore une preuve du réalisme de l’univers de Mario.
Dans Mario Sunshine notre plombier change de profession et devient agent d’entretien, karcherisateur ou égoutier, on ne sait pas trop. En tout cas son rôle se résume littéralement à nettoyer les hectolitres de bouse s’étant déposés de manière fortuite sur toute la surface d’une île.
Voilà ce qui arrive quand on n’entretient pas sa fosse septique! Donc vraiment, les enfants, si avec tout ça, vous n’avez pas la vocation, c’est que vous ne faites pas d’efforts.
Faudra dire à la mairie de Nancy de revoir la conception de ses bouches d’égout parce que là, c’est vraiment crado.
Ramoneur
On continue avec un autre genre de tuyauterie : les conduits de cheminées. Qui choisirait d’être ramoneur ? À première vue c’est un travail salissant, fatigant, dangereux, qui te laissera une retraite misérable pour soigner l’infection des bronches dont tu auras héritée.
Pourtant, il y a un homme qui semble adorer son métier de ramoneur. Cet homme, c’est Birt dans Mary Poppins. Ramoneur devient alors le job le plus cool de l’univers : on retrouve ses copains pour des séances de gymnastique sur les toits, on danse avec des jolies filles, on est plus près des étoiles. C’est beau.
Rassurez-moi, après cette séquence culte, je ne suis pas la seule à avoir envie de me reconvertir dans ce métier pour plonger ma tête dans la suie et lever les genoux bien en rythme ?
http://youtu.be/rZbimoK9q5c
Mineur
Il y a pire que ramoneur, il y a mineur, le métier pénible par excellence. Zola nous l’a bien démontré avec Germinal : être mineur c’est être un forçat, risquer sa vie, manquer de se dynamiter la tronche en forant, ou de se faire écraser par un wagonnet dont les freins ont lâché. Bref à 20 ans, tu es soit mort soit vétéran.
Par contre, Disney nous affirme sans sourciller que mineur c’est le top, du top. Tu « pioches, pik pok pik pok pik pok, du matin jusqu’au soir » avec plaisir (et les 35 heures alors ?). Les galeries sont étincelantes et piocher est, je cite encore, « le jeu préféré » des nains de Blanche Neige. Un JEU ?
Déjà, qu’est-ce qu’ils piochent les nains ? Du DIAMANT et des PIERRES PRÉCIEUSES. Ben oui : du charbon ou de l’uranium, tout de suite ça aurait été moins attrayant. Les joyeux lurons chantonnent et s’amusent de l’écho des galeries souterraines sans crainte de déclencher un éboulement. Répétez après moi : « les coups de grisou, on s’en fout ».
Voleur
Vous aurez remarqué que depuis le début de l’article, on effectue une montée en puissance vers des métiers toujours moins vendeurs. Il fallait donc bien qu’on en arrive aux professions immorales. Nombreux sont les films qui nous suggèrent que voleur/cambrioleur/truand c’est une très bonne situation. Bel exemple pour la jeunesse !
Il y a bien sûr Aladdin, la star d’Agrabah : tout le quartier l’aime et rigole avec lui, parce que chiper du pain c’est fort drôle. La moitié de la ville semble mourir de faim mais on chaparde dans la bonne humeur.
Que répondre à un enfant qui vient annoncer à ses parents qu’il veut être Prince des Voleurs ? On ne peut lui donner tort : tout le monde veut être Aladdin. Il est beau gosse, il finit avec la princesse, le tout sans faire d’études et en empêchant les braves commerçants de gagner leur vie. Un parcours au poil si on ne mentionne pas les coups de sabre qui manquent de le trancher en deux régulièrement. Même combat avec Robin des Bois (pour les enfants qui s’identifieraient plus facilement à un renard).
Au-delà des simples voleurs de pomme, il y a ceux qui s’en tirent vraiment bien. Tous ces « gentlemen cambrioleurs ». Arsène Lupin bien sûr, Fantomas, mais aussi l’équipe d’Ocean’s Eleven ou toute autre bande de malfrats de ce style. Des gens très intelligents et respectables. Il faut travailler à l’école si on veut casser des banques correctement !
Jamais personne ne mentionne la prison, les procès, les dommages et intérêts à verser aux victimes. Ça casserait le groove et ça briserait les rêves des enfants.
SPOILER : dans Arrête-moi si tu peux (Catch me if you can) Léo finit par être arrêté, mais rien que pour les quelques années de cavale ça valait le coup.
Et toi, quel métier te faisait rêver par le passé avant que tu ne te dises qu’il devait y avoir deux-trois détails qu’on avait omis de te mentionner ?
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