Toi aussi raconte ce que tu fais maintenant que tu es grande ! Envoie un mail à l’adresse [email protected] avec en objet « Maintenant que je suis grande, je… ».
Dans ton mail réponds au questionnaire ci-dessous, et n’oublie pas de mentionner ton âge !
- Qui es-tu et d’où viens-tu ?
- Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie (parce que c’est important de faire aussi autre chose) ?
- Et ton job alors, c’est quoi ?
- Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
- Pourquoi tu aimes ce que tu fais ? / Pourquoi tu as choisi de faire ce travail ?
- Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?
- Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qu’il me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
- C’est le fruit d’un parcours longuement réfléchi ou du hasard ?
- Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
- Est-ce que tu as une journée type ?
- Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?
- La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
- Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)
Eliette a 28 ans, elle est Bretonne et vit désormais en Savoie. Et maintenant qu’elle est grande, elle est ambassadrice du tri.
Tu n’as aucune idée de ce que ça signifie ? C’est bien normal, dit comme ça, ce n’est pas très parlant.
Éduquer au tri des déchets
Pourtant le travail d’Eliette est primordial, puisque c’est elle qui aide et éduque les foyers de sa collectivité au tri des déchets, entre autres…
Un travail peu connu et peu reconnu, qui est pourtant essentiel, surtout par les temps qui courent.
Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie ?
Je suis passionnée de couture (je fais tous mes vêtements) et d’une manière générale de DIY. J’adore tester de nouvelles choses et j’ai tendance à tout faire moi-même, de ma couleur et ma coupe de cheveux à mes cosmétiques et mes bonbons.
J’ai très envie de tester la fabrication de meubles et de fromage (aucun rapport entre les deux), mais j’attends d’avoir plus de place chez moi.
Et ton job alors, c’est quoi ?
Officiellement, mon poste s’appelle éco-ambassadrice, ce que je déteste car ça n’explique rien du tout. La plupart du temps, ce type de poste se nomme ambassadeur ou ambassadrice du tri.
Mais on peut m’appeler aussi animatrice du tri, ambassadrice tri et prévention, ou encore par plein d’autres noms.
Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
Actuellement, mon travail se résume à mettre en place plein de trucs pour que les gens trient mieux leurs déchets et en produisent moins.
Après c’est mon troisième poste de ce type, et je sais que les missions dépendent beaucoup de la collectivité qui t’emploie.
Choisir de devenir ambassadrice du tri
Pourquoi tu aimes ce que tu fais ?
J’aime le fait d’avoir un travail qui a du sens, qui est utile à la collectivité. J’aime aussi la polyvalence qu’il demande et le fait que je sois assez libre d’organiser mon temps et mes actions
.
Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?
Au début, je m’étais orientée en Hygiène Sécurité Environnement (de la sécurité industrielle, pour faire court) par hasard après un Bac S.
J’ai profondément détesté mes trois années d’études (avec un redoublement), mais un domaine m’intéressait : les déchets !
J’étais bien la seule de toute ma promo à aimer ces cours ! J’aimais le fait qu’il y ait beaucoup de choses à mettre en place et à inventer, et l’idée de trouver une utilité à des choses dont plus personne ne veut.
Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qu’il me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
J’ai fait moit-moit, je dirais.
J’ai choisi le domaine de travail et le poste, même si ce n’est pas celui où il y a le plus de possibilités d’évolution et où la paye est la plus élevée. Parce que je préfère le travail sur le terrain et l’animation à la gestion pure des poubelles.
Mais j’ai choisi de travailler en collectivité et non dans une association afin d’avoir quand même une stabilité et une assurance, d’autant plus qu’on m’a proposé un poste permanent, donc de me faire devenir fonctionnaire.
Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
J’en ai déjà parlé un peu au-dessus, mais j’ai d’abord fait un DUT HSE (Hygiène Sécurité Environnement), puis je me suis spécialisée avec une Licence Pro en Gestion des déchets (Rudologie, de son petit nom. J’adore ce mot !).
C’est un métier où tu apprends beaucoup sur le tas en fonction des opportunités. Il faut connaître le circuit des déchets et les différentes filières, mais beaucoup d’ambassadeurs commencent sans avoir de formation sur le sujet.
Comme c’est un travail assez « neuf », il n’existe pas vraiment de formation spécifique. Souvent les gens formés dans ce domaine viennent du HSE (côté plus technique et industriel), ou bien d’un BTS GPN (Gestion et Protection de la Nature, plus animations et contact avec le public).
Mon quotidien d’éco-ambassadrice, un métier de plus en plus important
Est-ce que tu as une journée type ?
C’est un des avantages à mon sens, les journées se ressemblent rarement. Je peux faire une animation dans une école, de la distribution de poubelles, du porte à porte, ou avoir une réunion avec des élus.
Il y a aussi évidemment du travail de bureau : la gestion de plusieurs projets en même temps implique pas mal d’administratif, et des moments moins classes, comme fouiller des poubelles sauvages pour mettre des amendes ou brasser du compost.
Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?
Je vois avec beaucoup d’enthousiasme la question des déchets devenir un sujet important, et ça, ça me rend jouasse !
Sinon, quand je vois à la fin d’une animation que les gens (enfants ou adultes) ont compris et veulent mettre en pratique ce que je leur ai appris, c’est toujours très gratifiant.
La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
Difficile à dire, mais je dirais la patience et le fait de relativiser les choses.
Il faut avoir conscience que l’on ne changera pas le monde en un jour, et que le travail dans une collectivité est très lent et procédurier sur pas mal de sujets.
D’autre part, on peut être confronté à des usagers difficiles ou en colère, et garder son calme en faisant la part des choses est très important dans ces cas-là.
Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)
Comme je l’ai dit plus haut, le salaire n’est pas mirobolant dans ce domaine, parce qu’on est vus comme « accessoires ». J’ai commencé au SMIC, et après un changement de poste, je gagne aujourd’hui autour de 1400 euros net par mois.
Et maintenant je me tais parce que j’adore mon boulot et que je pourrais en parler pendant des heures !
À lire aussi : Comment Aline, 21 ans, a réussi à réduire 6 mois de déchets au contenu de ce petit sac
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Les Commentaires
On en a une dans ma commune (je suis belge), et en plus de la prévention globale par des campagnes d'affichage, des articles dans le journal communal etc. elle fait également beaucoup de prévention chez les gens directement. Quand ils repèrent des ménages qui trient mal/sortent les poubelles le mauvais jour etc., ils sonnent, et ils expliquent comment il faut faire. Je crois que ça donne une dimension très sociale à son job, car de ce fait, elle tombe souvent chez des gens qui ont des difficultés de compréhension, de lecture ou autre. Il faut alors faire preuve de pédagogie, montrer, faire avec les gens... Elle me disait qu'elle est généralement relativement bien accueillie car elle arrive en disant "je suis là pour vous éviter les amendes", ce qui met souvent les gens dans de bonnes dispositions ^^
Et mes collègues font le même boulot dans les entreprises. Les histoires qu'elles racontent font halluciner : c'est clair qu'une entreprise manipule potentiellement bien plus de déchets dangereux qu'un particulier, sans être forcément plus formé (un menuisier indépendant ne sait pas toujours où jeter son vernis, le garagiste du coin ne connaît pas toujours la réglementation pour les huiles usagées...). Elles ont aussi l'air de trouver ça épanouissant : les gens sont contents d'enfin comprendre pourquoi ils doivent recycler tel déchet, comment s'y prendre, comment réduire les coûts et éviter les amendes...
Pour ma part, je fais le même boulot mais au sujet de la mobilité... j'en dit pas plus, j'ai envoyé un témoignage à @Oceane, il sera peut-être publié ;-)