Toi aussi raconte ce que tu fais maintenant que tu es grande ! Envoie un mail à l’adresse [email protected] avec en objet « Maintenant que je suis grande, je… ».
Dans ton mail réponds au questionnaire ci-dessous, et n’oublie pas de mentionner ton âge !
- Qui es-tu et d’où viens-tu ?
- Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie (parce que c’est important de faire aussi autre chose) ?
- Et ton job alors, c’est quoi ?
- Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
- Pourquoi tu aimes ce que tu fais ? / Pourquoi tu as choisi de faire ce travail ?
- Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?
- Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qui me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
- C’est le fruit d’un parcours longuement réfléchi ou du hasard ?
- Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
- Est-ce que tu as une journée type ?
- Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?
- La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
- Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)
Figure-toi que si tu as l’habitude de regarder des dessins-animés étrangers dans leur version française, c’est en partie à Marion que tu le dois !
Être adaptatrice, auteure, traductrice dans l’audiovisuel
Marion a presque 30 ans, elle vient de Lille et elle est adaptatrice.
Souvent la réaction des gens qui l’entourent quand elle parle de son métier mélange curiosité et étonnement.
Elle te parle donc de ce métier de l’ombre qui fait pourtant partie de notre vie à tous et toutes !
Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie (parce que c’est important de faire aussi autre chose) ?
J’ai la chance de retrouver mes passions dans mon boulot.
Mes trois passions principales qui ne sont pas super originales sont l’audiovisuel, la musique et les langues !
Et ton job alors, c’est quoi ?
Je suis adaptatrice ! Ou autrement dit, traductrice autrice.
Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
Tu vois quand tu regardes un dessin animé et que les personnages parlent en Français ? Eh bien c’est moi qui leur dit ce qu’ils doivent dire.
Faire le choix de travailler dans l’audiovisuel
Pourquoi tu aimes ce que tu fais ? / Pourquoi tu as choisi de faire ce travail ?
J’adore ce que je fais parce que c’est un métier passionnant qui change à chaque projet !
Et aussi parce que j’ai toujours voulu travailler en indépendante pour pouvoir rester libre et gérer moi-même mon temps, sans pression d’un employeur.
Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ?
Un peu, oui !
J’ai eu la chance de toujours savoir ce que je voulais faire plus grande. Jusqu’à mes 7 ans, c’était sûr et certain, j’avais trouvé le métier de rêve : j’allais être pianiste à Flunch.
Et puis à 7 ans, j’ai vu un film qui a blowé mon mind, Le Cinquième élément. Je l’avais vu en version originale sous-titrée en Français, je n’avais rien compris, et j’avais adoré.
Et c’est surtout grâce à ce film (et le making off à la fin de la VHS plus tard) que j’ai compris qu’un film, ce n’était pas un truc abstrait qui sortait de nulle part, mais un long processus de création qui implique plein de gens passionnés.
Donc à partir de ce moment, c’était décidé, j’allais être réalisatrice, ou du moins, travailler dans l’audiovisuel.
J’étais d’abord partie vers le montage en faisant un BTS montage et post-production, et c’est pendant cette formation que j’ai rencontré une traductrice adaptatrice qui a re-blowé
mon mind.
Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qu’il me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
Depuis toujours, je n’ai jamais pu m’imaginer faire un métier qui ne me passionnait pas, donc non, j’ai pas hésité.
Après, je suis très bien entourée, donc je savais que je n’allais jamais être à la rue : ça aide.
Métier d’adaptatrice : formation et quotidien
Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
J’ai fait un bac S option audiovisuelle, puis un BTS montage et post-production, et je suis repartie en licence d’anglais LLCE (langue et culture étrangère).
Ensuite j’ai fait un master 1 MéLexTra (étier du lexique et la traduction) et un master 2 MéLexTra TAC (spécialisé traduction audiovisuelle) à Lille.
Est-ce que tu as une journée type ?
Quand j’ai des épisodes, je me lève assez tôt, je me prépare mon gros café, et je m’installe à mon ordi.
En général, quand je reçois un projet, je me fais un petit planning jusqu’à la date du rendu. La plupart du temps j’arrive à m’y tenir.
Mais ça m’est arrivé pas mal de fois de me retrouver à bosser jusqu’à 3h du matin parce que la veille je me suis dit :
« Roh, c’est bon, je peux bien sortir me faire une petite bière en terrasse avec les potes. J’aurai le temps de finir l’épisode demain ! »
Pour l’instant, en travail de doublage, je n’ai travaillé que sur des séries d’animation, mais en voice-over, j’ai fait pas mal de télé-réalité américaine et anglaise.
Il y a 3 grandes disciplines dans la traduction audiovisuelle. Très rapidement :
Le doublage : on place un texte qui est synchrone avec les mouvements de bouches sur une bande rythmo qui défile avec la vidéo.
Le texte est lu par un ou une comédienne quand il passe pile sous la ligne rouge. On utilise des logiciels spécialisés tels que Mosaïc, Cappella, Rythmo…
Le sous-titrage : on place le texte sur la vidéo avec de nombreuses contraintes techniques (nombre de caractères par sous-titres qui varie en fonction de la longueur du sous-titre, laquelle doit être comprise en général entre 16 images et 4 secondes, sur 2 lignes max, avec un intervalle précis minimum entre chaque sous-titre, etc.).
Là on utilise principalement le logiciel EZtitles sur PC.
Le ou la voice-over : on place un texte sur une bande rythmo, mais cette fois, là synchro labiale n’est pas nécessaire.
C’est souvent utilisé pour le documentaire ou la télé-réalité, on met la voix VF au-dessus de la VO qu’on entend donc encore.
Je fais aussi du sous-titrage pour sourds et malentendants pour des séries M6, TF1, Disney Channel…
Il y a aussi des périodes où je ne reçois aucun projet : récemment j’ai eu un trou de presque 3 semaines.
J’avais pourtant relancé tous mes clients réguliers, c’est le côté très précaire du métier.
Travailler en indépendante
Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?
Avoir le temps de me faire le meilleur café du monde le matin.
Et puisque tu me le demandes : je mouds mon café avec le moulin du grand-père (RIP), j’en mets 3 cuillères dans mon filtre lavable (parce que zéro déchet, hein).
Tout doucement je verse de l’eau presque bouillante dessus jusqu’à la quantité voulue, je fais mousser un peu de lait d’amande, je verse mon café, et je saupoudre quelques pincées de cannelle dessus.
Le meilleur café du monde.
Ah, et aussi, être travailleuse indépendante me permet quand je veux de dire :
« Hop, je ne bosse pas ce mois-ci et je pars voyager »
Ce que j’ai fait avec abus ces deux dernières années.
Et on ne va pas se mentir, c’est cool d’avoir du contenu audiovisuel en avant-première, et ça booste le moral et l’ego quand les gens trouvent ton métier trop cool.
La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
Avoir une bonne discipline sur soi-même ! Si tu n’es pas capable de te faire des plannings de boulot et de t’y tenir, ce n’est pas pour toi.
Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)
Alors là, c’est très difficile à dire, moi-même je ne sais pas exactement combien je gagne par mois.
Il faut savoir que même si ce métier est beaucoup trop cool, le côté financier est parfois foireux : les tarifs baissent et baissent, les délais ne sont pas toujours fantastiques, et surtout, je suis parfois payée jusqu’à 6 mois après le rendu !
Mais pour parler concrètement, il y a des mois où je touche dans les 3000 euros, et d’autres où j’en ai à peine 300.
Si je fais une moyenne sur mes revenus de l’année 2018, je tournais autour de 1250 euros net par mois. En sachant que ça fait 3 ans à peine que j’exerce vraiment.
Ah, et aussi, il faut ajouter les droits de diffusion (quand ma traduction passe à la télé, je touche un pourcentage par la SACEM !), et ça, au fur et à mesure des années, ça peut peser !
Quelque chose que tu voudrais ajouter ?
J’aimerais juste noter que beaucoup de distributeurs font l’impasse sur les traducteurs adaptateurs professionnels pour le sous-titrage.
C’est comme ça qu’on se retrouve avec des sous-titres bourrés de fautes, qui ne respectent aucune norme du sous-titrage et qui sont donc illisibles.
Même sur des plateformes, films et séries à gros budget.
C’est pour ça qu’il faut insister sur le fait que la traduction est un métier très spécifique qui demande une formation spécifique.
Il ne suffit pas de savoir parler anglais et de bidouiller les logiciels pour produire un bon doublage ou un bon sous-titrage.
Ça, c’est un point très important pour moi.
À lire aussi : Ecrire était ma passion… Et c’est devenu mon métier !
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- Et ton job alors, c’est quoi ?
- Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
- Pourquoi tu aimes ce que tu fais ? / Pourquoi tu as choisi de faire ce travail ?
- Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?
- Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qu’il me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
- C’est le fruit d’un parcours longuement réfléchi ou du hasard ?
- Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
- Est-ce que tu as une journée type ?
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