La chaussette, cet être maléfique ! Alors, euh, ce n’est pas correct. La chaussette n’est pas un être, mais un objet… gnagnagna… FAUX. Un objet, par définition, ça reste immobile. Le pyjama victime d’un accident caca-pipi-vomi nocturne, par exemple, on le jette au pied de la baignoire en catastrophe et on espère qu’il trouvera tout seul le chemin du panier à linge sale. Malheureusement, il est encore là où on l’a laissé au réveil. Car le pyjama est un OBJET, il ne bouge pas. La vie, ce n’est pas Mary Poppins, les gars.
Les chaussettes au contraire se déplacent à leur guise dans la baraque et entament avec leurs jumelles une partie de cache-cache à 7 heures du matin. Je n’ai pas déjà suffisamment à faire avec la fratrie humaine qui vit sous mon toit, il faut en plus que je me coltine les problèmes de sororité de mes moufles de pied qui refusent de rester en paires. Peu importe combien de duos j’ai pu acheter récemment, je ne leur donne pas deux jours pour se désolidariser et rejoindre la foule de socquettes esseulées qui peuplent inutilement mes tiroirs.
Personnellement, j’ai deux théories sur la question : ou bien les chaussettes fusionnent dans un truc un peu freudien de sœurs qui se bouffent entre elles pour ne plus faire qu’une. Ou alors la chaussette droite (enfin, j’espère que c’est la droite, vu que je suis plutôt team #àgauchetoute) se change en couvercle de boîte en plastique. Ce qui est tout à fait possible considérant le nombre de couvercles dont je dispose dans le placard dédié et qui ne correspondent à aucune boîte. Encore un « objet » dont le potentiel maléfique est sous-estimé et peut-être l’objet d’une future chronique ?
Les gens sont dingos, je ne vois que ça
Bref, chez moi, on porte des chaussettes dépareillées et la mésaventure aurait pu s’arrêter là parce que dans un monde normal, personne n’en aurait rien eu à cirer de ce qu’on met sous ses chaussures, mais non. Non seulement les chaussettes sont reloues, mais elles attisent des réactions absolument délirantes de la part de tout un tas d’individus.
En fait, je ne vois qu’une seule explication possible pour expliquer le fait que les gens soient aussi extrêmes en matière de chaussettes : ils sont sous influence. Dans la laine utilisée pour confectionner ces « objets », les reptiliens ont dû injecter une substance psychoactive et hallucinogène particulièrement efficace sur le public senior. Il suffit de voir la maîtresse de ma fille m’informer l’air outré que les chaussettes de la douce créature sont dépareillées.
La première chose qui me viendrait à l’esprit, serait de répondre « Et alors ? », mais l’institutrice a l’air de quelqu’un qui envisage de déposer une information préoccupante à l’ASE. Je comprends que mon rôle de bonne mère est en jeu et qu’il va vite falloir que je trouve une parade à la vérité qui est que personne chez nous n’est foutu de ranger les affaires des gosses correctement. Pour le moment, ma fille a 4 ans, je peux donc mentir éhontément en affirmant qu’elle m’a forcée. Ça passe pour cette fois.
Maintenant, place au bébé. S’il s’évite encore les regards outrés d’une enseignante psychorigide, il n’échappe pas aux commentaires de tous les boomers de mon bled qui veulent absolument savoir pourquoi je ne lui ai pas mis de chaussettes, ni de chaussures. Il fait 25 degrés et grand soleil, mais le lien avec la proposition précédente ne semble évident que pour moi. Il va avoir froid votre bébé, m’informe un policier des chaussettes qui a pris connaissance de l’existence de mon enfant il y a environ 20 secondes alors que moi-même le fréquente assidûment depuis 15 mois. Je lui explique que si le bébé avait froid, il nous le ferait savoir, puisqu’il est particulièrement doué quand il s’agit de signaler son inconfort, en témoigne la nuit que je viens de passer. Rien à faire, la règle est formelle : l’enfant DOIT porter des chaussettes.
Et franchement, si ça pouvait m’éviter de devoir discuter le bout de gras avec le tout-venant senior de ma ville, je lui foutrais ces foutues chaussettes, SI SEULEMENT j’arrivais à mettre la main dessus.
Image en une : © Christian Fickinger/Unsplash
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires