Mise à jour du 27 décembre 2017 – Le député Yves Jégo continue d’appeler à la signature de la pétition qu’il a lancée en faveur d’une option végétarienne dans les cantines. Le texte atteint désormais les 163 000 signatures.
Article original du 31 août 2015 – Si le diable est dans le détail, la défense de la laïcité dans les écoles françaises serait… dans les assiettes servies par les cantines scolaires.
Souvenez-vous : en mars dernier, Gilles Platret, le maire UMP (« Les Républicains ») de Chalon-sur-Saône, annonçait la suppression du menu de substitution dans les cantines de sa ville. Les jours où la viande de porc est au menu, tant pis pour celles et ceux qui n’en mangent pas.
La raison invoquée par les tenants de cette décision, c’est la défense du principe de laïcité.
Pour eux, prévoir un menu de substitution à destination des enfants qui ne mangent pas de tel ou tel aliment pour des raisons religieuses serait une entorse à cette valeur républicaine, inscrite au premier article de notre Constitution.
L’alternative végétarienne, la solution du consensus ?
Qu’ils se rassurent pourtant : il existe toute une frange de la population qui ne mange pas de porc pour de multiples raisons tout à fait laïques…
Alors autant je peux comprendre l’argument qui consiste à dire « si on commence à prendre en compte les convictions religieuses des uns et des autres, on ne s’en sort plus », autant, dans le cas des menus des cantines scolaires, la solution à cet épineux dilemme semble toute trouvée : une alternative végétarienne, pardi !
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Le député du Centre Yves Jégo, élu en Seine-et-Marne, a annoncé sa volonté de déposer une proposition de loi rendant obligatoire le service d’une option végétarienne dans les cantines. Et pour tester la popularité de cette mesure auprès des citoyen•ne•s, il a lancé une pétition sur Change.org.
Clique sur l’image pour accéder à la pétition
Le menu végétarien, l’alternative universelle
Je suis végane (et je ne mange pas que des graines, promis), donc je suis bien entendu on ne peut plus favorable à l’introduction d’une alternative végétarienne au menu des cantines scolaires.
J’ai vécu une année de terminale particulièrement difficile personnellement, parce que je ne voulais plus manger de viande, mais au bout de plusieurs mois, j’ai dû me résoudre à en consommer, certains jours où il était tout simplement impossible de ne pas en manger du tout.
Dire qu’il est extrêmement désagréable de se forcer à manger quelque chose qu’au fond de soi, on considère impropre à la consommation, serait un doux euphémisme.
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Le repas végétarien, une réponse pratique et saine au débat sans fin sur la laïcité
Le repas végétarien, et notamment végétalien (sans produits laitiers) convient à toutes les confessions religieuses (sauf la secte des adorateurs de charcuterie, désolée).
C’est à se demander pourquoi il a fallu attendre si longtemps, et une pétition de surcroît, pour que cette option fasse une entrée sérieuse dans le débat politique, alors qu’elle apporte une réponse pratique et saine à ce débat sans fin de la laïcité des menus !
Il doit bien y avoir des gens que ça dérange. Attendez…
Stéphane Le Foll, le ministre de l’agriculture, a tweeté ce message de soutien aux éleveurs français.
Il faut préciser que cette profession a récemment manifesté, et organisé toute une mobilisation en faveur des viandes françaises, qui n’a pas eu le succès escompté sur les réseaux sociaux : Sur Twitter, la journée de promotion des #ViandesDeFrance vire au pugilat.
C’est que la viande n’est plus la valeur sûre d’antan : produire et consommer de la bonne viande, ça coûte cher, et les cantines scolaires n’ont pas nécessairement le budget de s’approvisionner chez nos éleveurs locaux, qui respectent l’environnement et leurs animaux.
J’espère bien qu’on parle de soutenir ces éleveurs-là lorsque le ministre tweete ces mots, parce que l’élevage industriel intensif mérite davantage une remise à plat et une revue de sa réglementation qu’un « soutien » à travers le business des cantines scolaires !
Et je voudrais aussi qu’on me présente les parents qui préfèrent que leurs enfants mangent quotidiennement une viande issue d’un animal nourri aux farines et/ou aux céréales OGM (comme le soja).
Tout comme j’aimerais que le ministre de l’agriculture n’oublie pas AUSSI de soutenir tous les autres éleveurs et exploitants agricoles, qui produisent les fruits et légumes, les légumineuses, les céréales… bref : tout ce qui fait la richesse d’un régime végétarien.
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Je m’avance un peu dans l’analyse, car je n’ai pas les moyens de faire un sondage rigoureux ni une étude de marché, mais j’imagine qu’il serait plus intéressant pour tout le monde, producteurs et consommateurs, que les cantines françaises se mettent au bio. Certaines ont déjà essayé, et sans surprise, étant donné que le bio est plus cher, elles ont réduit leur consommation de viande rouge.
Abaisser les quantités de certains produits pour augmenter la qualité de l’ensemble, voilà un débat public sérieux qu’on pourrait avoir, autrement plus pertinent que de savoir si un plat de lentilles au curry menace la laïcité française.
Je ne dis pas « allez, passons au tout-végane dans toutes les cantines dès la rentrée prochaine », je dis qu’on pourrait avoir sur le sujet un débat beaucoup plus intéressant que de brandir le respect de la laïcité d’un côté (entre le hors-sujet et l’à côté de la plaque), et la défense aveugle de « l’élevage » comme s’il n’y en avait qu’une seule forme, qu’un seul moyen de le soutenir, et surtout, comme si c’était la seule filière digne d’un effort de consommation national…
D’autant plus que la proposition d’Yves Jégo n’est pas de supprimer les plats carnés, mais bien de rendre obligatoire le fait de proposer une alternative végétarienne.
Qui veut manger de la viande ou du poisson tous les jours de la semaine pourra toujours le faire, si tel est le choix de la cantine qu’il fréquente. On parle simplement de pouvoir opter pour un repas sans protéines animales, sans avoir à panacher dans son assiette.
Serions-nous prêt•e•s à ouvrir nos horizons culinaires ?
Les réactions au tweet de Stéphane Le Foll sont loin d’être unanimes.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le tweet du ministre n’a pas fait l’unanimité…
À en juger par le nombre de signatures déjà engrangées par la pétition d’Yves Jégo (plus de 100 000 à l’heure où nous publions), ainsi que certaines réactions au tweet du ministre de l’agriculture,
il semblerait que nous soyons prêt•e•s à l’avoir, cette discussion.
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L’émergence de ce débat est déjà une victoire pour les tenants du végétarisme, car dans le texte de la pétition, le député Jégo l’écrit noir sur blanc :
« Il existe en effet de très nombreuses possibilités culinaires pour que la dose de protéines nécessaire à chaque repas soit contenue dans des menus végétariens respectueux de la santé, du goût et des pratiques familiales. »
On n’a pas besoin de consommer de la viande pour équilibrer un repas
Ce n’est pas un scoop pour moi, qui suis végane depuis plus de trois ans, mais je vous avoue que je suis un peu fatiguée de devoir encore et toujours le répéter, en 2015, tant cette information est encore largement méconnue du grand public.
On n’a pas besoin de consommer de la viande pour équilibrer un repas ! Les nutritionnistes ont d’ailleurs revu leurs recommandations, en abaissant la fréquence des portions de viande conseillées.
L’école de médecine d’Harvard a édité une nouvelle « assiette type » allant à l’encontre des préconisations gouvernementales, qui continuent de prôner la consommation quotidienne de plusieurs portions de lait et de viandes.
Et comme elle a à cœur de diffuser ses recommandations santé le plus largement possible, la prestigieuse université américaine l’a traduite en vingt langues.
Tous droits réservés © 2011 Harvard University. Pour en savoir davantage au sujet de l’Assiette santé, veuillez consulter le site Web The Nutrition Source, du département de nutrition du Harvard T.H. Chan School of Public Health, ainsi que celui du Harvard Health Publications
Pour lire le détail de ces recommandations (et mieux comprendre ce schéma), rendez-vous sur cette page, en français s’il vous plaît ! Au sujet des protéines, on peut notamment y lire que :
« Le poisson, le poulet, les légumineuses et les noix sont des sources de protéines saines et polyvalentes qui peuvent être ajoutées aux salades et accompagnent bien les légumes dans une assiette. Limitez les viandes rouges et évitez les charcuteries, comme le bacon et les saucisses. »
En France, le son de cloche est différent, et il sonne un peu faux. C’est un décret conjoint du Premier ministre et du ministre de l’agriculture, de 2011, qui fixe la composition des repas servis dans les cantines scolaires.
Plusieurs associations de défense du végétarisme et/ou du véganisme avaient déposé un recours contre ce texte, qui fait obstacle à d’hypothétiques menus entièrement végé (aux termes du décret, le plat principal doit contenir un produit laitier : les intolérant•e•s au lactose vous remercient).
Le Conseil d’État avait débouté les associations, répondant notamment que :
« La restauration scolaire constitue un service public dont la fréquentation est facultative ; que les dispositions en cause, qui ont pour seul objet d’assurer la qualité nutritionnelle des repas proposés par les gestionnaires de ces cantines, lesquels comportent également, aux termes de l’arrêté, d’autres nutriments que les protéines animales, ne font pas par eux-mêmes obstacle à l’exercice des choix alimentaires dictés à leurs usagers par leur conscience »
Soit en clair :
- La cantine, tu l’aimes ou tu la quittes
- Ce texte fixe la composition d’un menu équilibré, et les menus avec de la viande sont équilibrés
- Il y aussi d’autres aliments que les protéines animales, et personne ne vous oblige à en manger. Rho.
Mouais.
Depuis 2011, nos pratiquent alimentaires ont évolué
Pour lire l’intégralité de la décision, c’est par ici. Le Conseil d’État fait respecter le droit, il considère à raison que le pouvoir exécutif n’a pas outrepassé sa compétence en fixant ainsi « la base » des menus des cantines.
Sauf que depuis 2011, de nombreux scandales alimentaires ont défrayé la chronique… Et on commence à savoir que manger de la viande rouge plusieurs fois par semaine n’est pas forcément la meilleure recommandation « santé » à faire.
Lorsque Pierre Mendès-France avait poussé la consommation de lait en France par les cantines scolaires, on n’avait pas accès à l’information comme aujourd’hui.
Cinquante ans après « Buvez du lait ! », si le plan du ministre de l’agriculture pour soutenir les exploitants français se limite à « Mangez des steaks ! », ça risque d’être un peu léger.
Les temps changent, mon bon monsieur !
Et toi, qu’en penses-tu ? Une alternative végétarienne au menu, ça t’intéresserait ? Pourquoi ? Le houmous est-il suffisamment républicain pour mériter sa place au buffet des entrées ?
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Les Commentaires
Mais sinon je valide ton avis
Et surtout ta position sur la laicité
En tout cas, tous les ans ça remonte à la surface, le gouvernement va bien être obligé de céder
Et Greenpeace lance une enquête sur la viande dans les cantines en ce moment-même !