C’est quoi le plus beau jour de votre vie ? Le mien était jusqu’à présent la première fois où je suis allée voir sur scène Le Roi Soleil au Palais des sports (il y en a eu trois autres fois après), mais depuis le samedi 7 avril 2018, ça a changé.
Ce samedi, touchée par la grâce, j’ai eu le privilège de déguster le repas imaginé par le chef Jean Imbert pour le Disneyland Hotel.
En tant que fan de Top Chef, imaginez la première partie de ma joie. Affectionnant l’univers de Disney, imaginez la seconde partie. Adorant manger, vous l’aurez compris : l’impatience et l’enthousiasme étaient de mise dans le RER A en direction de Marne-la-Vallée-Chessy.
Le menu Petit Jean est disponible dans le prestigieux Disneyland Hotel jusqu’au 7 juin 2018.
C’est un menu qui respecte une exigence qualitative biologique, et qui se déroule en douze séquences – ce qui signifie qu’on dépasse le cadre du traditionnel entrée-plat-dessert.
Une dimension ludique supplémentaire est apportée au repas, puisqu’il est accompagné de petites cartes, comme des cartes à jouer – à ceci près qu’on est très loin de pouvoir jouer au tas de merde avec celles-ci.
Sur le recto, il y a une image tirée du dessin animé auquel Jean Imbert rend hommage. Sur le verso, la description du plat.
On peut donc jouer aux devinettes, essayer d’imaginer quel sera le contenu du plat, se faire du teasing en choisissant ou non de regarder les cartes suivantes, et s’insurger à l’encontre des personnes à table qui spoilent – c’est convivial et ça tisse des liens !
Mais avec flegme car il faut rester mondain
Chaque plat était un ébahissement total. Je n’ai jamais eu autant conscience d’être dotée de papilles gustatives que ce jour-là. J’ai compris pourquoi j’occupais ma place sur Terre.
Si vous ne souhaitez pas être spoilé•es par le contenu du menu Petit Jean, ne poursuivez pas la lecture de cet article. Mais quittez la page en retenant que c’était un ravissement culinaire absolu qui inspire énormément d’amour pour son prochain.
Si vous souhaitez vous donner envie et partager avec moi un peu de magie de Disney, laissez-moi vous raconter les neuf leçons que j’ai retenues sur la cuisine à travers les plats savoureux de Jean Imbert.
Pourquoi choisir quand tu peux tout avoir grâce au menu Petit Jean à Disneyland
N’étant pas familière des grands restaurants, c’était la première fois que je me retrouvais confrontée à un menu gastronomique en plusieurs temps. Lucie découvrait ainsi la vie après avoir mangé pendant 25 ans de la semoule au beurre.
La première pensée qui m’a traversée, c’est que j’ai trouvé ça incroyablement malin, en tant que grande indécise, de ne pas demander à faire choisir entre différents plats, de ne pas faire hésiter si on s’accorde ou non une entrée – et surtout de donner accès à plusieurs desserts !
Vous aviez bien lu PLUSIEURS dessertS
Les quantités sont de fait intelligentes. Comprenez ici qu’il ne s’agit pas d’une protubérance alimentaire digne d’un repas de Noël en famille.
Je suis repartie avec la peau du ventre bien tendue (et une légère envie de sieste) en vidant toutes mes assiettes, mais j’ai quand même pu faire une heure après le Rock’n’Roller Coaster, en conservant dans mon estomac tout ce que j’avais pu manger, puisqu’il convient de le préciser !
Prends le temps de manger, c’est agréable
Dans la mesure où les quantités étaient plus réduites que s’il s’agissait d’un seul plat principal, et parce qu’il est évident que les saveurs sont particulièrement recherchées, le menu Petit Jean se déguste.
Pas question ici d’engloutir son repas jusqu’au signal de satiété. Chaque bouchée compte pour honorer le produit et la transformation qu’il a subie. Je n’ai jamais été aussi lente pour manger !
Ni aussi silencieuse, d’ailleurs. Je crois que c’est ça, trouver la foi.
C’était très agréable mais surtout complètement inédit de laisser chaque saveur exploser en bouche, de percevoir chaque nuance avec l’aide précieuse de ses papilles.
Moi avant
Moi maintenant
Et c’est aussi une prise de conscience qu’un repas se savoure, qu’il est un moment de plaisir à soi que l’on s’accorde. C’est du développement personnel en somme !
Inspire-toi de ce que tu aimes sans te soucier des codes
C’est Jean Imbert lui-même qui est arrivé avec cette idée géniale de reprendre les films de Disney à travers la cuisine pour le proposer à Disneyland.
Quelle belle initative que celle de s’inspirer de ses souvenirs d’enfance, principalement, et de tout un univers féérique pour créer !
J’ai aussi beaucoup apprécié la capacité du chef à livrer un menu gastronomique, tantôt très raffiné dans la présentation (comme la séquence autour de Mulan par exemple) et tantôt totalement régressif (à l’exemple des spaghettis iconiques de La Belle et le Clochard.)
Jean Imbert s’adresse avec son menu aux adultes que nous sommes devenu•es (ceux qui adorent quand il y a des fleurs comestibles dans leur plat) mais il fait appel tendrement à l’enfant qui sommeille en chacun.
Pour cela, il nous fait vivre un rêve éveillé à travers des mets en apparence simples (en apparence, car les boulettes des spaghettis ont tout de même été confites pendant des heures) mais dont le goût nous explose le cerveau de dopamine !
Les choses simples sont les meilleures (et ce n’est pas qu’un dicton)
Je ne cuisine quasiment pas dans ma vie (hormis de la pâtisserie quand j’ai accès à un vrai four), et parmi les raisons à cela, il y a d’une part le fait que je n’ai aucune inspiration, et d’autre part que je me mette une pression de dingue pour réussir un plat travaillé et/ou original.
Ce que prouve Jean Imbert, c’est que si toi aussi tu es dans le même cas, eh bien nous n’avons aucune excuse. Pardon.
Certains de ses plats étaient en soi simples, et pourtant d’un goût délectable qui faisait écarquiller les yeux de surprise satisfaite, grâce à la sélection de produits de qualité.
Je pense ici au premier plat, inspiré de Raiponce. Pour reprendre la chevelure blonde et magique de la princesse, le chef a fait frire du poireau. Tout simplement. Et c’était délicieux ! Des filaments de poireau ! Frits ! Délicieux !
Moi quand je réalise que ce sont des filaments de poireaux qui me rendent heureuse
Dans la même veine, la séquence consacrée à
Pirates des Caraïbes consistait en de l’ananas rôti au rhum. Un ananas juteux, cuit juste ce qu’il faut, riche en goût. Ni plus, ni moins.
Celle sur Winnie L’ourson faisait référence au mammifère à travers des petites gouttes de miel du Gâtinais, qui accompagnait du comté 24 mois. Je fais comme si j’étais habituée à sélectionner mon frometon sur son nombre de mois mais la vérité, c’est que j’ai compris grâce à ce plat qu’en fait, ça comptait.
La priorité en cuisine est donc de trouver de bons produits et de réussir à les mettre en valeur. Pour le reste, pas la peine de se mettre une pression absurde (ou de faire preuve de mauvaise foi).
Tout est bon à prendre en cuisine : TOUT !
Dans la même veine que la leçon précédente, non seulement les choses simples sont en mesure de faire mouche, mais il faut garder à l’esprit qu’un produit peut révéler bien des secrets.
J’ai été épatée par le bouillon d’épluchures de légumes, servi dans une théière à l’effigie de Madame Samovar – réalisant ainsi le fantasme enfantin unanime de voir sa théière prendre vie, à peu près.
Jean Imbert a incorporé les épluchures de tous les légumes qu’il a utilisés pour son menu pour élaborer son bouillon, l’agrémentant d’anis et de cannelle.
Comme quoi, ce n’est pas qu’une épreuve de Top Chef de ne rien jeter : ça fonctionne vraiment de réutiliser ce qu’on a tendance à mettre directement à la poubelle, et ça devrait plaire aux adeptes du zéro déchet !
La cuisine, c’est aussi une affaire d’audace
Si d’un côté, Jean Imbert a choisi des produits simples en misant sur leur qualité, certaines créations démontraient d’une recherche dans le goût et une audace qui détonnaient par rapport aux saveurs plus ordinaires (et encore plus avec la semoule au beurre).
Aurais-je pensé manger un jour un sorbet au potiron ? Eh bien non.
L’un des temps forts et inoubliables de ce repas était la pomme empoisonnée imaginée par le pâtissier Cédric Grolet. Elle consistait en une coque de beurre de cacao (moins sucrée que le chocolat blanc) qui dissimulait un cœur aux fruits rouges et au basilic.
Vous n’imaginez pas le courage qu’il a fallu puiser au fond de ses tripes pour réussir à briser cette merveille ! Élise, en dégustation avec moi, m’a confié avoir voulu la mettre sous cloche, comme la rose de La Belle et la Bête.
J’y vais. J’y vais pas.
Les saveurs étaient bouleversantes, puisqu’il s’agissait finalement de manger des fraises au pesto ! Mais c’était raffiné, d’une subtilité folle ! J’en aurais pleuré, tant j’étais reconnaissante envers le cosmos de m’offrir un tel moment de plénitude.
Moralité : il faut sortir de sa zone de confort alimentaire pour tenter de nouvelles expériences de goût, c’est renversant !
Ne te fie pas à tes souvenirs d’enfance
Je parlais d’enfance un peu plus haut, et de repas régressif. Pour le coup, le menu de Jean Imbert m’a fait comprendre que je ne devais pas fonder mes goûts culinaires sur mes souvenirs.
Le plus bel exemple de ce repas est la ratatouille. J’ai toujours haï la ratatouille, car elle contient beaucoup trop de légumes à mon goût.
Mais celle de Jean Imbert était très belle esthétiquement, et puis je lui ai fait une confiance aveugle, me doutant qu’elle serait tout de même bien différente des autres. Et je pense pouvoir affirmer que ça a été le plat que j’ai préféré de tout le repas !
Les goûts changent avec le temps, et tous les parents ne sont pas des chefs de restaurants 4 étoiles : forcément, il y a plein de saveurs à découvrir, mais pour cela, il faut savoir surmonter ses a priori !
Ne néglige pas les accompagnements !
Ce que m’a donné envie de faire Jean Imbert avec son menu, c’est d’accorder une plus grande importance à ce que je sirote quand je mange un plat de qualité supérieure par rapport à la moyenne.
L’association entre le vin rouge et le fromage est bien connue, mais dans le menu Petit Jean, le vin et le champagne bio, sélectionnés précisément pour chaque plat, venaient totalement sublimer le goût et lui apporter une toute autre dimension.
Moi en découvrant qu’un vin ROUGE s’associe à merveille avec la pomme empoisonnée de Cédric Grolet
Et la féérie de Disney, c’est aussi celle de voir ton verre se remplir comme par la magie d’un Merlin l’Enchanteur – dans ce cas précis, c’était celle de l’équipe de salle.
Certes, c’est compliqué pour ses propres soirées d’avoir un vin pour chaque plat, le budget est rapidement explosé. Néanmoins ça mérite vraiment d’y accorder de l’attention !
À lire aussi : Comment faire semblant de s’y connaître en vin pour ne pas avoir l’air con au restaurant
Il existe aussi une expertise pour associer à ses plats de la bière, et pour celles et ceux qui ne boivent pas d’alcool, cela se fait aussi avec le thé ! C’est une manière d’envisager la cuisine d’une toute autre manière, d’aller plus loin dans la notion de goût.
Par ailleurs, et dans un autre domaine, le pain était succulent, tout comme le beurre au piment d’espelette. C’était si bon que si j’avais pu manger du pain au beurre tout le repas, j’aurais été enchantée. Ça semble être un détail, mais ça apporte un vrai plus aux plats.
Se faire plaisir en mangeant, ça fait du bien
Alors je vais faire preuve de transparence avec vous : sans madmoiZelle, je n’aurais certainement jamais eu la possibilité d’aller manger un tel menu en sortant l’argent de ma poche, puisqu’il réclame la coquette somme de 150 euros.
Néanmoins, je suis ressortie de la table en me disant que j’avais envie, encore plus qu’avant, de chercher de bons restaurants pour bien manger.
C’est une source de plaisir totale, bien qu’éphémère – mais c’est finalement similaire à débourser tous ses euros pour une heure et quelques de concert.
Alors je n’hésiterai plus à mettre parfois le prix, ou à demander à me faire offrir des restaurants gastronomiques quelle que soit le prétex… l’occasion !
Et toi, est-ce que tu te rends dans des restaurants gastronomiques ? Si oui, qu’est-ce qui te plaît ? Si non, pourquoi ?
À lire aussi : Chroniques d’une fille qui aime (un peu) trop manger
Les Commentaires
J'avait l'impression de redécouvrir le goût, un plat fait avec des ingrédients tout bête se révèle avoir des saveur totalement inatendues. Et ce qui fait plaisir aussi, c'est quand le chef te raconte, où il trouve ses produits (dans ce restau c'était tout local et bio), comment il a eu l'inspiration pour tel plat... quand il parle de sa passion quoi!