Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Diaphana. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
– Certains prénoms ont été modifiés.
Ce 21 décembre sort La Prunelle de mes yeux, une comédie romantique basée sur un mensonge : celui de Théo, qui prétend être aveugle pour se rapprocher d’Élise qui est non-voyante. Un mensonge qui ne sera pas sans conséquences… et pas des moindres.
À cette occasion, des madmoiZelles témoignent sur le plus gros mensonge qu’elles ont raconté, et les conséquences que cela a entraîné… ou non.
Mentir sur sa vie sexuelle
Les madmoiZelles qui ont témoigné ont été plusieurs à avoir menti sur leur vie sexuelle pour l’embellir. Soit elles avaient peur de se faire rejeter par un ou une partenaire parce qu’elles n’avaient pas beaucoup d’expérience, soit elles ne voulaient pas que leur cercle amical pensent qu’elles avaient un « retard » sexuel.
C’est le cas de Marie :
« Après le lycée, un peu amochée par les années ingrates de l’adolescence, je suis arrivée dans mes études supérieures avec un manque de confiance en moi assez énorme… Et pour épater mes nouvelles copines, je leur ai raconté que j’avais déjà fait un plan à trois avec deux mecs (chose que je n’ai jamais fait et que je ne pense JAMAIS faire tellement ça me mettrait mal à l’aise).
Au début j’étais assez évasive, et petit à petit j’ai rajouté des détails, j’ai enjolivé l’histoire, en disant bien sûr que j’étais un peu alcoolisée et que du coup je ne me souvenais pas de tout (ça arrange bien !).
Je l’ai ressorti pendant des années, je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour pouvoir encore épater un peu la galerie, mais je sais bien que c’est ridicule !
J’ai aujourd’hui 23 ans et j’assume désormais de dire que je prends mon pied en missionnaire et que je garde parfois mes chaussettes au lit ! »
Les mensonges des madmoiZelles avaient ainsi souvent pour but de se donner une importance, pour pallier un manque de confiance en elles et se conformer aux pressions sociales.
Mentir pour se donner de l’importance
À l’adolescence, Olivier a transformé un petit accident en une blessure courageuse :
« C’était la dernière semaine de ma colonie de vacances, un matin. Il y avait une trottinette électrique devant notre dortoir ; amusé et curieux, je me suis empressé de monter dessus… et j’ai glissé ! Je me suis alors pris un coin de plastique dans le pied, ce qui m’a fait deux beaux trous ensanglantés.
Le diablotin qui m’habitait à l’époque avait une grande influence sur moi, et j’ai raconté à tous qu’un serpent m’avait mordu le pied… Une animatrice a pris peur, a couru chercher le directeur de la colo, et j’ai atterri à l’hôpital en observation… C’était le gros stress, ils ont tout examiné sans rien trouver.
J’ai attendu deux heures avec le directeur, qui m’a ensuite offert un McDo (à une période ou j’y allais une fois l’an, ça se fête !). À mon retour, TOUT ce que je devais faire pour préparer le grand jeu de fin de colo était fait… Et tous étaient aux petits soins pour celui qui avait affronté le serpent ! »
Le sujet de la santé a en effet donné lieu à de nombreux mensonges dans ce genre, comme pour Élisa qui y a trouvé le moyen d’inverser des rapports d’amitié :
« J’avais 12-13 ans, et j’avais une amie (que je considérais comme ma meilleure amie) qui habitait dans un autre pays que le mien. Elle vivait des choses très difficiles, et j’étais toujours celle qui l’écoutait. J’étais l’amie qui est présente, mais qui n’a jamais besoin d’aide : j’étais transparente.
Et comme j’ai toujours eu un complexe d’infériorité, j’ai commencé à exagérer des choses.
Un jour, je suis tombée malade (rien de grave, mais mes parents m’ont emmenée à l’hôpital pour des examens) et j’en ai parlé tout naturellement. C’est là que ça a prit des proportions énormes : j’ai vu que ça l’intéressait, qu’elle s’inquiétait pour moi… et je me sentais importante.
J’ai donc exagéré le problème, et je me suis inventé une maladie. Elle m’a cru. Nous étions jeunes et, le plus terrible, elle avait confiance en moi. Et sans m’en rendre compte, j’ai profité de ça.
Je pense que c’est le pire dans cette histoire : je me suis servie de son amitié, et c’est mon regret le plus cher aujourd’hui. »
À lire aussi : Le mensonge, ses différentes formes… et les gens qui mentent
Et une fois le mensonge prononcé, Élisa a dû continuer à mentir et s’est vite sentie prisonnière de cette histoire :
« J’ai dû continuer de mentir, parce que ça aurait été bizarre sinon et parce que je continuais donc à avoir de l’importance — et j’en avais besoin (oui, c’est triste pour moi et horrible pour elle).
Je me sentais tellement nulle et inintéressante, comme les enfants qui hurlent ou frappent tout autour d’eux pour avoir de l’attention : le mensonge était ma violence, mon moyen d’attirer l’attention de cette amie qui comptait beaucoup pour moi.
Par la suite, j’ai bien essayé d’atténuer le mensonge en n’en parlant plus (je savais que je faisais quelque chose de mal, dès la première fois où je lui en ai parlé) mais comme elle s’inquiétait, je m’embourbais dans mon mensonge. Je me noyais dedans. »
Mentir pour cacher une vérité difficile
Parfois, le mensonge est cependant indispensable, et permet de gérer une situation difficile tout en en gardant la teneur secrète. Lola a ainsi menti pour cacher une vérité difficile :
« Ma mère était enceinte pour la sixième fois, et il y a eu des complications car elle ne prenait absolument pas soin d’elle ou du bébé (alcool et cannabis, quotidiennement et à haute dose…). Le bébé a perdu du poids dans son ventre, est né minuscule et en avance, et a dû rester deux semaines en services de néonatalité.
Ma mère a décidé de rester à l’hôpital le plus de temps remboursé possible, sans se préoccuper des cinq enfants qu’elle avait déjà à la maison car j’étais là. Mon père passait aussi tout son temps à l’hôpital avec ma mère, rentrant à peine nous voir et refusant d’emmener mon plus petit frère de deux ans avec lui parce qu’il était « trop chiant ».
J’avais 17 ans et j’étais en alternance à ce moment-là, j’avais donc une entreprise et un CFA. J’ai dû louper une semaine de cours pour m’occuper de toute la fratrie le temps que ma mère rentre : il m’était impensable de laisser le petit tout seul à la maison. »
Le CFA de Lola a fini par l’appeler, pour savoir pourquoi elle ratait les cours, d’autant plus que cela ne lui était jamais arrivé en deux ans de formation.
« Au début, je leur ai dit la vérité : ma mère a accouché, il faut que je garde les enfants. Puis il y a eu la question qui a tout fait basculer : « Et votre papa, il est où dans tout ça ? ».
Je ne me voyais absolument pas dire qu’il ne s’occupait pas de ses enfants, qu’on m’avait déchargé la lourde responsabilité, à presque 18 ans, de m’occuper de quatre enfants âgés de 2 à 14 ans pendant deux longues semaines.
J’ai bégayé qu’il avait eu un « petit accident », pensant à la naissance prématurée et ne voulant pas rentrer dans les détails… Sauf que la personne a compris accident de voiture. Ça s’est su, jusque dans mon entreprise.
J’ai reçu des tas de messages de soutien, de mon entreprise comme de mon CFA… J’ai menti jusqu’au bout, j’ai inventé une version qui collait avec ce que la personne au téléphone avait compris et je n’en ai jamais rien dit a mes parents, car eux ne voyaient pas le problème de rester tous les deux nuit et jour à l’hôpital alors que peu de temps après cet épisode, j’avais des examens à passer. »
Quand le mensonge est découvert… ou non
Pour les madmoiZelles, mentir s’est généralement fait tout naturellement, mais après, ce n’est pas forcément la même paire de manche.
Les mensonges d’enfants, comme celui d’Olivier qui avait prétendu s’être fait mordre par un serpent, n’ont pas de conséquence bien grave, même une fois découverts : quand il s’est finalement confessé à un ami et l’un des moniteurs, ils lui ont juste fait jouer le rôle du méchant lors d’une autre fête de fin de colo, ce qui lui a valu de recevoir une certaine dose de peinture et de farine.
Les mensonges plus gros sont pas contre autrement difficiles à porter, parce qu’ils engendrent beaucoup de culpabilité. Lola s’en est ainsi beaucoup voulu :
« Après ça, mon grand but a été d’éviter tout contact entre mon CFA, mon entreprise et mes parents. Avec le recul, je me rends compte que ça n’a pas été bien compliqué, mes parents se préoccupant bien peu de ce que je faisais dans ma vie de tous les jours, mais ça a engendré pas mal de stress pendant facilement deux mois.
Puis l’histoire est tombée peu à peu dans l’oubli, j’ai pu respirer et à nouveau mener une vie ordinaire.
Le plus « drôle », c’est que personne n’a jamais remis en doute le moindre fait de ce mensonge que je trouvais pourtant bancal. Tout le monde m’a toujours fait confiance. Je me suis sentie coupable un moment… J’avais peur du regard des autres sur moi à cause de ma famille, pourtant je n’étais pas responsable de tout ça. »
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Le mensonge d’Élisa lui a quant à elle coûté son amitié :
« Notre relation a changé. J’avais très envie de lui dire, mais je n’en ai jamais eu le courage. J’ai été lâche, et j’ai préféré me taire. Je crois que j’ai un peu saboté notre amitié parce que j’avais peur qu’elle le découvre. Après plusieurs années d’amitié, on s’est éloignées et j’ai coupé les ponts.
Je regrette vraiment ces mensonges, qui ont été stupides et blessants. Je me suis inventé une vie parce que j’étais triste et je me trouvais transparente. Je suis vraiment désolée d’avoir fait ça, et j’espère qu’elle me pardonnera si elle le sait. »
Et toi, c’est quoi le plus gros mensonge que tu as raconté ?
– Un grand merci aux madmoiZelles qui ont témoigné !
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Les Commentaires
Sinon ma copine a continué à mentir, pour tout et rien. Quand elle voulait éviter une corvée, un exposé, se rendre intéressante, et puis un jour elle a fait un gros mensonge grave, moi et d'autres amies on en a parlé à nos parents qui ont pointé du doigt les incohérences. On l'a confronté, elle a avoué mais le mal était fait... des années à mentir m'avait fait trop de mal.
12 ans après je me dis qu'elle devait avoir un sacré manque de confiance en elle, je pense honnêtement qu'elle souffrait de quelque chose. Au final ce sont plus les petits mensonges pour éviter de devoir faire ceci ou cela, ou me piquer un garçon, ou se faire bien voir par qqun d'autre, qui m'ont fait du mal.