Il ne lui restait que quelques heures à vivre avant de recevoir ce coup de fil.
C’est un soulagement déchirant qui a traversé la voix de Melissa Lucio lorsqu’elle a appris hier par le sénateur texan Jeff Leach que son exécution par injection létale prévue le 27 avril a été suspendue :
« Cela veut dire que vous allez vous réveiller jeudi matin. La décision de la cour d’appel était très forte, et il semble que vous aurez au minimum un nouveau procès », a annoncé Jeff Leach à une Melissa Lucio en pleurs.
Dans le couloir de la mort au Texas depuis quatorze ans, d’où elle n’a cessé de clamer son innocence, Melissa Lucio, aujourd’hui âgée de 53 ans, attendait son heure. Condamnée en 2007 pour le meurtre de sa fille de 2 ans, Mariah Alvarez, elle a fait les frais d’un procès bâclé et d’une justice expéditive qui a vu en elle, une coupable idéale : une femme pauvre, latina, vivant des aides sociales et consommatrice de drogues.
Depuis plusieurs mois, une vague de soutiens s’est mise en œuvre aux États-Unis, mais aussi à travers le monde, pour demander un rééexamen du dossier. Kim Kardashian a notamment pris la parole pour la défendre.
Un espoir qui renaît pour Melissa Lucio
Ce n’est donc pas une annulation de la sentence ni une grâce, et la justice devrait donc à nouveau se pencher sur l’affaire Melissa Lucio. Mais la perspective d’un nouveau procès permet d’avoir l’espoir de voir réparer les injustices qui entourent son cas, et qui avaient fait l’objet d’un documentaire en 2020, L’État du Texas contre Melissa.
Sa réalisatrice, Sabrina Van Tassel, expliquait récemment à TV5Monde à quel point cette affaire est emblématique des manquements criants de la justice aux États-Unis :
« Melissa Lucio représente l’erreur judiciaire aux États-Unis qui s’abat sur les plus pauvres, les noirs, les hispanos et toutes les minorités. Elle est en passe de devenir une icône. A travers son histoire, le gens se révoltent. Se rendre compte que l’on peut exécuter quelqu’un sur un tel manque de preuve, avec un procureur en prison et tout un système qui dysfonctionne a mis les Américains très en colère. »
À lire aussi : J’ai épousé un détenu condamné à mort, voici mon quotidien de « prison wife »
Crédit photo : L’Etat du Texas contre Melissa – Alba Films
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Que certains États appliquent toujours la peine de mort, euh.. allez, on va dire soit.
Ça s'entendrait (en partie) si c'était pour protéger la population.
Mais là, ils condamnent, voire tuent des innocents. Quel intérêt ? Ça ne protège personne !