- Prénom ou pseudo : Mélanie
- Âge : 39 ans
- Lieu de vie : en petite couronne d’une grande ville
- Orientation sexuelle et/ou romantique : hétérosexuelle
Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?
Cela fait 3 ans et demi que je me suis séparée de mon dernier compagnon.
J’ai enchaîné les longues relations entre mes 16 ans et mes 36 ans. Vingt années scindées en cinq grosses relations et quelques petites autres de plusieurs mois. En fait, j’ai toujours essayé de faire en sorte que ça fonctionne. Aujourd’hui, avec le recul, je me rends compte que j’ai beaucoup manqué de légèreté, dans le sens où je n’envisageais pas des relations comme des plans culs ou des histoires légères d’été, des amourettes. Si un mec s’intéressait à moi et que c’était réciproque, il fallait que l’on construise absolument quelque chose. Ce qui m’a valu de m’investir et de m’épuiser parfois dans des relations qui n’auraient mérité que quelques soirées et de bons moments… Rien d’autre.
Actuellement en pleine déconstruction sur le sujet de la place des femmes dans la société, sur le rôle ultra-nocif du patriarcat, sur l’épanouissement des femmes etc., je réalise à quel point mon regard sur le couple a changé. J’ai beau regarder autour de moi, aucun couple ne me fait rêver. Finalement, je crois qu’aucun couple ne m’a jamais fait rêver, et que lorsque j’étais en couple, je souhaitais tout faire pour créer le couple « parfait », celui que je ne trouvais déjà pas, à l’époque, autour de moi.
Comment décririez-vous votre célibat ?
C’est une façon de vivre totalement nouvelle pour moi. J’ai eu très peu de temps seule entre deux relations, car j’ai été élevée dans une société patriarcale. Pour moi, il fallait que je sois en couple, dans ma tête, il n’y avait pas d’autre possibilité. Du coup, mon célibat est bienveillant, on se découvre lui et moi, on s’apprivoise. J’ai eu beaucoup d’angoisses au début, car il était impensable pour moi de vivre sans amour, même si celui-ci était destructeur (comme c’était le cas dans ma dernière relation). Aujourd’hui, je réalise, et chaque jour un peu plus, que ce célibat est la plus belle chose qui m’arrive parce que l’amour est en soi, et autour de soi. Ma fille me donne tellement d’amour, et un amour si pur… J’apprends aussi à m’aimer, et je suis de plus en plus ma meilleure amie, ce qui fait vraiment la différence avec le reste de ma vie. Je dirais donc que mon célibat est une nouvelle étape de ma vie qui est complètement en train de chambouler – et en bien ! – le regard que je pose sur moi et sur les autres.
Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?
Oui, tellement ! J’ai beaucoup plus de temps, d’énergie et d’envie pour les autres ! Tout le temps que je passais à m’investir dans mes relations passées ne me permettait pas de prendre le temps que je passe aujourd’hui à vouloir faire le bien autour de moi, pour les autres. Je trouve que mes relations passées, même si elles m’ont apporté forcément pas mal de chose, m’ont enfermée dans quelque chose de très cloisonné, d’un peu égoïste.
Le célibat a-t-il un impact sur votre moral, au quotidien ?
Oui, mon célibat me rend heureuse, tellement ! J’ai l’impression de pouvoir tout faire et pouvoir compter sur moi-même me galvanise et me rend fière chaque jour un peu plus. J’ai longtemps – trop – pensé que seule, on était malheureuse et incapable de faire des choses. Je citerai la réplique d’une série que j’ai vu il y a quelques jours : être seule, ça ne veut pas dire se sentir seule.
Être célibataire vous permet-il de faire des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?
Tellement ! En fait, je fais ce que je veux. Pas en couple. Parce qu’en couple, il faut faire des concessions. Pour ne pas blesser l’autre, pour prendre soin de l’autre. Moi, dans les deux sens, je ne souhaite plus faire en fonction d’autrui, et je ne veux pas que l’on fasse en fonction de moi. On fait déjà tellement d’efforts en permanence pour faire plaisir à notre entourage, pour s’adapter aux contraintes de la société, du monde du travail…
À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ?
Le fait de ne plus être à deux, ça me freine surtout par rapport à certaines peurs. Par exemple, j’ai des envies de voyager loin, mais (pour le moment, les choses peuvent changer), je ne me sens pas de le faire sans un partenaire qui me connaisse, en qui j’ai confiance. Ça, c’est parce que je n’ai pas trouvé un ou une amie qui aurait les mêmes envies. Finalement, être en couple, c’est simplement être un binôme. Et un binôme, je peux en trouver un.e sans qu’il y ait des sentiments amoureux au milieu qui se mêlent ;)
Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ?
Pas du tout ! Vous l’aurez compris, peut-être que dans le temps je ne serais pas contre quelques rencontres un peu sympas. Cependant, pour le moment, je ne cherche rien ni personne, je kiffe vraiment mon célibat !
Ressentez-vous une forme de pression à chercher « activement » un ou une partenaire amoureux.se ?
Non, l’échec violent et complètement bouleversant de ma dernière relation fait que mon entourage me laisse tranquille (pour le moment) à ce sujet. Mes amies ont beaucoup ri lorsque je leur ai dit que je ne voulais plus personne dans ma vie. C’était il y a plus de 2 ans et elles commencent à réaliser que, peut-être, je ne bluffais pas…
Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ?
Plus aucune vie sexuelle depuis ma rupture. Et même si cela choque beaucoup de personnes autour de moi de savoir que je n’ai même pas eu de plan cul, pour ma part, cela ne me manque pas (vive les vibros ! ) et du coup bah… Je dirais que mon célibat m’apporte plus d’orgasmes que je n’en ai jamais eu auparavant. Au moins, avec mon sextoy, je ne me mets pas la pression de me dire « mince, j’espère qu’il n’a pas vu que je n’étais pas super bien épilée ou que j’ai quelques bourrelets ». Lui, il m’aime comme je suis. Et, par ricochet, je m’aime de plus en plus comme je suis. Mon célibat, c’est le meilleur coup que j’ai eu !
Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ?
Je vais peut-être le ressentir après mes 40 ans, lorsque l’on va me demander un peu avec insistance si je ne veux pas de 2e enfant (ce qui impliquerait, du coup, que je me remette en couple aux yeux de celleux qui pourraient me poser la question). On me l’a posé d’ailleurs il y a quelques jours… ça commence donc. Bientôt oui, je pense qu’une fois que mes proches se diront « bon, elle va mieux, elle est un coeur à prendre, elle est assez restée longtemps seule », j’aurais probablement des remarques. J’ai tellement morflé avec ma dernière relation que pour le moment, on respecte cette période de « remise sur pieds » de mon petit cœur. Mais, jusqu’à quand… ?
Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ?
Oui, le célibat a très clairement un impact sur mes finances ! En bien et en moins bien d’ailleurs. L’aspect très négatif de la chose c’est le fait de devoir tout payer seule : le loyer, les frais de voiture, d’assurances, d’électricité, de déco, de voyages, les frais scolaires etc… Être célib (maman solo ou non) c’est devoir subvenir financièrement à tout, seule. C’est parfois compliqué de ne pas avoir de soupape de secours si j’ai un mois ou deux difficiles, ça favorise une inquiétude et une angoisse… Et dans le même temps, l’aspect très positif c’est que cela me responsabilise beaucoup, m’autonomise, et j’aime le plaisir que ça me procure de ne pas me sentir redevable. L’argent que JE gagne, il est POUR MOI (et ma fille, évidemment). Pour MA déco, pour MON appart’, pour MA voiture, etc… Je me sens beaucoup plus libre et cela me valorise. C’est difficile, mais c’est également un challenge que je suis fière de pouvoir relever.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Je suis en pleine reconversion professionnelle. Pour le coup, j’ai souvent réussi, en couple, à faire respecter mes choix de vie pro. En revanche oui, quand j’ai du mal à me motiver pour faire quelque chose, que ce soit sur le plan pro ou autre d’ailleurs, je me reposais beaucoup sur mon partenaire pour me booster. S’il y a bien quelque chose qui me manque par rapport à ma vie en couple, c’est trouver la motivation parfois. Seule, j’ai tendance à vite procrastiner. Mais même si c’est dur de trouver la motivation parfois, en même temps, le fait de ne pas pouvoir compter sur autrui me permet régulièrement de me faire violence et d’accomplir des trucs et je suis fière de moi ensuite. Mes projets futurs sont flous, mais en revanche j’ai plein d’idées et d’envies. Idem, je crois qu’en couple je me reposais beaucoup sur l’autre pour prendre les choses en main et je me laissais porter. Peut-être est-ce d’ailleurs pour ça qu’aujourd’hui, je me cherche pas mal (je remets en question mon boulot, mon lieu de vie, mes styles vestimentaires, ma déco… Je doute en permanence). Je me suis longtemps – trop – reposé sur mon partenaire et aujourd’hui, mon célibat me met face à moi-même et à mes choix.
Avez-vous une anecdote sur le célibat à partager ?
J’ai sympathisé avec mes voisins, qui ont 10 ans de moins que moi. Ils sont en couple depuis quatre ans. Un soir, je me retrouve à une soirée d’autres voisins en compagnie du mec du couple, sa meuf étant au travail. On discute beaucoup et il m’explique qu’il n’est pas heureux dans son couple (c’est moi qui l’ai lancé sur le sujet, car je les entends régulièrement s’engueuler très fort). Même si je trouve la fille super sympa, je lui demande pourquoi, alors qu’il a 29 ans, pourquoi ils ne se séparent pas si c’est aussi difficile qu’il le dit. Là, il m’a expliqué (ce que je disais plus tôt) qu’il se disait qu’à son âge il « fallait » être en couple, envisager des enfants etc. Il me dit « j’aimerais être comme toi » après que je lui ai parlé de ma vie en concubinage avec mon célibat. Mais, il a bien précisé qu’il en était incapable, et que pour lui, si demain il se séparait de sa copine, il faudrait qu’il retrouve rapidement quelqu’un. Peut-être même qu’il attendait (de façon conscientisée ou non d’ailleurs) qu’il attendait de rencontrer une nana pour quitter la sienne. Je ne l’ai pas pris comme « il est lâche » mais plutôt comme « il ne connaît pas d’autre schéma que celui d’être en couple ». Être seul à presque 30 ans était vraiment vécu pour lui comme un échec. En même temps, il m’enviait, et de manière très sincère.
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Les Commentaires
Seule petite différence avec Mélanie, c'est que, bon cette année j'étais dans mes projets j'avais pas trop le temps de m'en préoccuper, mais mon vibro me suffit plus trop trop après 8 mois de seulement lui haha, j'aimerais bien les bras d'un homme à nouveau (mais pas forcément pour constuire!)