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Vie quotidienne

Comment j’ai laissé ma meilleure amie me gâcher la vie

Les relations amicales aussi peuvent être toxiques, et cette madmoiZelle peut en témoigner. Elle raconte comment, pendant des années, elle est restée sous l’emprise de sa « meilleure amie ».

J’aimerais vraiment parler de quelque chose que je garde au fond de moi depuis longtemps et dont je n’ose pas parler pour plusieurs raisons.

Je viens vous parler de la relation que j’ai avec ma meilleure amie, de comment tout a dégénéré sans que je m’en rende compte, et comment je me suis retrouvée prisonnière d’une relation toxique.

La vrai visage de ma meilleure amie

Tout avait pourtant bien commencé.

On s’est connues à 13 ans via une amie commune, on est devenues amies très vite, on fréquentait le même collège et on était tout le temps ensemble, le week-end, les vacances, elle venait chez moi et j’allais chez elle…

À cette époque, c’était vraiment ma meilleure amie et je l’adorais.

Elle a commencé à montrer son vrai visage quand je suis partie au lycée. Nous n’étions pas dans le même établissement, et je me suis fait des amis dans le mien.

Des amis qu’elle ne voulait pas rencontrer, dont elle ne voulait pas que je lui parle et qu’elle détestait « par principe ».

Elle me disait qu’elle ne les sentait pas, qu’ils ne me voulaient sûrement pas du bien, que ça finirait mal… Quand elle a vu que je ne l’écoutais pas, elle est passée au cran au-dessus.

Un jour, elle m’a téléphoné pour me dire que j’étais sa seule véritable amie, et que si je la laissais tomber, elle se suiciderait.

Avec le recul, je me dis que c’est là que j’aurais du réagir. Mais qu’est-ce qu’on peut faire quand on a 15 ans et que notre meilleure amie menace de se suicider par notre faute ?

Maintenant, je le reconnais : notre amitié n’a tenu qu’à ça.

Une menace, un chantage au suicide. Pendant plus de dix ans, j’ai accepté sans rien dire parce que j’avais peur de ses réactions et peur d’elle.

Ma relation toxique avec ma meilleure amie

Ma meilleure amie me faisait peur car elle n’avait peur de rien.

Elle n’avait pas hésité à s’ouvrir le bras avec un couteau pour une remarque de sa mère, elle n’hésitait pas à me filer une baffe si elle n’était pas d’accord avec moi.

Elle ne reculait devant rien et se vantait d’avoir un fort caractère, du répondant, quitte à insulter les gens pour avoir le dernier mot. Sous prétexte d’une soi-disant « honnêteté », elle m’a dit des choses abominables.

Je me souviens, quand j’avais 17 ans, j’ai eu un accident de couleur qui m’a détruit les cheveux.

J’ai donc dû les faire couper courts si je voulais qu’ils redeviennent à peu près normaux, je me suis retrouvée avec une garçonne et ça me plaisait beaucoup.

J’avais gagné du temps, changé de tête…

Et un matin, j’ai trouvé un sms de ma meilleure amie me disant que j’étais moche, que je n’avais plus rien d’une fille, que je ressemblais à un mec et que je devrais avoir honte de me montrer comme ça.

Quand je lui ai demandé pourquoi elle se sentait obligée de me dire ces horreurs, elle m’a répondu qu’elle se devait d’être honnête avec moi.

J’ai supporté tellement de choses de sa part, à cause de ce chantage par lequel elle me tenait…

Ma première prise de conscience

Et un jour j’ai ouvert les yeux. Je me suis aperçue qu’elle m’avait tout pris.

Je me souviens parfaitement de ce jour-là, je l’ai vue arriver et j’ai vu mon clone. Même coiffure, mêmes vêtements, même maquillage, même sac, même façon de parler…

Et je me suis rendu compte que lorsqu’elle venait chez moi, elle faisait son marché : elle notait les livres, les CDs et les films que j’avais, pour acheter exactement les mêmes.

Ce qui m’a fait le plus mal, ça a été quand elle m’a dit qu’elle voulait devenir une grande écrivaine.

Elle savait que j’écrivais depuis des années, j’écrivais des histoires qui connaissaient leur petit succès sur Internet, et mon souhait le plus cher était

d’écrire un roman.

Il a fallu qu’elle me prenne ça aussi.

Depuis ce jour, tous mes comptes sur les réseaux sont privés, je ne partage rien de mes goûts quels qu’ils soient, je n’affiche rien.

Mettre fin à ma relation toxique avec ma meilleure amie

Mais la vraie prise de conscience est arrivée l’an dernier. Ma vie a pris un nouveau sens quand j’ai échappé à un accident de voiture très grave.

Avant cet événement, je restais cloîtrée dans le passé, dans une vie morne et empêtrée dans la routine, ressassant inlassablement les malheurs qu’il avait pu m’arriver.

Grâce à une psychothérapie, j’ai pu régler bon nombre de mes problèmes, et un jour, je lui ai annoncé que j’étais très contente, très fière de moi, car j’avais enfin décidé de me mettre en couple, trois ans après une rupture particulièrement douloureuse.

Sa réaction a été de me tourner le dos, de me dire que les mecs ne servaient à rien et que j’aurais mieux fait de m’acheter une plante verte.

Je lui ai dit qu’elle m’avait blessée, elle m’a répondu un « désolé » pas convaincu du tout.

C’est à ce moment-là que quelque chose s’est brisé et que j’ai décidé, à 27 ans, après beaucoup d’années de bons et loyaux services, de n’en avoir plus rien à foutre d’elle et de ses considérations de harpie.

Être libérée de ma meilleure amie

En me libérant de ça, je me suis enlevé un poids des épaules. Ce n’est plus à elle de dicter ma vie. J’ai compris que si elle commettait l’irréparable, ce ne serait pas ma faute.

Ma vie avance, j’ai des projets qui se concrétisent, j’ai terminé mon premier roman et j’espère le faire éditer prochainement.

Quand elle m’a annoncé il y a 3 mois qu’elle déménageait, je l’ai vécu comme une libération. Je pense que son départ arrive à point nommé, il était temps qu’elle parte.

Ce qui est ironique, c’est qu’elle m’a toujours obligée à ne pas déménager pour ne pas que nous soyons séparées, et qu’à présent elle est partie à plus de 900 kilomètres…

Je sens que je vais enfin retrouver ma liberté, celle qu’elle m’a prise au début de notre relation. Je n’attendais qu’une meilleure amie, pas quelque chose d’aussi oppressant.

Je tenais à témoigner pour sensibiliser des personnes qui pourraient être dans mon cas.

Les bourreaux ne viennent pas toujours de l’extérieur, parfois ils sont nos proches et la situation est mille fois plus compliquée. Si je n’avais qu’un conseil à donner, ne te laisse pas faire comme moi : réagis !

À lire aussi : 6 conseils pour une rupture amicale sans (trop de) drama

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Les Commentaires

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Avatar de GrosHibou
17 avril 2020 à 10h04
GrosHibou
Bonjour à vous les Madmoizelles, je suis l'auteure de ce témoignage et je remercie Océane de l'avoir publié. Elle ne le sait peut-être pas, mais ça a contribué à me libérer de cette relation toxique et invivable.

Ça fait 3 mois qu'elle est partie maintenant, et je revis. Quand j'y pense, c'est terrible de dire ça. On n'est pas censé dire ça quand une amie s'en va... Le problème est que ce n'était plus une amie. Et avec le recul, je me dis que peut-être elle ne l'a jamais été. Sûrement que nous sommes parties sur des bases différentes, au début de notre "amitié" : je cherchais simplement une amie, elle devait chercher autre chose. Plusieurs personnes m'ont demandé si elle n'était pas amoureuse de moi. A vrai dire, je ne veux pas le savoir, même si ça expliquerait des choses.

J'ai eu envie de venir faire ce petit post ici aujourd'hui, déjà pour remercier Océane pour sa bienveillance et sa gentillesse lors de nos échanges, pour vous remercier de vos commentaires, et aussi parce que j'ai vu récemment à la télé deux amies "fusionnelles"... J'ai eu l'impression de me voir avec elle. Une complètement effacée, en retrait, et l'autre expansive, fière de dire que le mari de sa copine avait dû passer un examen d'entrée pour qu'elle l'accepte, qu'elle juge qu'il convenait à son amie... J'ai eu vraiment beaucoup de peine d'entendre ça, parce que ça a résonné en moi d'une façon particulièrement désagréable.

Celle dont il est question dans ce témoignage voulait rencontrer mes amis pour qu'ils "passent le test". Alors généralement, devant eux, elle était toute timide, toute introvertie, pas un mot, et puis quand on était toutes les deux... Evidemment, personne ne lui convenait. "Elle est pas bien pour toi", "il va te trahir je le sens", "tu es trop bien pour eux", "je sais ce qui est bon pour toi", "je te connais par coeur".
Du moment où j'ai commencé à mettre de la distance entre nous, j'ai senti de l'air frais. Maintenant qu'elle n'est plus là, je m'autorise à vivre. C'est affreux de dire ça. J'ai passé 15 ans dans une grotte, à vivre en attendant son approbation, à ne pas me mettre en couple parce qu'elle risquait de le briser... Maintenant je vis.

J'espère également que mon article aura aidé des personnes vivant une situation similaire à ouvrir les yeux. C'est dur, mais on s'en sort. Et après, on se sent beaucoup mieux. Et comme Coco l'asticot l'a dit, je n'ai plus de "meilleure" amie, j'ai des amis, et ils sont merveilleux.
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