« Tu dois être tellement heureuse ! » Ou pas. Même ardemment désirée, la grossesse n’est pas forcément un moment d’épanouissement et de béatitude pour tout le monde. D’abord, parce qu’elle s’accompagne souvent d’une collection de maux pas très sympas (coucou les nausées !) et ensuite parce qu’on peut se sentir très déprimée pendant sa grossesse.
Certaines personnes font même une dépression sévère pendant leur grossesse et peuvent avoir des envies suicidaires. Or l’image d’Épinal de la femme enceinte épanouie peut les dissuader d’en parler à leur entourage. Comment admettre qu’on a envie de mourir alors qu’on s’apprête à donner la vie et qu’on est censée avoir « tout pour être heureuse » ?
Meghan Markle a eu des pensées suicidaires pendant sa grossesse
C’est pourquoi la récente prise de parole de Meghan Markle sur le sujet est si importante. Lors d’une interview donnée avec son mari le prince Harry à Oprah Winfrey et diffusée sur la chaîne CBS le 7 mars, elle a raconté avoir eu des pensées suicidaires pendant qu’elle était enceinte d’Archie.
Soumise à une forte pression médiatique, elle vivait très mal les critiques et attaques de la presse britannique.
« Je ne voyais pas de solution. J’avais vraiment honte d’en parler à l’époque, honte d’admettre [ces pensées suicidaires], en particulier auprès d’Harry parce que je savais qu’il avait déjà traversé un deuil. Mais je savais que si je n’en parlais pas, je passerais à l’acte. Je ne voulais juste plus vivre. Et c’était une pensée constante, très précise et effrayante ».
La jeune femme a fini par se confier à son mari, mais quand elle a ensuite demandé à Buckingham Palace si elle pouvait être hospitalisée pour suivre une thérapie, elle n’a pas reçu l’aide espérée.
« J’ai dit que j’avais besoin d’aller quelque part pour obtenir de l’aide, que je ne m’étais jamais sentie comme ça auparavant. Et l’on m’a répondu que je ne pouvais pas, que cela ne serait pas bon pour l’institution ».
En plus de cette absence de soutien, Meghan Markle et son époux ont dû faire face à des remarques racistes pendant la grossesse. Ils ont raconté à Oprah Winfrey que des membres de la famille royale avaient exprimé des inquiétudes avant la naissance concernant la couleur de peau du bébé à naître.
Meghan Markle n’est pas la seule à avoir traversé une dépression pendant sa grossesse
Si la situation de Meghan Markle est bien sûr très spécifique, elle n’est pas la seule à être confrontée à la dépression et aux idées suicidaires pendant la grossesse. Selon de récentes études, la dépression pré-partum (avant l’accouchement) concernerait entre 10 et 20% des personnes enceintes. Sa fréquence serait ainsi comparable, voire supérieure à celle des dépressions post-partum.
Bien sûr, toutes ces personnes n’en arrivent pas forcément au stade où elles ont des idées suicidaires, mais ces chiffres invitent tout de même à réclamer une meilleure prise en compte de la santé mentale pendant la grossesse.
Si vous êtes enceinte, et que vous ressentez de l’anxiété ou un mal-être, que vous n’avez plus d’intérêt ou de goût pour vos activités habituelles, vous êtes peut-être concernée par la dépression pré-partum.
N’hésitez pas à en parler à votre entourage pour obtenir leur soutien, mais aussi à le mentionner à la personne qui fait votre suivi de grossesse. Elle pourra vous guider pour que vous puissiez obtenir l’aide de professionnels (psychologue, etc.).
Sachez d’ailleurs que la plupart des maternités peuvent vous mettre en relation avec un ou une psychologue qui pourra vous suivre gratuitement pendant votre grossesse et après la naissance.
En espérant que la prise de parole courageuse de Meghan Markle participera à lever les tabous autour de la santé mentale et de la grossesse. Et que les personnes enceintes aux prises avec la dépression et des envies suicidaires se sentiront moins seules.
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