Alors que les débats nauséabonds vont bon train sur l’utilisation des allocations par les ménages, cette étude vient apporter une pierre de plus à l’édifice des bienfaits des aides publiques.
Les dépenses pour les enfants augmentent
En Alaska, un programme se rapproche beaucoup du revenu universel – « somme d’argent que chacun reçoit indépendamment de qui il est », selon la définition de l’économiste Samuel Bendahan.
L’étude en question (menée de 1996 à 2015), qui porte sur cette zone géographique, s’est ainsi intéressée aux dépenses des familles et ô surprise : les personnes pauvres et de classes moyennes bénéficiant de ce revenu dépensent proportionnellement plus en moyenne pour leurs enfants que celles qui n’ont pas accès à ce programme !
Elles utilisent cet argent pour l’éducation, l’achat d’habits, de jeux et de matériel électronique.
Les hauts revenus bénéficiant de ce revenu universel ne dépensent en moyenne pas plus pour leurs enfants. L’étude s’avance sur une explication : ces foyers dépensent déjà beaucoup pour leurs enfants et garderaient l’argent au chaud, car les frais scolaires universitaires sont aux États-Unis très élevés et nombreux sont les étudiants à s’endetter durablement.
En France, des débats nauséabonds
Comme aux États-Unis, un argument classiste contre les aides sociales – et le revenu universel – consiste à dire qu’on ne peut pas faire confiance aux pauvres, qui dépenseraient l’argent reçu n’importe comment.
La récente polémique à propos de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, en est un exemple : il reprenait lors d’une déclaration une fausse information selon laquelle les « achats d’écrans plats [étaient] plus importants au mois de septembre » grâce à l’allocation de rentrée scolaire.
En 2017, le candidat du parti socialiste Benoît Hamon portait la proposition du revenu universel d’existence. Sa candidature n’avait pas reçu les suffrages attendus (6,35 % des voix seulement) mais cette mesure phare de son programme pourrait bien revenir dans les débats à l’approche de la présidentielle, à un moment où les foyers ont été affaiblis économiquement par la crise du Covid et où beaucoup doivent faire face aux conséquences financières parfois terribles.
Crédit photo une : Unsplash
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Les Commentaires
Pour moi, l'article s'intéresse davantage à la mesure dans laquelle le "revenu universel" étudié ici est un levier de réduction des schémas de reproduction sociale. En termes de stock socioéconomiques pas de manière photographique. Du coup la lecture "les plus pauvres dépensent plus pour leurs enfants que les plus riches" est légèrement erronée dans ma compréhension et biaisé puisque le revenu universel étant versé à chaque famille indifféremment des revenus, de la classe sociale, évidemment que quand on a bagage financier qui permet déjà d'octroyer à ses gamins des vêtements chauds pour l'hiver (ils en parlent dans l'étude), ton revenu universel ne va pas forcément te servir à acheter un 15ème pull en laine et pour autant tu ne dégrades pas le niveau de vie de ton gamin et tu n'y contribues pas moins (du coup, je crois comprendre que les + riches achètent aussi des fringues mais pas des fringues forcément associées aux conditions climatiques du pays). Au même titre, le deuxième poste de dépense c'est l'électronique. Si tu as déjà acheté un ordinateur à ton gamin pour faire ses devoirs, le fait que tu ne le fasses pas une fois que tu reçois ton revenu universel n'est pas signe que tu dépenses moins pour ton enfant. Mais signe que ce revenu de base ne te sert pas à ça.
Elle étudie, comme elle le dit au début, l'impact marginal du revenu dans le rattrapage économique des familles les plus pauvres.
Je trouve même qu'étudier la manière de dépenser des + riches est un sujet secondaire dans son papier, versus la manière dont les familles les + pauvres considèrent le gap socio-économique et comment ils dépensent pour le combler.
Bon mais après, je suis persuadée que toute cette rhétorique dégueulasse, moralisante et classiste qu'on entend sur les dépenses des pauvres est une infâmie politique, le fait qu'il faille des études pour le démontrer à des gens qui s'en sont persuadés sans jamais s'y intéresser vraiment, me laisse sceptique quant à leur capacité à changer d'avis.