Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Mégane qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom d’emprunt : Mégane
- Âge : 27 ans
- Métier : Responsable acquisition et fidélisation dans une agence de communication en CDI
- Famille : Paul, son conjoint avec qui elle vit et est pacsée, et leur chat
- Salaire mensuel : 1 534€ net par mois, et 1 950€ net en moyenne pour son compagnon, infirmier à l’hôpital
- Lieu de vie : Dans une maison qu’ils sont en train d’acheter à la campagne, près de Niort
Les revenus de Mégane et Paul
Pour son emploi dans le marketing, en CDI dans une agence de communication en plein développement, Mégane gagne 1 534€ net par mois après prélèvement à la source. Elle ne s’estime pas bien payée :
« J’ai choisi ce travail pour l’intérêt des missions, même si le salaire est plus bas que celui que j’avais dans ma précédente entreprise. Je sais qu’au regard du marché, je devrais être payée 10 000€ de plus par an. »
Son conjoint, quant à lui, touche un salaire qui varie entre 1 800 et 2 100€ de revenus nets mensuels pour son poste d’infirmier en CDI, au statut de fonctionnaire stagiaire. Cela revient à 1 950€ par mois en moyenne. Ils n’ont pas d’autre source de revenu.
En tout, c’est donc un budget de 3 484€ que gère le couple.
L’organisation financière de Mégane et son conjoint
Pour gérer leurs finances, Mégane et Pierre ont fait le choix d’avoir un compte commun pour gérer les dépenses qui les concernent tous les deux tout en gardant leurs comptes respectifs pour leurs dépenses personnelles.
Jusqu’ici, ils ont toujours partagé leurs dépenses communes à 50/50. Mais avec un revenu plus bas que celui de son compagnon, Mégane s’interroge :
« Ayant un salaire moins élevé que mon conjoint, j’aimerais fonctionner différemment en divisant les dépenses communes au prorata des revenus pour avoir un reste à vivre plus proche du sien. Mais c’est délicat à aborder car quand les rôles étaient inversés (j’avais un salaire plus élevé que le sien d’environ 300€ ), cela ne me traversait pas vraiment l’esprit.
J’ai toujours considéré que chacun devait être responsable de ses choix en termes d’études, d’emplois, etc. et que cela ne devait pas impacter le niveau de vie de l’autre. Je me vois mal lui proposer car nous n’avons que quelques centaines d’euros d’écart : il dépense moins en loisirs que moi, et ce n’est pas juste selon moi qu’il se sacrifie pour MES loisirs. Néanmoins, l’écart entre nos deux salaires est plus important et se creuse. »
Les dépenses du couple
En dépenses communes, c’est la somme totale de 1 676€ par mois que se partagent Mégane et Paul en parts égales. L’achat de leur maison dans les Deux-Sèvres, à une quinzaine de minutes en voiture de la ville la plus proche, représente un peu moins de la moitié de cette somme, puisqu’ils remboursent leur crédit à hauteur 786€ par mois depuis mars 2020. Mégane rembourse aussi la somme de 160€ par mois pour le crédit de sa voiture.
Leur second poste de dépenses communes s’élève à 450€ par mois pour leur alimentation, un poste qu’elle aimerait faire baisser un peu :
« J’aimerais réduire nos dépenses concernant les fast-foods : ça coûte cher, c’est pas très bon, et pourtant, quand la fatigue et la flemme sont là, nous cédons alors même que nous ne sommes pas en capacité de le faire financièrement. »
Ils paient aussi 187€ mensuels de factures courantes, réparties entre 147€ d’électricité et 40€ d’eau, et 20€ de frais pour la nourriture et la litière de leur chat.
Des frais d’essence élevés pour se rendre au travail
Mégane et Paul se partagent 40€ de frais de péage pour leurs trajets. En plus de cela, Mégane paie 250€ d’essence chaque mois, dont la plus grande partie lui sert à se rendre au travail et à en revenir. Une dépense qui représente plus de 15% de son salaire et qui reste incompressible, à son grand regret :
« Je voudrais aussi réduire mes dépenses d’essence mais tant que mon entreprise n’accepte pas le télétravail, c’est inimaginable. »
Du côté des assurances, le couple se partage équitablement 189€ de paiements mensuels :
« 28€ correspondent à l’assurance de notre prêt maison, 50€ correspondent à l’assurance habitation, 7€ correspondent à la protection juridique, 104€ correspondent à la mutuelle santé. L’assurance de ma voiture coûte 70€ par mois, mais ce sont mes parents qui la prennent en charge. »
Ils règlent aussi un abonnement à Internet et un abonnement Netflix qui, regroupés, leur coûtent 34€, 12€ de frais bancaires, 30€ de budget pour leurs sorties communes et 67€ d’impôts hors prélèvement à la source (taxe foncière et audiovisuelle).
À titre individuel, Mégane dépense aussi une centaine d’euros mensuels de frais de santé (psychologue, ostéopathe…), 25€ d’abonnement pour son mobile, une centaine d’euros pour ses activités sportives (65€ de CrossFit, 30€ pour le yoga et 12€ pour des applications de course à pied. Enfin, elle compte environ 20€ de loisirs personnels.
Un burn-out et une perte de revenus
Si ce budget leur permettait, il y a quelques années, de mettre de côté entre 200 et 300€ par mois, ces derniers temps ont été plus difficiles pour Mégane et son conjoint. Celle-ci a dû quitter son dernier emploi après un burn-out, et a perdu tous ses revenus pendant sept mois.
« C’était un travail que j’aimais beaucoup, dans lequel je m’étais beaucoup investie depuis six ans. Malheureusement, je faisais des heures à n’en plus finir, je ne dormais plus correctement, je ne mangeais plus beaucoup, je préférais être seule à manger à mon bureau plutôt que de partager les repas avec mes collègues, je pleurais énormément, j’étais très anxieuse… »
Quand la colère commence à monter, Mégane ne peux plus supporter son job et postule sur un coup de tête à un CDD dans une grande entreprise. Elle obtient le poste, mais les choses ne s’arrangent pas :
« À aucun moment, je n’ai pensé à me mettre en arrêt et à me reposer pour reprendre ensuite sereinement. Le déni, c’est le principe même du burn out et quand tout s’effondre, c’est un ouragan.
Quand j’ai commencé mon nouvel emploi, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. J’ai fait deux jours, et au troisième : crise de larmes, incapable de me lever, je ne pouvais pas y aller. J’ai pris la décision de tout arrêter, et j’ai mis fin à ma courte période d’essai. D’un coup, je me suis retrouvée à la maison, à essayer de me reconstruire à l’aide d’un suivi psychologique, d’antidépresseurs, d’anxiolytiques… Cela a duré sept mois. »
Pendant ces sept mois, Mégane perd tous ses revenus. Son solde de tout compte lui permet de couvrir deux ou trois mois, mais elle dépend ensuite essentiellement de l’aide ses parents.
« J’ai essentiellement demandé de l’aide à mes parents pour nous aider à payer toutes les dépenses essentielles. Mon conjoint gagnait 1 700€/1 800€ à l’époque. Nous n’avions que très peu d’épargne, et nous avons imaginé suspendre les échéances de notre prêt maison, mais ce n’était pas possible car nous n’avions pas encore remboursé un an.
Nous avons conscience que nous avons eu la chance d’avoir une famille qui puisse nous aider, les choses auraient été encore plus difficiles (financièrement et psychologiquement) s’ils n’avaient pas été présents. »
« Nous sommes chaque mois dans le négatif »
Le couple se met à faire très attention à ses dépenses, et à se restreindre énormément. Mais malgré ces efforts, Mégane confie connaître aujourd’hui des difficultés qu’ils n’avaient jamais eu jusqu’ici :
« Même si nos quatre parents sont en capacité de nous aider, nous avons cumulé du retard qui fait que nous sommes chaque mois dans le négatif sur nos différents comptes, jusqu’à -400€ maximum.
Nous ne demandons de l’aide à nos parents que lorsque nous avons besoin de régler une facture que nous ne pouvons pas assumer, par exemple. Mais puisque nous n’avons plus d’épargne, cela ne nous permet jamais de retrouver une situation stable. »
Près d’un an après avoir retrouvé un emploi, Mégane explique être endettée à hauteur de 7 500€ auprès de ses parents. Bien que ceux-ci ne souhaitent pas qu’elle les rembourse, elle y tient et espère pouvoir le faire. Une situation qui la met en colère, car elle est une conséquence directe de n’avoir pu toucher le chômage :
« J’ai très mal vécu le fait de ne pas bénéficier de l’allocation chômage. Je trouvais cela injuste car j’avais travaillé depuis mes 21 ans, cotisé, et que je m’étais retrouvée dans une situation qui m’a « obligée » à démissionner.
Au bout de 4 mois, quand j’ai pu faire une nouvelle demande pour bénéficier des allocations, celle-ci a été refusée parce que je n’avais pas fait « les efforts suffisants pour retrouver un emploi et mériter l’allocation » (pas assez de candidatures). Ces mots étaient extrêmement violents, alors que j’étais au plus bas moralement et que je cherchais juste à me reconstruire. Aujourd’hui, je reste très en colère car je suis persuadée que si j’avais pu toucher le chômage, nous ne serions pas dans cette situation financière, et je ne devrais pas autant d’argent à mes parents.
Je me dis que si moi je galère avec un travail et sans dépenses exorbitantes, beaucoup de Français et Françaises doivent être dans de grandes difficultés. »
Le rapport à l’argent de Mégane et son partenaire
Une situation difficile à tenir pour Mégane, qui explique tenir ses comptes avec beaucoup de sérieux :
« Je tiens mes comptes, budgétise les dépenses à l’année puis au mois à chaque début de mois pour savoir combien je peux dépenser dans tel ou tel type de dépense… Je suis très carrée, comptabilise au centime près et note toutes mes dépenses avant qu’elles ne soient débitées de mon compte, consulte mes comptes quasiment tous les jours pour m’assurer des débits et prélèvements effectués, etc. »
Un rapport à l’argent qu’elle ne partage pas avec son partenaire, avec qui elle a du mal à aborder le sujet :
« C’est un véritable sujet conflictuel entre nous : impossible de parler finances (état du compte, épargne, dépenses courantes, etc.), sans qu’il ne se braque. En début de mois, je lui dis combien mettre sur le compte commun, et c’est le seul moyen que nous avons trouvé pour ne pas nous disputer à ce sujet.
Je m’occupe de tout concernant notre compte personnel pour plusieurs raisons : j’aime bien cela, j’ai besoin d’avoir une vision précise des comptes, je n’ai pas confiance dans sa manière de gérer ses comptes pour notre compte commun, il me fait confiance pour gérer cette partie et aime surtout ne pas savoir ce qui se passe sur nos comptes (c’est charge mentale en moins)… Cet arrangement me convient.
En revanche, je n’ai aucune vision de son compte personnel, je ne sais pas du tout où il en est. Quand je l’interroge, sa réponse est toujours très floue. »
« Nous sommes très anxieux pour le moment »
Malgré la situation difficile, Mégane s’estime chanceuse d’avoir des parents en mesure de l’aider. Elle espère que leur finances pourront s’arranger bientôt :
« Nous sommes très anxieux pour le moment, c’est véritablement un sujet tabou. Au fond de moi, je me dis que les choses iront mieux lorsque j’aurais vu augmenter mon salaire (il ne me reste plus qu’à trouver comment : en négociant avec mon employeur actuel, en trouvant un autre job…). J’ai également demandé à mes parents de combler les trous pour enfin voir nos comptes dans le positif à la fin du mois (en espérant que nous n’ayons pas de grosse dépense imprévue).
J’espère sortir la tête de l’eau ainsi ! »
Merci beaucoup à Mégane d’avoir répondu à nos questions.
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Comme certaines d’entre vous l’ont relevé avec pertinence, la gestion de comptes d’un couple à un instant T ne dit pas tout…
Qu’est-ce qui se passe pour les comptes communs après une séparation ? Qui garde quoi, après des années de finances communes ? Qui perd quoi, après avoir investi de son temps pour que la carrière de l’autre puisse fleurir ? Séparation de biens c’est notre nouvelle rubrique qui interrogera la manière dont les ruptures impactent vos finances.
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Image une : Photo de Mikhail Nilov provenant de Pexels
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Les Commentaires
pour les comm parlant d'arrêt maladie le problème quand on est dans la souffrance pro(je me suis fait licencier)c'est qu'on est la tête dans le guidon...on m'avait proposer des congé car j'avais accumuler des heure supp mais j'avais refuser car je pensais qu'on voulais juste se débarrasser de moi.
plein de courage a la mad qui a témoigner j'espère que ça va aller mieux..