C’est une enquête glaçante que vient de publier Médiapart. Une enquête qui démontre comment les femmes, jusque dans les maisons de retraite où elles devraient pouvoir finir leurs jours en sécurité, sont victimes de viols et d’agressions sexuelles. « Les résidentes en Ehpad, vulnérables et souvent tenues au silence par leur état de santé, constituent en effet « des proies faciles », d’après l’ensemble des expert·es interrogé·es par Mediapart. »
Un nombre de victimes potentiellement « monstrueux »
Selon cette enquête, une centaine de résidentes en Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) auraient été agressées sexuellement en France depuis 2013. Un chiffre qui pourrait être bien plus élevé, « monstrueux » même, selon le ministère des Solidarités. Mediapart rapporte qu’entre 2020 et 2021, le nombre des alertes reçues par l’Alma, l’association sur les maltraitances contre les personnes âgées et en situation de handicap, « a plus que doublé ». Cela signifie-t-il que le nombre de victimes à doublé lui aussi, ou est-ce une conséquence de la libération de la parole ? « Le tabou sur les violences sexuelles subies par les femmes âgées est encore plus grand que pour d’autres publics et le #MeToo des personnes âgées est encore devant nous », répond le ministère des Solidarités.
La double peine
En raison de leur état de santé fragile, les victimes d’agressions sexuelles en Ehpad n’ont pas toujours la capacité de faire savoir qu’elles ont été agressées. « Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si la majorité de ces affaires sont révélées par un flagrant délit, les victimes rendues muettes ou inconscientes par leur pathologie étant rarement en mesure de témoigner », lit-on dans les colonnes de Mediapart. Comme si cela ne suffisait pas, même lorsque l’agression ait connue et portée devant les tribunaux, les victimes n’ont pas toujours le temps de savoir si la justice leur a été rendue. « Étant donné l’âge moyen des résident·es en Ehpad (82 ans), leur état de dépendance (80 % sont atteint·es de troubles de la cohérence et 40 % de maladies neurodégénératives) et les lenteurs de la justice, rares sont celles à obtenir justice avant leur mort », dévoile encore l’enquête.
Les agresseurs au sein même du personnel
Selon Mediapart, les informations collectées sur ce sujet sont rares. Mais selon les données rassemblées sur les 10 dernières années, et confirmées par les estimations de l’Alma, « 46 % des viols et agressions sexuelles médiatisées ont été commis par des membres du personnel ». En quantité à peu près égale, les agresseurs seraient également les résidents des maisons de retraite, exclusivement des hommes.
Enfin, un faible pourcentage désigne des agresseurs venus de l’extérieur de l’Ehpad, membres de la famille de la victime compris. Ces chiffres soulignent le manque de sécurité pour les résidents, en particulier les femmes. Signe supplémentaire du caractère systémique des violences sexistes et sexuelles qu’elles subissent, tout au long de leur vie.
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Crédit photo de Une : AlexRaths de la part de Getty Images via Canva
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Les Commentaires
Je ne pensais pas que des personnes seraient prêtes à faire ça... Et beaucoup des agresseurs sont des membres du personnel en plus.
Comme dit ma VDD, on ne sera jamais tranquilles.
La seule solution serait de faire des epad non mixtes (résidents ET employés seraient des femmes). Mais quand je vois les accusations de discrimination quand ça a été mentionné sur Reddit, je me dis que ce n'est pas gagné.