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Société

MeToo Cinéma : dix actrices mettent en cause le réalisateur Philippe Lioret

Après Benoît Jacquot et Jacques Doillon en début d’année, c’est au tour du réalisateur Philippe Lioret d’être visé par des accusations d’agression sexuelle. Le réalisateur de 68 ans est mis en cause par dix actrices qui se sont livrées à la cellule d’investigation de Radio France.

Dans une vaste enquête publiée ce mardi 9 avril par franceinfo, dix comédiennes françaises dénoncent des « baisers forcés », une ambiance « malsaine » et des « gestes déplacés » pendant et en marge du casting de son film Toutes nos envies, en 2010. Certaines auraient même été contraintes de montrer leur poitrine alors que rien dans le scénario ne le demandait.

Un mode opératoire bien rôdé

Les faits remonteraient à l’été 2010. Le réalisateur, au sommet de sa gloire après les succès de ses deux derniers films Welcome et Je vais bien ne t’en fais pas rencontre « une cinquantaine d’actrices », dont Judith Godrèche, Laetitia Casta ou encore Virginie Efira, pour les deux rôles féminins principaux de son prochain film, une adaptation du roman D’autres vies que la mienne d’Emmanuel Carrère.

Les dix actrices, interrogées par la cellule d’investigation de Radio France, racontent pratiquement toutes le même scénario. Philippe Loiret les aurait reçues pour des séances de travail, parfois le samedi alors que les équipes de production étaient au repos et que les bureaux étaient fermés. Il leur aurait demandé de jouer une scène intime dans laquelle il leur donnait la réplique. À certaines, il aurait réclamé qu’elles dévoilent leur poitrine. À d’autres, il aurait asséné un baiser forcé.

Des récits corroborés par les dires de Julia, ancienne assistante du casting : Philippe Lioret « ne se privait pas de toucher la naissance des seins, de se mettre dans le cou des comédiennes, de les embrasser. C’était vraiment très gênant et complètement hors propos par rapport à la scène, explique celle qui témoigne sous couvert d’anonymat. Les actrices étaient tellement mal à l’aise dans les bras de Philippe de se faire tripoter comme ça ».

Les dix comédiennes dénoncent « un abus de pouvoir », savamment orchestré par celui qui leur faisait miroiter un rôle dans son long-métrage.

Des faits qui remonteraient aux années 90

Une des comédiennes interrogées, sous le pseudonyme de Nathalie, se démarque des autres par son récit. Contrairement à Hélène Seuzaret, Elodie Frenck, Emilie Deville, Marie Gillain, Amandine Dewasmes et les autres victimes présumées qui témoignent anonymement pour Radio France, la comédienne a croisé la route de Philippe Lioret bien avant le tournage de Toutes nos envies. Elle décrit une scène très similaire, survenue dans les années 90, après un repas partagé avec le réalisateur qui l’aurait embrassée de force.

 « C’est humiliant de se faire embrasser violemment comme ça. D’où a-t-il le droit de m’embrasser sans que j’aie donné mon consentement ? D’où a-t-il le droit de me traiter comme ça, de manière brutale ? A cette époque, je ne me disais pas que c’était une agression sexuelle. Mais aujourd’hui, avec le recul, je pense que c’en est une. » 

Interrogée par franceinfo, Philippe Lioret s’est défendu de n’avoir « jamais eu la sensation d’essayer d’abuser de qui que ce soit de toute [sa] vie ». Son avocate, Solange Doumic affirme que son client « s’est toujours arrêté dès lors qu’il s’est trouvé face à un refus ».


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