Dimanche 21 mars, Mcfly et Carlito ont publié une nouvelle vidéo réalisée avec leurs femmes, Erika et Tiffany. Ils se sont réunis autour de la « table ovale » à quatre pour répondre à des questions posées par des internautes à leurs épouses.
Titrée Vivre avec des (excellents) youtubeurs : Erika et Tiffany répondent à tout, la vidéo démarre assez tranquillement avec le récit de leurs rencontres successives, mais au bout de 45 minutes, les langues se délient.
Les deux couples commencent alors à parler de leur vie quotidienne, et s’il vous fallait une illustration de l’inégale répartition des tâches ménagères chez les couples hétéros, ne cherchez pas plus loin, tout est là. Illustration en 8 phrases clés (qui nous ont donné envie de foutre le feu à deux-trois trucs pour nous calmer).
1. « Toi, t’es un troisième enfant »
C’est une question d’un internaute qui fait tout basculer :
« Pas trop difficile de s’occuper d’enfants de plus de 30 ans ? ».
Tiffany et Erika commencent alors à expliquer que Mcfly et Carlito se comportent comme des enfants vis-à-vis des tâches ménagères : ils ne rangent rien derrière eux.
Erika, la femme de Carlito, alias Raphaël Carlier, enfonce le clou :
« Toi, t’es un troisième enfant, mais c’est plus difficile de s’occuper de [toi] que des deux enfants qui ont 4 et 6 ans. »
À l’instar de milliers (millions ?) d’hommes adultes, Carlito se comporte, d’après sa femme, comme si quelqu’un était toujours là pour ramasser les affaires qu’il laisse traîner derrière lui — de son pantalon sale au pied du lit jusqu’aux miettes de son petit-déj.
La seule tâche ménagère qu’il reconnaît accomplir, c’est faire la vaisselle. Enfin, « faire la vaisselle »… mettre des trucs dans le lave-vaisselle et le faire tourner, quoi.
Alors, vous me direz peut-être que s’il s’agit de ses effets personnels, ça le regarde… Sauf que, comme le rappelle très justement Tiffany, la femme de Mcfly :
« Quand tu vis seul, ça va, mais quand tu vis avec des gens, c’est juste respectueux de ne pas imposer ton bordel. »
2) « Je paye des gens pour ranger »
Face à ces critiques, Mcfly explique qu’il a décidé d’embaucher quelqu’un pour gérer les tâches ménagères :
« Je paye des gens pour ranger, ouais, voilà ce que je fais ».
Il s’agit d’une stratégie assez courante dans les couples hétérosexuels relativement aisés. Lorsque la femme se plaint de l’inégale répartition des tâches domestiques, son mari lui propose d’embaucher une personne pour faire le ménage — une manière d’acheter la paix du foyer, en quelque sorte…
Sauf que c’est loin de tout résoudre d’un point de vue féministe, comme l’expliquait une lectrice confrontée au même problème.
Sur cette question des personnes qui font le ménage, Carlito embraye avec une séquence complètement lunaire, où il se « jette des fleurs » (c’est lui qui le dit) en assurant être « très respectueux des gens de l’entretien ». Il évoque alors les femmes de ménage de Webedia — l’entreprise où lui et Mcfly travaillent — et parle d’elles en disant « nos copines ».
Alors, oui, c’est bien de dire bonjour au personnel d’entretien et d’échanger quelques mots (ça devrait même être la base en tant qu’être humain), mais on ne voit pas bien le rapport avec le partage des tâches ménagères…
3) « Je sais pas comment tu fais, dans ton taf, pour être aussi maniaque, et tu es l’inverse à la maison »
Au cours de l’échange, Erika a dit une phrase qui nous a fait cogiter :
« Je sais pas comment tu fais dans ton taf pour être aussi rigoureux, exigeant et maniaque, et tu es l’inverse à la maison. »
C’est vrai que Mcfly et Carlito sont connus pour être des bourreaux de travail, très attentifs au moindre détail dans leurs vidéos. Comment peuvent-ils alors être à ce point incompétents et irresponsables en termes de gestion de leur foyer ? A priori, l’organisation et la rigueur sont des compétences transversales, que l’on peut déployer dans tous les pans de sa vie…
Le décalage entre les responsabilités que l’on confie plus volontiers aux hommes dans le monde du travail et leur incapacité (en général, hein, il y a toujours des exceptions) à gérer l’intendance et la logistique de leur propre foyer est proprement fascinant et fera l’objet d’un futur article.
4) « Je me prenais beaucoup la tête avec ça, mais on est juste pas pareils »
Le fait qu’ils soient si différents à la maison et au boulot vient à l’encontre de l’idée selon laquelle être « bordélique »
(d’après les mots de Mcfly) serait constitutif de leurs personnalités respectives. Comme si ne pas ranger derrière soi était un truc inné qui n’aurait rien à voir avec une construction genrée dans l’enfance et qui ne pourrait pas être changée.
C’est la petite histoire que semble se raconter Erika, sans doute pour vivre mieux la situation (et Dieu sait qu’on ne la juge pas pour ça) :
« Au début, j’attendais beaucoup et puis en fait quand t’attends, t’as rien. Je me prenais beaucoup la tête avec ça, mais en fait on est juste pas pareils. Impossible de lui demander d’être comme moi, il ne le fera pas. »
Pourquoi Mcfly et Carlito (et un tas d’autres hommes) n’ont-ils aucun complexe à assumer d’être bordéliques, voire franchement crados dans certains cas ? Sans doute parce que la société a longtemps toléré beaucoup mieux ce comportement chez les hommes que chez les femmes (les choses changent, mais lentement)…
Pour les mecs, il y a un côté mignon à être un grand enfant, qui vit au milieu de ses fringues roulées en boule. C’est un sujet de blagues, mais pas de jugement. Les femmes, elles, se sentent tout de suite étiquetées « sales » et « souillons » si elles ont le malheur de laisser traîner de la vaisselle dans l’évier passée l’adolescence. Comme si la négligence de leur intérieur disait quelque chose de leur valeur personnelle.
Alors, non, ce n’est pas une simple histoire de personnalité, avec d’un côté « les maniaques » et de l’autre « les bordéliques ».
5) « Ça n’est pas dans mes priorités »
Pour expliquer ce qui le pousse à ne pas s’investir davantage dans les tâches ménagères, Carlito a une réponse toute simple :
« Ça n’est pas dans mes priorités. Moi, j’ai ma famille, c’est-à-dire mon couple et mes enfants, mon taf avec mon pote, c’est tout. Le ménage, la compta, les autres trucs… pfff. »
Là, vous êtes peut-être déjà en train de lever les yeux au ciel, mais ne vous inquiétez pas. Tiffany, la femme de Mcfly, le recadre aussi sec.
« Toi t’aimes pas faire la compta et t’aimes pas faire le ménage. Mais nous non plus ! Du coup, on est obligés de le faire deux fois plus parce que vous ne faites pas votre part. »
Allez, hop, elle a tout dit, on n’a rien à ajouter.
6) « Toi, t’es un merveilleux père : tu trouves toujours des idées pour les faire jouer »
Après avoir critiqué le manque d’investissement de son mari sur le plan du rangement et du ménage, Erika tient à souligner l’engagement de Carlito auprès de ses enfants. Sauf que la louange nous laisse un goût amer :
« Toi t’es un merveilleux père. […] Ça ne te dérange jamais d’être avec les enfants, de les occuper. Tu as toujours des ressources, même quand tu es fatigué tu trouves toujours des idées pour les faire jouer ».
Ce compliment retranscrit très bien un biais qui existe chez de nombreux pères qui se considèrent très investis auprès de leurs enfants, mais se contentent en réalité de partager avec eux des moments de loisir. Ce qui est déjà mieux que rien, hein, mais être parent, c’est aussi gérer toute la logistique pour l’enfant : penser à prendre rendez-vous chez le dentiste, préparer les affaires de piscine, batailler chaque matin pour qu’il enfile des vêtements adaptés à la température…
Alors, peut-être que Carlito le fait aussi, la vidéo ne le dit pas. Mais c’est assez frappant que l’exemple choisi pour illustrer ses compétences de père soit celui du jeu. Bien sûr que c’est plus facile de n’être jamais « dérangé » par ses enfants si on ne partage que des moments cools avec eux et qu’on ne se tape pas toute la charge mentale du foyer !
7) « Mais tu ne me le dis pas ?! »
La discussion enchaîne ensuite avec un grand classique de la charge mentale, qu’on pourrait résumer par ce cri du cœur poussé par de nombreux hommes en couple hétéro :
« Fallait demander ! ».
Lorsqu’Erika raconte qu’il lui arrive de rentrer et de retrouver les reliefs du petit-déj pris par Carlito et les enfants sur la table et que ça l’agace énormément, son mari s’étonne :
— Mais tu ne me le dis pas beaucoup ? — Non, c’est mon problème ça. — Bah, dis !
Et hop, en deux phrases, Carlito a renversé la responsabilité. C’est de la faute de sa femme s’il ne range pas derrière lui : elle n’a qu’à lui demander !
Alors, bien sûr, la communication dans un couple c’est important, et la discussion permise par cette vidéo est une chouette initiative qui permettra peut-être de régler certains problèmes quotidiens. Mais les hommes hétéros ne peuvent pas exiger de leur partenaire qu’elle leur dise sans arrêt ce qu’il y a à faire à la maison. Les femmes ne sont pas, par défaut, les cheffes du projet « maison ».
C’est à eux d’apprendre à repérer ce qu’il y a à faire et de s’y coller. Genre, ranger le beurre dans le frigo après le petit-déj’ avant qu’il soit tout fondu.
8) « Vous qui nous regardez, soyez mieux que nous là-dessus »
C’est la conclusion de cet échange sur les tâches ménagères qui nous a le plus fait vriller. Carlito et Mcfly reconnaissent sans peine qu’ils ne sont pas à la hauteur sur ce point. Sauf qu’au lieu d’envisager de changer et de progresser, ils demandent à leur audience — constituée de nombreux adolescents – d’être meilleurs qu’eux :
« Vous qui nous regardez, soyez mieux que nous là-dessus ».
Hélas, en matière de répartition des tâches ménagères, l’exemple est important. Il ne suffit pas de dire à son fiston « il faut que tu fasses mieux que Papa ! » pour qu’il apprenne à assumer sa part des tâches ménagères plus tard (dans l’hypothèse où il se mettra en couple hétérosexuel).
Mcfly et Carlito ont des fils (et une fille dans le cas du premier) qui les regardent et enregistrent ce qu’ils observent au quotidien : des hommes qui laissent leurs femmes ramasser leurs chaussettes sales. Si l’on veut sortir de ces schémas archaïques à la prochaine génération, il faut changer, et vite !
À lire aussi : Elle fait la grève des tâches ménagères et ce qui s’est passé ensuite va vous étonner (non)
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Heureusement mon copain est assez maniaque, ça a fait quelques tensions au début mais on a fini par trouver notre équilibre.
On se sépare le ménage (cuisine et poussière pour moi, salle de bains et aspirateur/serpillère pour lui).
Au début il repassait derrière pour moi pour voir si j'avais bien tout fait mais j'ai vite mis le hola à part si vraiment j'ai oublié un endroit il est prié de ne pas passer son doigt sur les étagères pour vérifier si il reste de la poussière! Il aime pas la manière dont je plis les fringues donc il fait les grandes pièces tandis que je fais les sous-vêtements, masques et paires de chaussettes. On cuisine tous les deux, c'est pas équitable toutes les semaines mais globalement ça l'est. Par contre c'est certain qu'il fait plus la vaisselle que moi... C'est vraiment quelque chose qui me gonfle!
Sinon j'ai tendance à laisser mes affaires traîner partout alors que lui il a sorti quelque chose, il a fini avec, il range. Au début il disait rien jusqu'à ce qu'il se mette en rogne alors finalement on a mis en place un système, si il trouve qu'il y a trop de bazar il me demande de ranger. ça m'a permis de bien mesurer son niveau de tolérance au bazar, maintenant j'arrive à voir le moment où il faut que je range avant qu'il me le dise. C'est assez régulier qu'il me voit ranger et qu'il me dise "Ah je comptais te demander de le faire demain" oui oui j'ai vu que j'avais atteint le niveau critique je prends les devants.