Initialement publié le 26 novembre 2011
Selon le Petit Robert, la mauvaise foi, c’est « savoir bien que l’on dit une chose fausse ». Alors je dis oui, mais pas que. Car faire preuve de mauvaise foi est tout un art ; il faut un aplomb en béton armé pour pouvoir mentir en toute connaissance de cause. Il faut une force de caractère toute particulière pour inventer des arguments tous plus bidons les uns que les autres afin d’avoir le dernier mot ; et d’ailleurs, la personne de mauvaise foi a toujours le dernier mot face à ses adversaires de conflit qui finissent toujours par déclarer forfait pour cause de lassitude extrême et de cause perdue.
J’en sais quelque chose : il paraît que je suis de mauvaise foi (mais je me soigne).
Je dis bien « il paraît » puisque, étant de mauvaise foi, je réfute ce trait de caractère. C’est d’ailleurs à cela que l’on repère une personne atteinte de ce mal. Fais le test auprès de tes amies en leur affirmant qu’elles sont de mauvaise foi : celle qui te répondra « ah mais non mais pas du tout » d’un ton péremptoire pourra être diagnostiquée « pénible-qu’il-faut-éviter-plus-que-la-mort ».
Sur les sites de coaching en entreprise, vous pouvez trouver des conseils pour gérer ce vilain petit défaut et vous intégrer ainsi dans la société. Si, au contraire, tu souhaites mettre tes proches à l’épreuve pour tester leur amour sans forcément appeler Endemol pour t’inscrire au casting de l’Île de la Tentation, suis donc mes conseils.
Pour mieux convaincre ton prochain, fais comme la famille Dupont : appuie tes propos en prêtant serment sur la Bible.
1. Ne pas accepter les qualités des autres (surtout ceux qu’on n’aime pas)
« C’est la pire personne que j’ai pu rencontrer, je veux faire le tour du monde avec elle »
J’ai cette vieille habitude depuis que je suis petite, quand j’avais un physique vraiment très peu avantageux. A l’époque, lorsque quelqu’un me parlait du fait qu’une de mes camarades de classe était mignonne, je trouvais à cette dernière des défauts qui n’existaient pas ; j’avais l’impression que ça me rassurait, et qu’en créant des défauts ridicules aux autres, je me valorisais un peu.
Ce qui est sûr, c’est que j’arrivais à m’en convaincre. Résultat, les enfants étant très peu enclins à l’analyse psychologique de leurs copains d’école, ils répétaient à Josette, la fille aux fossettes, que je racontais à tout le monde qu’elle avait des trous de taupe dans les joues. Et comme Josette à la base, c’était ma copine, elle se sentait trahie et cessait de m’adresser la parole.
Toujours est-il que je n’ai presque pas perdu cette petite manie. Quand une de mes copines me parle d’une fille qui n’a pas mes faveurs en me disant « elle est définitivement stupide, mais qu’est-ce qu’elle est bien foutue », je réponds « bof. Elle a de la cellulite ». Et cette cellulite pourtant inexistante, je la vois comme je vois la mienne, tous les matins quand je me regarde de dos dans le miroir dans un réflexe masochiste. Dans le même ordre d’idées, si j’ai décidé que je n’aimais pas tel ou tel acteur parce que j’en ai ma claque qu’on me rabâche combien il est parfait, je lui invente une mono-expression, si vous voyez à quel article je fais référence.
2. Nier l’évidence
Tu as prévenu tout le monde que tu arrêtais de manger du beurre à la cuillère mais, sapristi, tu es surprise par un tiers alors que tu as la plaquette à la main et la cuillère dans la bouche. Que faire face à l’air réprobateur et aux poings sur les hanches de ton interlocuteur ?
T’EXCUSER ET FAIRE PROFIL BAS ?! Tu n’y penses quand même pas ? Si tu veux faire preuve de mauvaise foi, il faut réagir comme un gosse (ces sales enflures) : nie donc l’évidence
à grands coups de « Mais maman mais j’te jure c’est pas moi qui ai mangé toute la plaquette de beurre comme ça, nature*, tu te fourvoies totalement ».
« Mais non Papa, c’est pas vrai, j’ai pas mangé le chocolat qu’il y avait caché dans la poubelle. »
Petite intermède Actors Studio : ne te contente pas de le dire, il faut y croire, dur comme fer. Même si tu sais que c’est faux, oublie que tu sais que c’est faux. C’est la base.
*Je sais pas pourquoi j’ai choisi l’exemple du beurre à la cuillère. Ca n’a pas l’air très très bon.
3. Mentir au quotidien
Si tu as l’habitude, par exemple, de regarder de temps en temps des programmes honteux à la télé mais que tu ne veux pas l’admettre, fais comme moi : noie le poisson. Par exemple, pour les moments où tu te trahis en commençant à parler du truc de dingue qui s’est passé dans la quotidienne de Secret Story à une amie et que tu te rends compte que tu es allée trop loin (Oh fichtre ! Marie-Cécile va comprendre que je suis une assidue de ce genre de programme avilissant, ma vie est fichue), les personnes de mauvaise foi ont inventé un stratagème : faire semblant de ne pas savoir le nom des protagonistes. Du genre :
– Oui, et puis tu sais, la blonde qui pleure tout le temps, enfin en fait, non, je sais pas vraiment si elle pleure tout le temps, haha, mais je sais qu’elle est blonde et qu’hier elle pleurait. – Ah ouais, Marie. – Ouais peut-être, je sais pas.
Alors qu’en fait non seulement tu sais que la blonde en question s’appelle Marie, mais tu connais également sa date de naissance, le nom de son école maternelle et l’adresse de l’institut de beauté où elle va se faire faire ses UV.
4. Envenimer les situations problématiques
C’est le drame. Pour une raison quelconque, une dispute a éclaté entre ton amoureux/se et toi-même. Il prétend que tout est de ta faute parce que tu as oublié de lui dire qu’il avait reçu un coup de fil super important du Pôle Emploi qui voulait le radier s’il ne répondait pas le lendemain, mais tu n’es évidemment pas de son avis (ou alors, c’est que tu suis décidément très mal mes conseils).
Démontre-lui en le regardant droit dans les yeux, sans te démonter, que si ton comportement est aussi insupportable, ce n’est pas parce que tu es insupportable, non. C’est parce qu’au tout début de votre relation, il a remarqué que tu avais un bouton d’acné et que ça t’a traumatisée, si bien que, du coup, tu as développé un complexe d’infériorité que tu essaies de contrer comme tu peux avec un complexe de supériorité, que maintenant, tu es perdue, ce qui te conduit à oublier de lui parler des choses importantes parce qu’un étrange mécanisme psychologique amène ton cerveau à oublier les choses importantes, ça suffit maintenant fin de la discussion tu as raison et il a tort.
Du coup, ton mec, en plus de ne plus recevoir d’allocations, culpabilisera pour toujours de t’avoir soi-disant traumatisée avec ce fichu bouton purulent.
Si tu as bien suivi tous ces préceptes et que tes proches restent aimants et à l’écoute, tu seras sûre de la sincérité de leur amour pour toi. A contrario, si leur patience a des limites, oublie la vie sociale, les soirées, et les repas de famille du dimanche midi dans la bonne humeur.
Et tout ça grâce à moi.
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Les Commentaires
Ca me donne absolument pas envie de devenir comme ça (c'est pas dans ma nature, je suis incapable de mentir ou presque) mais les formulations sont énormes et prosélytes!!!! Genre révèle au grand jour tes plus mauvais côtés, joli papillon....
Bravo!