« Nous avons besoin de jeunes femmes en sciences », a déclaré Cédric Villani, ce lundi 14 novembre, au micro de France Info. Le mathématicien a réagi ce matin à la décision du ministère de l’Éducation nationale de réintégrer les mathématiques comme matière obligatoire au lycée dès la classe de première. La mesure, annoncée le 13 novembre, doit être appliquée dès la rentrée 2023 pour tous les lycéens et lycéennes en filière générale. Depuis septembre 2020 et l’application de la réforme Blanquer, les mathématiques étaient devenues une option. Mais pour le lauréat de la médaille Fields (2010), ce rétropédalage sur les maths ne « suffira (pas) à faire revenir les jeunes filles dont nous avons tant besoin ».
Moins de filles en filière S depuis 2021
En janvier 2022 déjà, au micro de France Info, un autre mathématicien, Jean-Pierre Bourguignon, déplorait les effets désastreux de cette réforme sur la parité en mathématiques. Il affirmait alors que nous avions « perdu vingt ans d’efforts » en deux ans. En effet, selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale rapportés par Libération, avant la réforme, les classes de terminales S comptaient presque autant de filles (48,4 %) pratiquant des mathématiques à un niveau intensif que de garçons. En 2021, selon les dernières données disponibles, elles n’étaient plus que 38,6 %.
Pour Cédric Villani, si les jeunes femmes se détournent de cette discipline, c’est en partie à cause de « l’auto-censure (…) dans un contexte où les canons de la société et les préjugés ont la vie dure ». Autrement dit, beaucoup d’étudiantes pensent encore que les mathématiques sont une matière de garçons. « Des préjugés qui se renforcent » et « un problème grave pour la société », selon l’ancien député qui appelle les jeunes femmes à se sentir légitimes dans ce domaine. Il souhaite également que les maths redeviennent l’une des trois spécialités proposées en terminale pour « assurer que les jeunes femmes font partie de cette discipline qui contribue à prévoir le monde de demain ».
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Visuel de Une : Unsplash / Kenny Eliason
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Les Commentaires
Jusqu'en primaire les mathématiques ça se tenait pour moi surtout s'il s'agissait d'epprendre par coeur les tables de multiplication (apprentissage fondé sur la mémoire). Et puis à partir du collège, dégringolade totale. Mes parents me payaient des cours de soutien, rien n'y faisait. Je me tapais des 5/20 de moyenne. Cet état de dys- (que je ne connaissais pas à ce moment là) s'étendait à la physique-chimie. Pareil je me prenais des sales notes...A côté, mes résultats étaient nickel en anglais et espagnol, je suivais très bien en histoire-géographie. Le français me plaisait beaucoup. La SVT : comme je galérais grave en maths et physique-chimie je m'étais mis en tête que les sciences je n'ai pas douée donc la SVT....
Chaque fois que mes parents rencontraient les professeurs, on leur disait toujours la même chose: votre fille doit comprendre qu'elle ne peut pas travailler uniquement dans les matières qui lui plaisent. Les 3 matières scientifiques font partie du cursus scolaire au même titre que les autres matières (version soft).
Mes parents avaient beau expliqué que les mathématiques me posaient un sérieux problème qui semblait me dépasser. On ne les écoutait pas et on me blâmait. En seconde j'étais à 2/20 de moyenne en maths. A l'époque le lycée avait envisagé de m'envoyer en professionnel. Bah oui...t'es pas bon à l'école bah...filière professionnelle. Mes parents ont bataillé pour que je reste en général. Comme je voulais L c'est passé (car comme a dit mon professeur de maths de seconde:" si elle veut tant qu'elle demande pas S moi je m'en fous. De toute façon, pas grand chose à en tirer elle finira par y aller en pro'". Je ne regrette pas car j'ai eu mon bac avec une mention. Après j'ai suivi un cursus universitaire sans trop de problème (pas un cursus scientifique bien évidemment).
Sur un plan psychologique, j'ai horriblement souffert de cette dyscalculie car j'ai été la cible de critiques dures par moments des professeurs. Et puis cela m'a complexé très fortement. Avant d'être diagnostiquée à la fac', au travail ou dans la vie de tous les jours, dès que je me retrouvais devant des chiffres, je paniquais, je faisais tout pour esquiver, pour ne pas faire. Car si cela m'a tapé psychologiquement, physiquement j'ai eu aussi des troubles. Si, si...un problème, une question enfin quelque chose avait une opération mathématique, des chiffres et là : le cœur qui bat plus fort, picotements, contractures etc...
Il y a 4 ans je me suis inscrite à une licence AES - administration publique à distance. Il y avait un EC de comptabilité. La compta' c'est pas des maths (on arrêtait pas de me dire cela pour me rassurer) oui mais il y a des chiffres et une logique. Et dans mon esprit, mon cerveau il y a un réel rejet, un blocage, un truc qui ne passe plus. Une horreur ! je pleurais devant les exercices (à la maison), tout était de la faute du prof', la compta' c'est de la crotte en barre etc....Résultat : 1/20 au partiel. Total bloquée la fille devant des chiffres ! Cela ne m'a pas valu le rattrapage par contre cela m'a coûté les mentions très bien et bien. Juste mention assez bien. L'état dans lequel je m'étais mise m'a alerté. Du coup, je suis allée voir mon médecin de famille, je lui ai raconté mon aventure et tout ce poids, ce complexe que je me traînais depuis l'école. Il m'a fait une ordonnance pour aller consulter un.e orthophoniqte/psychomotricien.ne spécialisé.e pour les adultes (bon courage pour en trouver un.e, celle que j'ai vue est partie à la retraite). Le Diagnostique tombe : dyscalculie. L'ortho' m'a bien expliqué ce que c'était, m'a surtout décomplexée et depuis j'ai vraiment un poids qui est parti. Aujourd'hui, je le dis sans crainte et sans complexe dès que je me trouve devant une question maths, compta' ou stats' etc...: désolée ! je suis dyscalculique. Il aurait fallu que j'entame une rééducation mais pas le temps. En sentais-je vraiment le besoin maintenant que je savais. Pour le moment non car rien que le fait que quelqu'un ait défini mon mal, mon complexe c'est une avancée. Peut-être qu'un jour je passerai un autre pallier et la rééducation deviendra une évidence.