Hier, j’ai fait des crêpes. Avez- vous déjà remarqué comme il faut de temps et de dextérité au lait pour apprivoiser la farine ? Il suffit qu’il soit un peu trop rapide, un peu trop froid, un peu trop macho en somme pour que le drame arrive : les grumeaux ! Alors notre farine, si douce, si blanche, si jolie s’englue grossièrement, la voilà vexée pour toujours et même les crêpes ne s’en remettront jamais. Les saladiers sont parfois témoins de choses horribles.
Quand on parle d’amour, on parle souvent d’alchimie. Et c’est logique. Car, à la base, qu’est-ce que l’alchimie sinon des mélanges, des réactions, des expériences et la quête romantique d’une pierre philosophale qui existe comme existe le prince charmant, c’est à dire plutôt dans notre imagination? Et il y a une erreur que l’on fait souvent : on se croit toujours alchimiste alors que nous ne sommes que des ingrédients : le lait, la farine, l’huile, le zeste d’orange… Et nous nous mélangeons au hasard non pas des saladiers, mais au hasard de nos sorties, de nos choix et de nos activités diverses. Nous sommes des produits tantôt toxiques tantôt « bios », nous nous transformons inévitablement au contact d’autres substances que nous fréquentons et la mutations n’est jamais la même puisque l’autre ingrédient est toujours différent et unique.
On rencontre parfois des hommes fabuleux et tout s’arrête faute de « feeling ». La relation s’est chargée de grumeaux et ce n’est la faute de personne si le mélange n’a pas pris : les propriétés chimiques ont leurs raisons et le cœur ne les connaît pas. D’ailleurs il n’a même pas son mot à dire. Alors on change de cuisine, car on sait qu’une autre fois, on rencontrera un ingrédient qui relèvera le goût, ce sont ces garçons dont on dit d’eux qu’ils « nous rendent meilleures ». On est toujours l’ingrédient qu’un autre ingrédient viendra sublimer. Ou pas. Ainsi, si par exemple je suis une poire, est-ce que cela vaut vraiment le coup que je m’échine à plaire au concombre (Qui dans une salade me porterait drôlement préjudice…) quand je sais que c’est avec le chocolat noir que je pourrais vivre une grande histoire d’amour ? Le chocolat noir me rendrait savoureuse, le concombre écœurante et c’est pareil avec les garçons : il y en a qui vous rendent sublimes et d’autres fades, c’est une question d’alchimie. Ce n’est pas de la faute du concombre car lui a juste besoin de sa tomate, il a pu croire un instant que c’était vous mais il s’est juste trompé, et vous aussi. Car, fatalement, si les relations amoureuses sont compliquées, c’est parce que nous ne savons jamais vraiment quel genre d’ingrédient nous sommes. On ne porte pas d’étiquette «citron vert» ou «betterave bio », et on met du temps à comprendre quel autre ingrédient pourra bien se marier avec nous. C’est la raison pour laquelle on peut, on DOIT, en tester plusieurs.
Le Cyril Lignac indien (sisi)
En tant que poire, j’ai rencontré souvent des ananas, des poireaux et même du lait. Je les trouvais beau et sympa, j’aurais voulu les aimer, mais on ne faisait vraiment pas de bons mélanges. Une fois j’ai rencontré un gros morceau de chocolat noir 70%, c’était super, je croyais même que c’était l’ingrédient de ma vie… Et puis il m’a quittée pour une glace à la menthe. C’est vrai, ils allaient bien ensemble aussi. Depuis je cherche du chocolat noir 80%, le même en mieux en fait.
Mais au delà de cette grande cuisine de chef étoilé que l’on appelle « l’amour », il y a quand même ici et là, de petits creux que l’on aime assouvir avec ce que l’on trouve de savoureux. Et de ce point de vue, j’aime la petite gastronomie. Si l’on aime une chanson, une œuvre d’art ou un livre, c’est souvent que eux aussi nous subliment en nous révélant à nous- mêmes meilleurs. Nos livres préférés par exemple sont nos livres préférés parce que ceux là nous ont expliqué qui nous étions. Et de la même façon, les ingrédients qui se sont le mieux mélangés à vous, les garçons que vous avez le plus aimés donc, sont ceux qui vous ont rappelées à votre meilleure saveur. Ils ne sont peut-être pas les ingrédients d’une vie, mais pour un bon goûter ils sont parfaits.
On croit être un simple fruit et, un jour, un « tchat » innocent sur Facebook avec un autre ingrédient dont vous ignorez la nature réveille, je ne sais pas, un semblant d’innocence, des papillons, vos 20 ans et vous vous sentez soudain comme une belle poire sur la branche prête à être cueillie quand l’instant d’avant, vous vous sentiez comme une vulgaire poire au sirop de conserve, baignant dans son jus depuis des mois. Alors, bien sur, vous n’irez pas plus loin parce qu’il s’agit du petit-frère de votre rédactrice en chef, qui en plus est également le webmaster qui met vos chroniques en ligne chaque semaine (Et quand je dis ça, vraiment, je ne vise personne, c’est juste un exemple…) mais dans tous les cas, à cet instant précis, le mélange a pris, sans un seul grumeaux et c’était bon.
Il y aura d’autres recettes, d’autres rencontres inattendues sur les planches à découper, dans les verrines et sous couvercles des casseroles, parce que la vie c’est ça : la cuisine de Cyril Lignac ! Et quoiqu’il en soit, si vous êtes victimes de grumeaux, n’oubliez pas que le problème ne vient pas de vous mais des lois cruelles de la chimie, celles- là même qui font que jamais l’eau et l’huile ne s’uniront (Et je sais pas pour vous mais moi je trouve ça super triste…). Si vous êtes une fraise, vous ne pouvez pas devenir une olive pour séduire l’anchois. L’anchois n’est pas fait pour vous mais il y a quelque part du sucre en poudre qui saura vous aimer à votre juste valeur. Vous êtes un simple ingrédient ? Et bien sachez que quelqu’un peut faire de vous le plat du jour, il vous suffira pour le trouver d’être juste un peu gourmande…
— Retrouvez deux extraits joués lors de la LOL Session.
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Les Commentaires
o/ wéééé on va bien ensemble!!!
Il n'a rien compris à ma liesse le pauvre, j'ai bien tenté de lui expliquer mais ça a pas vraiment aidé.