Je tiens tout d’abord à remercier les madmoiZelles qui ont participé à cette première exposition entre madZ parisiennes, ainsi que mes parents, sans qui je ne serais jamais née et n’aurais pu organiser cette sortie, et… Hein ? Oh, je crois que je diverge (et dix verges, c’est énorme… VOILÀ, ma phrase d’accroche est bouclée !).
C’est par un brumeux matin d’octobre que j’ai convié des franciliennes du site au Musée d’Orsay, pour l’exposition Masculin/Masculin – L’Homme nu dans l’art de 1800 à nos jours (la couleur est annoncée, j’aime quand c’est clair).
Nus bibliques, nus sportifs, nus héroïques…
Commençons par le commencement : l’exposition regroupe différentes salles, toutes organisées autour de plusieurs thèmes principaux (le héros, la douleur, le sport, le rapport à la nature…). Le commissaire d’exposition en a profité pour glisser quelques jeux de mots dans les panneaux informatifs, comme « Les Dieux du Stade » par exemple !
Une bonne partie des œuvres exposées ont pour sujet des personnages mythologiques ou bibliques. Parmi eux, Saint Sébastien, David (maravant la tête de Goliath) et Achille tiennent le haut du pavé. Le premier nous a d’ailleurs bien fait rigoler par ses interprétations diverses et variées, le jeune homme étant souvent criblé de flèches et assez content de son sort.
À ce sujet, sachez que Sébastien inspire encore de nos jours. Ne me remerciez pas, c’est cadeau !
https://www.youtube.com/watch?v=MFrj6lD1wpc
Quid des érections ?
Peu de temps avant cette visite, j’avais entendu parler d’un débat sur Internet, au sujet de l’absence de pénis en érection dans les œuvres exposées. Personnellement, j’ai cru en voir deux. Ainsi qu’une bifle (ou alors, l’homme en question posait simplement le pénis de son amant sur ses yeux, parce qu’il aime bien ça : je ne juge pas).
Certes, une exposition se doit d’offrir un panel suffisamment large d’œuvres pour illustrer son sujet. Le phallus est un élément du corps humain rentrant dans la catégorie du nu, et y a légitimement sa place. Un certain nombre d’artistes ont abordé cet aspect. Mais peut-on entièrement condamner Masculin/Masculin sur la base du faible nombre d’érections qu’elle comporte ? Je vous laisse en débattre dans les commentaires.
Yves Saint Laurent l’ultra bogosse
Nu masculin VS nu féminin
Nous avons eu droit à de bonnes fiches explicatives, à la fois historiques et artistiques. Certaines abordent notamment la différence entre nu masculin et nu féminin, en matière de représentation et d’expression du corps.
La nudité consiste ici en un « modèle universel » (un parallèle peut être fait avec le deuxième sexe), symbolisant la force, l’héroïsme, en bref, la virilité. Le nu féminin, de son côté, inspire davantage la beauté, la volupté, voire la soumission. Les poses prises par les modèles sont d’ailleurs bien différentes, puisqu’à part L’origine du monde de Courbet, je ne me souviens pas d’une œuvre où une dame se présente jambes écartées, tout à fait à son aise (sachez que cette exposition présente le pendant de cette œuvre, qui porte le doux titre d’Origine de la guerre).
Épilation soignée et poses improbables
Masculin/Masculin démontre que les photographes de mode n’ont rien inventé : les modèles prennent des poses inconcevables (et inconfortables). À croire que c’est à celui qui se ruinera le dos en premier. Ce procédé sert souvent à l’artiste à prouver son talent, notamment dans le rendu des muscles. Il n’empêche que j’avais mal pour les sujets (dans un tableau, Atlas devait avoir un sacré soucis aux lombaires ; il donnait plus l’impression de faire un câlin à un nuage que de porter le monde sur ses épaules)…
Certaines sculptures et tableaux, quant à eux, représentent des hommes lançant à la cantonade : « Coucou, tu veux voir ma bite ? » (un bisou virtuel à celles qui trouveront la référence). Une peinture où un homme est affalé sur son lit, aux côtés de son chien, hante encore mon esprit…
J’ajoute que l’égalité entre les sexes est respectée, dans l’art, en ce qui concerne la pilosité : dans cette expo, les madmoiZelles ont pu observer beaucoup, beaucoup d’hommes imberbes. Tant et tant que nous sommes restées un poil étonnées face au portrait d’un monsieur velu.
Atlas d’humeur câline (Der Titan, par Karl Sterrer)
De même, les sujets sont pour la plupart très beaux, très jeunes et très musclés. Les quelques exceptions étant un vieillard, Alexandre Dumas et Egon Schiele (ses autoportraits filiformes sont très expressifs et m’ont tapé dans l’oeil).
Les « minorités visibles » sont aussi présentes, essentiellement pour la période contemporaine, comme dans la photo Vive la France ! de Pierre et Gilles, le tableau d’un jeune de Harlem grimé en Caïn, ou encore le cliché d’un homme noir dans une pose telle que son pénis donne l’impression d’être sa barbichette (je vous laisse visualiser).
Contrairement à ce que peut faire penser le lieu, c’est-à-dire le Musée d’Orsay, une bonne place est donnée à l’art contemporain, notamment les photographies ou études de corps. Les visiteurs ont même droit à un petit film un poil psychédélique en fin de parcours (avec la vue d’une monsieur tout nu en contre-plongée… fascinant).
L’étrange Autoportrait d’Egon Schiele, et Les Baigneurs du Tibre par G. P. Leroux
Rejoignez les madmoiZelles au(x) musée(s) !
Je suis sans doute passée pour une étrange demoiselle car j’ai abordé plusieurs fois l’interprétation du corps masculin dans les années 1930-1940, dès que je croisais une œuvre en rapport avec ce thème. J’avais lu un livre sur le sujet, et je voulais partager ma science.
Sachez donc que l’homme de cette époque était bien aryen, et se devait d’exercer des activités physiques en plein air, histoire de montrer sa bonne santé et sa virilité. On peut voir, par exemple, sur une affiche du régime de Vichy, un groupe de belles têtes blondes au torse nu, imberbe et musclé, lever le visage vers un ciel, où Pétain apparaît.
Tout au long de la visite, j’ai tenté de fournir des explications aux madmoiZelles (« Et alors, ce pignouf de Pâris a préféré donner la pomme de discorde à Aphrodite, parce qu’elle lui promettait une gonzesse en échange »), et des blagues de mon cru (« C’est une représentation du printemps ? » « Oui, il y a les cloches de Pâques ! »).
Le très beau Mercure par Pierre et Gilles
J’espère avoir satisfait tout le monde, et n’avoir pas sorti trop d’âneries. D’ailleurs, n’oublions pas mes accompagnatrices d’un jour, les madZ parisiennes, qui ont bien voulu me retrouver un samedi matin dans le froid et la file de touristes. Parce que des jeunes filles attentives, qui apportent des éclairages intéressants sur une œuvre, et qui rient à mes vannes pourries, ça n’a pas de prix !
Pour terminer, cette sortie n’est que la première (j’espère) d’une longue série ! N’hésitez pas à visiter le topic dédié sur le forum de Paris. Nous ne mordons pas (au pire, j’ai mes vaccins à jour) et ce serait un vrai plaisir de vous voir rejoindre nos rangs (mon rêve ultime étant de louer un bus et de me balader dans les musées avec un parapluie levé bien haut).
Informations pratiques
- Masculin/Masculin, jusqu’au 2 janvier 2014
- Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
- Tarif : 12€ / Tarif réduit : 9,50€ / Accès gratuit sous conditions
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