Mary-Astrid a commencé le mannequinat en 2007 et n’a jamais arrêté, même si elle a ralenti le rythme des shootings après deux ans à poser non-stop. Sur son génial blog, Slice of fashion life (fan de Dexter oblige !), elle parle mode, bien sûr, défilés, shootings et donne de précieux conseils à celles qui se lancent dans le métier.
Vous pourrez par exemple y apprendre que Mary-Astrid est ravie de voir des mannequins de toutes tailles, connaître ce qu’il faut glisser dans votre sac en allant passer des castings ou découvrir comment soigner des cheveux abîmés par de trop nombreux shootings !
Mary-Astrid, l’interview
Mary-Astrid a gentiment répondu à mes questions pour vous présenter son métier, sa vie, son oeuvre !
Depuis combien de temps fais-tu ce travail ?
J’ai commencé en 2007, ça va donc bientôt faire 7 ans !
Comment l’as-tu trouvé ?
J’ai été repérée lors d’un défilé sans grande importance organisé par une fac.
J’ai été inscrite dans mon agence mère à 18 ans. Pendant un an, il ne s’est pas passé grand-chose. Je faisais des photos pour perfectionner mes attitudes à la sortie des cours, et je commençais à rencontrer des clients quand j’avais des après-midi disponibles. Ma bookeuse me poussait sur des projets mais je n’étais pas encore assez expérimentée pour décrocher un contrat.
Et un an et demi après, après une vingtaine de séances photos pour constituer mon book, j’ai décroché ce premier job pour La Redoute ; je venais tout juste d’entrer à la fac. J’avais un emploi du temps modulable donc quand je décrochais un job j’avertissais l’école et je m’y rendais, ou alors je séchais carrément les cours (eh oui !).
J’ai continué comme ça pendant trois ans : un contrat par ci par là, des shootings à gauche et à droite. Une fois ma licence en poche et de l’expérience dans mes neurones, j’ai pris mes bagages et je suis partie m’installer à Paris pour me jeter dans l’univers impitoyable du mannequinat.
J’ai vécu à Paris pendant deux ans ; j’ai enchaîné contrats, castings et voyages sans répit.
Comment se déroulent tes journées ?
Aujourd’hui je ne suis plus mannequin « à plein temps », je suis attachée de presse pour une start-up.
Mannequin a été pour moi le moyen de payer mes études, de découvrir qui j’étais et de me forger un caractère (d’être moins naïve, surtout !). Ce qui m’a conduit à être attachée de presse 70% de mon temps et 30% mannequin.
Mais lorsque je faisais ça à plein temps j’avais des journées très chargées. Je me levais très tôt le matin pour enchaîner de grosses journées de castings, et même quand aucun casting n’était prévu, il fallait être toujours aux aguets au cas où l’agence nous appelle de bon matin pour une urgence. J’adorais ce rythme !
Les jours où j’étais bookée pour un job, je me levais relativement tôt pour avoir un visage lisse et dégonflé, je prenais du temps pour bien petit-déjeuner et attaquer une lourde journée avec un rythme soutenu.
Qui croises-tu pendant tes journées ??
Quand tu es mannequin c’est chacun pour sa poire. L’amitié mannequin/mannequin j’y crois qu’à moitié (c’est pas faute d’avoir essayé !). Il y a des filles sincères et très bien, mais bien souvent la concurrence prend le dessus malheureusement.
On bosse pour soi mais toujours avec l’appui de son agence et de son bookeur. Le travail en équipe se fait pendant un shoot avec le photographe, le styliste, le maquilleur, le coiffeur… Créer une image est un job d’équipe inévitablement ! Mais organiser sa carrière de mannequin se fait par la niaque, sa motivation personnelle à vouloir aller loin.
As-tu des horaires fixes, des rendez-vous précis ?
Quand tu es mannequin tu bosses de n’importe où. Il faut que tu sois joignable en permanence. Je me rends là où le vent m’emmène et surtout là où les jobs me réclament !
Aucun horaire particulier quand tu es mannequin. On te demande juste d’être à l’heure pour le job ou le casting et ça change tous les jours.
Comment se déroule un casting ?
Un casting se passe bien souvent comme un entretien d’embauche. On attend dans une salle plus ou moins grande. Chaque fille a son book sur les genoux et ses plus beaux escarpins aux pieds.
On se regarde toutes, on s’examine et on essaye de se comparer (stupide pas vrai ? Mais c’est comme ça : la concurrence !) ; parfois, on discute avec les « newfaces » (jeunes mannequins) étrangères qui sont très avenantes et ça fait du bien ! Même celles qui ne parlent pas la langue de Molière décochent un sourire timide et ça fait toujours plaisir.
Ensuite, le client nous appelle une par une ; on a déjà rempli une fiche de renseignements (nom, prénom, poids, taille, âge, agence représentée et disponibilités). On discute avec le client, on se tient droite, souriante, le cheveu brillant et la dent éclatante (c’est important d’être fraîche) pendant que le client ou le directeur de casting feuillette notre book.
Il prend un composite (une carte de visite), le place sur un des deux tas (il y en a un pour les « peut-être » et un pour les refusées). Il fait quelques Polas, des photos rapides, au naturel, pour se souvenir de notre tête sans maquillage et hop, on tourne nos talons. Maintenant, on attend le coup de téléphone de l’agence pour savoir si on est retenue.
Que penses-tu de ton métier de mannequin ?
Il ne faut pas avoir peur de tomber de fatigue, de s’en prendre plein la tronche et parfois d’être encensée comme jamais. Ce métier est un ascenseur émotif ambulant qui nous prend toujours au dépourvu. J’adore ça !
Je ne sais jamais où je serai demain, ni pour quel client je bosserai. J’ai rencontré des gens incroyables pendant ces sept dernières années — en bien comme en mal. C’était stimulant et surtout ça m’a appris des choses sur moi-même.
Je me suis rendue compte d’à quel point j’aimais ce métier, mais aussi de combien il est agréable de s’en éloigner pour retrouver les vraies valeurs de la vie. C’est comme toute expérience, il faut savoir jauger, en prendre que le meilleur pour mieux profiter du reste !
La vie n’est pas un podium ou un studio photo. Même si j’adore ça, même si ça m’excite et que ce sont mes moments favoris, je ne pourrais me destiner toute la vie à ce genre de métier. Je ne compte pas le quitter maintenant, j’ai encore beaucoup à faire avec le mannequinat ! Mais le fait de ne m’y retrouver que de temps en temps est agréable et je profite encore plus de ces moments. Y passer la plupart de ses journées peut devenir enivrant !
Est-ce qu’il y a des clichés sur ton métier que tu souhaites démentir ?
Oui ! Il ne faut pas forcément faire un 34 ou un « double 0 » pour marcher dans ce monde. Tout le monde pense qu’être mannequin c’est mesurer un mètre quatre-vingt et avoir une taille de guêpe. Mais le monde de la photographie est tellement complexe que les castings vont au-delà de ces critères !
Être mannequin beauté ou être mannequin détails, par exemple, c’est possible même sans être filiforme. On peut faire une taille 38/40 et travailler dans d’autres domaines que les défilés haute couture. Dans l’idéal populaire, être mannequin signifie ressembler à Karen Mulder, et pourtant… Il y a bien d’autres physiques qui sont recherchés dans le milieu et qui sont voués à une grande carrière ! Prenons exemple sur Jennie Runk !
Quels sont selon toi les avantages et les inconvénients du métier de mannequin ?
Il faut savoir tout sacrifier pour obtenir un boulot, même le dimanche et les jours fériés. Une agence qui croit en son mannequin va la stimuler beaucoup, elle sera envoyée sur beaucoup de castings et dans beaucoup de jobs différents, il faut savoir ce qu’on veut dans ce métier : dormir ou bosser ?
Il n’y a pas de place pour les inactives. Il faut avoir la niaque car une carrière ne décolle pas forcément immédiatement Il faut du temps pour se faire connaître auprès des médias, des clients, des directeurs de castings…
Ce métier est plein de richesses humaines, financières, culturelles. Il faut juste avoir assez de recul pour s’en rendre compte. Il nécessite de la disponibilité, beaucoup d’énergie et de sacrifices. Mais croyez-moi, ça en vaut la peine !
Il y a tellement à découvrir, tellement d’endroit dans lesquels on peut être amenées à voyager pour le boulot ! Et créer de l’image ou tourner des vidéos sont des expériences en or. Quand ce genre de job vous tombe dessus, vous profitez et vous vous découvrez des capacités d’actrice, de comédienne et une photogénie incroyables.
C’est énormément de travail que de travailler sur son image (il faut bosser son charisme, ses poses) mais ça en vaut vraiment le coup lorsque les jobs commencent à s’accumuler !
Penses-tu continuer ce travail longtemps ? Comment te vois-tu dans cinq, dix, vingt ans ?
Pour le moment, le mannequinat et moi n’en avons pas terminé. Même si je suis attachée de presse aujourd’hui et que c’est un peu moins présent dans ma vie, il l’a été à 100% pendant six années entières, je ne vivais que pour mes études et mon job de mannequin.
Aujourd’hui je gère mon book et mes clients le matin avant d’aller bosser et le soir avant de me coucher. Même si je n’enchaîne plus les jobs comme quand j’habitais Paris (je suis maintenant à Lille), j’arrive à obtenir plusieurs contrats par mois qui me maintiennent dans le milieu et qui me font garder le contact avec mes clients. Quand je n’ai pas de job de prévu, j’organise des séances photos avec des photographes et maquilleurs pour continuer à alimenter mon book et à travailler de nouvelles poses.
C’est important de rester dans l’énergie de ce monde ! De continuer à tisser des relations avec des comédiens, des directeurs de castings, des maquilleurs, de se tenir informée des newfaces qui montent, des campagnes photos qui décollent, des nouvelles tendances.
Tant que je continuerai à me rendre à des castings, à fournir des nouvelles images à mes agences, à shooter, bref, à rester connectée, je continuerai le mannequinat.
Pour combien de temps encore ? Ça, j’en sais rien. Peut-être que lorsque j’aurai une vie de famille, les choses changeront. Quoique, le marché de la femme enceinte mannequin est aussi très intéressant ! Alors… tant que ma photogénie sera perfectible, je serai toujours sur le marché !
Merci à Mary-Astrid pour son temps et sa gentillesse !
Vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elle puisque nous parlerons régulièrement de Slice of fashion life et Mary-Astrid a même promis de vous concocter quelques articles, rien que pour vous les madZ.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Les mannequins très minces (voire maigres) que l'on peut voir parfois sur des catwalks ou des séances photos sont bien souvent très jeunes, ne sont pas encore réglées et n'ont pas les formes développées.
Vous vous rendez compte que "la fâme" qu'on présente aux femmes comme l'idéal féminin (et aux hommes comme fantasme sexuel)... c'est une enfant? Non parce que pour moi, une fille qui n'est pas encore réglée, c'est une enfant...
C'est vraiment quelque chose qui me file la gerbe, pour le coup. J'ai vu récemment un documentaire sur une jeune fille (13 ans!!) russe qui partait en Chine pour faire décoller sa carrière de mannequin, parce que là-bas les hommes aiment les filles au physique très jeune et très "peu développé". Y'a de quoi halluciner.
Outre tout le côté limite-pédophilie que ça suppose (moi une gamine de 14 ans à moitié nue dans une pub pour un parfum ça me met franchement mal à l'aise), comment peut-on vouloir promouvoir une image positive du corps de la femme quand ce qu'on montre sur les podiums, dans les magazines, dans les pubs, ce ne sont pas des femmes?