Marine, sur son blog Raconte-moi l’histoire, décrypte la société de diverses époques, mais aussi des faits divers historiques ou des anecdotes cocasses (bonjour, ce mot vient de 1928). Aujourd’hui elle vous parle sur madmoiZelle de Mary Ann Cotton, une tueuse en série pas très sympa ! (Oui, ceci est un pléonasme.)
Mary Ann Cotton, la « veuve noire »
Mary Ann Robson, épouse Cotton, est l’une des très célèbres tueuses en série de l’Angleterre du XIXème siècle. Elle reçoit le surnom de « veuve noire », du nom de l’araignée femelle qui mange le mâle après l’accouplement. Ceci est l’histoire vraiment pas drôle de 21 personnes qui ne sont pas mortes d’une épidémie de gastro.
Mary Ann Robson, qui est-elle ?
Mary Ann est née en 1832 dans une famille très religieuse. Son père est minier et meurt alors que la jeune fille n’a que neuf ans. La menace de la workhouse pèse sur la famille et terrifie la petite fille.
Les workhouses étaient des hospices du Royaume-Uni. Institutions publiques, ces lieux devaient subvenir aux besoins de toute personne dans l’incapacité d’y parvenir par elle-même, comme les personnes âgées, les fille-mères, ou encore les familles ouvrières ayant perdu leur job.
Les indigents travaillent de longues heures pour un très faible salaire, ils sont logés et nourris. Un peu. Le taux de suicide y est extrêmement élevé. Ambiance.
À partir de ce moment, Mary Ann va tout faire pour ne pas connaître la pauvreté. Jusqu’à tuer 21 personnes.
La mère de Mary Ann décide de se remarier (faut bien manger), mais ses enfants ne s’entendront jamais avec leur beau-père. À l’âge de 19 ans, la future « veuve noire » tombe amoureuse d’un certain William Mowbray.
Mary Ann et William Mowbray
Mary Ann a 20 ans lorsqu’elle se marie avec Willou. Entre eux, ça a l’air d’aller. Elle accouche de cinq enfants en cinq ans (bon ratio). Malheureusement, quatre d’entre eux vont mourir de maux de ventre. C’est quand même incroyable, les gastros sont mauvaises dans l’Angleterre du XIXème siècle.
Il est utile de rappeler que dans les couches populaires au milieu du XIXème siècle la mortalité infantile touche un bambin sur quatre. Donc, ni les autorités ni les proches ne s’indignent. On dit juste, que bon, quand même, ils n’ont pas de chance.
La famille, réduite aux parents et au seul enfant rescapé, déménage. Et puis, peu de temps après leur installation dans le nord de l’Angleterre, le cinquième enfant décède à son tour ; les parents touchent l’assurance-vie.
Après 1857, quatre enfants vont naître, dont deux qui décèdent à la naissance. Maux de ventre. Toujours. Pendant plusieurs années, Willou travaille sur un bateau, il est rarement à la maison. Et il ne reste qu’une fille sur les neuf naissances. Isabella. Elle va être envoyée chez sa grand-mère maternelle parce qu’avoir un enfant dans les pattes, c’est relou.
Ainsi, Mary Ann a le champ libre. Un mari au travail, des enfants morts. Elle a le temps de se faire plaiz’ et de rencontrer son premier amant, Joseph Nattras (un FILF — Father I’d Like to Fuck — marié).
L’empoisonneuse aimerait bien se faire un petit McDo-ciné ou Flunch-bowling en amoureux, mais son amant n’est pas trop trop disponible. Alors, il la quitte. Vénère, elle va arseniquer la fille de Joseph
.
Enfin, en juin 1865, William rentre passer quelques jours avec sa femme, mais c’est pénible un mari, un peu comme les enfants… Alors une petite dose d’arsenic et Mary Ann touche 35£ d’assurance. Et là, elle se trouve un nouveau business. Elle ne sera jamais pauvre.
Mary Ann et Georges Ward
Deux mois après le décès de son tendre époux, la veuve noire rencontre un ingénieur, Georges Ward. Ils se marient en août 1865. La jeune mariée prend bien soin de souscrire une assurance vie pour son jeune et fringuant mari. Ils s’aiment, mais on sait jamais, un accident est si vite arrivé.
D’ailleurs, quatorze mois après leur mariage, monsieur Ward décède de troubles intestinaux. Mary Ann a 34 ans, elle a fait douze victimes et a déjà une jolie garde-robe.
Mary Ann et James Robinson
Suite au décès de Georges, Mary Ann déménage à nouveau. C’est important de brouiller les pistes. Elle est engagée en novembre 1866 comme femme de maison chez un certain James Robinson. Tout juste veuf (pour une fois, elle n’y est pour rien !) il ne peut pas s’occuper de la maison, du boulot et des enfants. D’ailleurs, Mary Ann, elle n’aime pas trop les enfants, alors elle va faire disparaitre le bébé de James. Et ce crétin va se jeter dans ses bras. Des bras féminins, maternels, protecteurs… De ces mêmes bras vont être arseniqués deux autres enfants de James, mais aussi Isabella (vous savez, la seule fille qui était encore en vie) et sa grand-mère.
Et alors là, crétin parmi les crétins, en 1867, James épouse Mary Ann et l’engrosse. La petite Mary Isabella décède en mars 1868, juste après que sa douce maman a pris une assurance à son nom. Suspicieux, il la met à la porte (c’est le premier truc malin qu’il fait). Elle erre alors dans les rues.
Mary Ann et Fred Cotton
Son amie Margaret Cotton la recueille et lui fait rencontrer son frère, Fred. À l’image de James, son ex-mari, il est veuf et père de deux enfants. Margaret s’est chargée de l’éducation des deux mioches mais Mary Ann entend bien prendre sa place.
En 1870, Margaret ingurgite malgré elle une bonne dose d’arsenic (ça donne un petit goût dans le thé, c’est sympa avec un speculoos). La voie est libre : Mary Ann va pouvoir conquérir Frédérick. Après un an de mariage, en 1871, Robert naît de cette union. C’est l’amour fou, c’est beau. Et puis, Mary Ann, au détour d’une rue, rencontre son ex, Joseph Nattras — tu sais, celui qui n’a pas voulu fluncher.
Big love illégitime : Mary Ann tombe enceinte de son douzième enfant. Aussi, c’est un véritable soulagement lorsque Frédérick décède d’une gastro foudroyante… Et puis quelques semaines après, c’est au tour de Frédérick junior et Robert de trépasser. Enfin, Nattras meurt aussi de fièvres gastriques après avoir modifié son assurance vie en faveur de Mary Ann. Bizarre, n’est-il pas ?
La fin du règne de la veuve noire
En 1872, il ne reste qu’un fils survivant, Charlie Cotton, six ans. Au lieu de s’en débarrasser comme les autres, l’empoisonneuse décide de l’emmener dans un hospice. Or, Thomas Ripley, le responsable de la workhouse, refuse d’accueillir l’enfant sans sa mère. Mary Ann Cotton va lors répondre « J’aurais pu me remarier, mais l’enfant m’en empêche. Toutefois, il ne vivra pas longtemps. Il va rejoindre le reste des Cotton ». Bonne répartie. Quelques jours après, il décède.
Thomas Ripley fait pression auprès du médecin local pour obtenir une autopsie des cadavres de diverses personnes proches de Mary Ann Cotton.
La presse locale s’empare de l’affaire et découvre rapidement que partout où avait vécu la veuve noire, ses proches et enfants étaient tous décédés de la même maladie. Le verdict est sans appel. La police arrête l’empoisonneuse à son domicile.
Mary Ann est jugée pour le meurtre de 21 personnes, le jury délibère et la déclare coupable. Elle est pendue le 24 mars 1873.
La prochaine fois que tu as mal au ventre, prends un Spasfon et pense à Mary Ann !
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