À l’étranger aussi, Le Petit Journal braque ses caméras sur les jeunes, et le contrechamp médiatique
Martin Weill : son nom et son visage vous disent forcément quelque chose. C’est l’excellent reporter du Petit Journal, qui, toujours dans le ton de l’émission, s’intéresse à la jeunesse, et au contrechamp. Sauf que « la jeunesse » hors de France partage souvent les mêmes rêves d’épanouissement et d’émancipation, sans avoir les mêmes moyens, et que « le contrechamp » n’est pas une petite phrase en « off » ni une mise en scène médiatique. C’est plus souvent celui d’un régime politique, d’un cadre traditionnel et culturel discriminant, oppressant, qui entrave le développement des potentiels de sa jeunesse.
« En 2 ans et demi, on a passé 812 heures et 55 minutes en avion, l’équivalent de 33 jours d’affilées passées dans les airs, et parcouru 553 803 km, soit 14 fois le tour du monde »
« Avoir 20 ans dans le monde, en 2015 »
C’est le fil conducteur de la mission de Martin Weill et de ses co-équipiers, Félix Seger, Clément Brelet, Arnaud Bouju : aller à la rencontre des jeunes partout dans le monde, dans les zones de conflits, celles qui sont au centre de l’actualité, pour découvrir la jeunesse qui manifeste pour ses droits, celle qui s’invente un avenir dans les pays où elle n’en a pas.
55 minutes d’émission en forme de « bilan » de deux ans et demi de voyages, mais aussi un prétexte pour nous donner des nouvelles de ces personnalités touchantes, marquantes, inspirantes que l’équipe du Petit Journal nous a présentées, le temps d’un portrait ou d’un reportage.
— À la rencontre de la jeunesse du monde —
Nous aussi, on s’intéresse à la jeunesse du monde. Alors si les reportages de Martin Weill vous donnent envie d’en savoir plus, vous trouverez sans doute quelques éléments de contexte dans nos articles sur ces sujets !
En Russie, l’homophobie d’état
Le premier sujet de Martin Weill nous emmène en Russie, à la rencontre de l’un des militants pour les droits des LGBT les plus menacés. À tel point qu’il a dû fuir le pays.
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En 2014, lors des JO d’hiver, la communauté internationale avait manqué une occasion historique de se prononcer fermement et unanimement en faveur des droits des personnes LGBT, et contre la discrimination violente dont elles continuent d’être victimes en Russie.
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Le contraste est fort entre ces pays, où la situation des personnes discriminées ne s’améliore absolument, et d’autres où des progrès énormes ont pu être célébrés en 2015, comme par exemple aux États-Unis, où la Cour Suprême a légalisé le mariage pour tous les couples une bonne fois pour toutes.
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En Iran, ça ne va pas mieux
Le reportage suivant nous donne des nouvelles de Fateme, une Iranienne adepte de parkour, et d’un groupe de metal qui joue en cachette dans leur sous-sol. Ces jeunes ont été invité•e•s à donner de leurs nouvelles, et elles ne sont pas très optimistes.
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Malgré les promesses d’ouverture, l’Iran reste un état fermé, aux moeurs et lois extrêmement restrictives, et particulièrement insupportables pour sa jeunesse, qui aspire à vivre libre. Pouvoir écouter de la musique ne semble pas être une requête disproportionnée, par exemple…
Les temps changent, mais l’Iran change peu, à en juger par le tableau qu’en faisait déjà Kheiron dans Nous trois ou rien, l’histoire vraie de ses parents, activistes politiques ayant fui leur pays dans les années 80.
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Au Nigeria, la guerre contre Boko Haram continue
Un an après l’enlèvement de plus de 200 jeunes filles par le groupe terroriste Boko Haram, seules les équipes de Petit Journal étaient allées sur place, à la frontière du Tchad et du Nigeria, pour nous donner des nouvelles des populations vivant sous la menace permanente des attaques, dans une émission spéciale Boko Haram.
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Si on a beaucoup parlé en Europe de l’enlèvement des filles, on a peu parlé des répercussions directes sur les populations qui vivent dans les régions convoitées et régulièrement pillées par ces milices.
En Inde, les droits des femmes progressent… lentement
La suite des voyages de l’envoyé spécial l’emmène en Inde, sur la question des droits des femmes. Il y aussi des bonnes nouvelles, bien sûr, dans ce tour du monde des zones de conflit et de répression. En Inde, par exemple, des collectifs féministes se mobilisent pour secouer les moeurs choquantes à nos oreilles d’Européen•ne•s, sur le traitement réservé aux femmes.
« Avoir ses règles, c’est normal, violer une femme, ça ne l’est pas »
C’est l’un des reportages qui m’a le plus touchée cette année : Martin Weill est allé à la rencontre des étudiant•es qui manifestent pour lever le tabou qui entoure encore les menstruations. On entendait de l’Inde beaucoup de faits-divers extrêmement violents envers les femmes, comme le viol et le meurtre de cette jeune fille, au coeur du film documentaire India’s Daughter. Un sujet si sensible que sa diffusion a été interdite dans le pays, provoquant — merci l’effet Streisand, l’intérêt soutenu du reste du monde.
À travers les caméras du Petit Journal, la parole est donnée aux féministes, aux activistes locales. Il n’y a aucun misérabilisme, aucun jugement ethno-centré sur la situation que vivent et combattent ces jeunes, ces populations.
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Dans son émission spéciale, Martin Weill nous donne des nouvelles du mouvement de lutte contre le viol en Inde : le collectif a lancé un nouveau hashtag, #HappyToBleed, toujours dans le but de lever le tabou, de rendre parfaitement normal le fait d’avoir ses règles, et d’amener les mentalités à évoluer sur la question du viol, encore trop largement perçu comme « une punition » et pas pour le crime intolérable qu’il est.
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La Syrie, d’une guerre à l’autre : portraits de migrant•e•s
Le 3 septembre, l’Europe se réveille avec à la Une de ses journaux, la même photo : celle d’Aylan Kurdi, un petit Syrien de 3 ans, mort noyé, dont le corps s’est échoué sur une plage turque.
La situation des milliers de migrant•e•s syrien•ne•s frappe enfin l’opinion publique de plein fouet. Mais tandis que les Envoyé Spécial et autres Infrarouge se cantonnent souvent à présenter « le problème » d’un point de vue très macro, Le Petit Journal nous montre son visage humain : Martin Weill va suivre un réfugié, Zain, engagé dans le voyage vers l’Allemagne en éclaireur pour sa famille.
C’est pour moi l’un des meilleurs reportages sur le sujet, avec encore une fois un point de vue « neutre », c’est-à-dire sans réduire les migrants à « des malheureux, des pauvres », des gens « qui fuient la misère », alors que smartphone à la main, ce sont plutôt les membres des classes moyennes/aisées qui se lancent dans ce voyage.
Souvenirs du Brésil, en 2014
Il n’y a pas que les guerres et les drames qui attirent l’équipe du Petit Journal. En 2014, Martin Weill était au Brésil pour la Coupe du Monde, et il ne s’est pas contenté d’aller au Stade ni de parler de la FIFA (bien qu’il y ait eu beaucoup à dire à ce sujet).
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Il en a profité pour faire une série de reportages sur le contexte social et culturel du pays, et nous faire découvrir par exemple le Passinho, avec la Dream Team Do Passinho !
Au Japon, les vulves c’est… toujours tabou
Dans la série « mais j’avais raté ça ? » : une artiste japonaise devant la justice pour obscénité. Son crime ? Elle réalise des sculptures de vulves. Ok donc au Japon, vous me rangez ces colliers ou robes en forme de vulve, ces bijoux génitaux et autres « Clito-ring » : c’est tabou, on vous dit.
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Martin Weill était allé à la rencontre de cette artiste tokyoïte, et avait même dansé à l’intérieur d’un costume-vulve géant. (Qu’est-ce que vous ratez, quand vous ne regardez pas Le Petit Journal !)
L’artiste Megumi Igarashi, alias Rokudenashiko, a donné de ses nouvelles à Yann et Martin, en leur offrant un somptueux paquet de cartes de voeux personnalisées. J’en pâlis de jalousie. Eh les gars, n’hésitez pas à en envoyer une à la rédaction de madmoiZelle, on les affichera fièrement dans nos bureaux !
Si la vulve est toujours tabou au Japon, chez nous, c’est pas le cas, vraiment.
Et bien d’autres surprises !
L’émission spéciale de Martin Weill renferme d’autres surprises, signées Éric et Quentin, mais aussi Catherine et Liliane, qui ont tendance à chambrer un petit peu le jeune reporter globe-trotter (mais à chaque fois, sa maman lui balance par SMS : « elles se sont encore moquées de toi ! »).
Bonus : ne manquez surtout pas l’epic rap battle à laquelle participe Martin, après avoir provoqué des rappeurs de Detroit. Wow, vraiment, wow… Mais je ne vais pas gâcher la surprise. L’envoyé spécial, à revoir en replay !
Tu peux aller donner de l’amour à Martin Weill sur son compte Twitter, et sur la page facebook du Petit Journal !
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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