Mini-bio : des « Six d’Anvers » à MMM
Martin Margiela est né en 1957 à Louvain, en Belgique. Il fait ses études à l’Académie royale des Beaux Arts d’Anvers en même temps que cinq autres pointures de la couture. Avec Dries Van Noten, Ann Demeulemeester, Raf Simons, Dirk Bikkembergs et Walter Van Beirendonck (tout un exercice de prononciation), ils forment les « Six d’Anvers». Ce collectif au blaze de super-héros est reconnu pour son audace et son style avant-gardiste. Margiela commence à travailler pour la maison Jean-Paul Gaultier à 27 ans. Encouragé par Jean-Paul lui même, il crée en 1988 sa propre marque qu’il baptise Maison Martin Margiela (MMM). Il devient alors l’un des créateurs les plus atypiques et influents de sa génération.
Collection artisanale, 2009
Martin Margiela, une identité secrète
Martin Margiela alimente le culte du secret : pas de photo, pas d’apparition publique ni de salut à la fin de ses défilés. Il ne donne ses interviews que par fax et ne s’exprime jamais en son propre nom. En clair, il fuit la célébrité comme la peste. La maison n’a d’ailleurs jamais réalisé de campagne de pub ce qui explique un peu pourquoi seuls les mordus de mode le connaissent. Cette démarche d’anonymat est justement l’essence de son concept de marque.
L’unique photo de Martin qui circule sur Internet
MMM : un concept original, bien plus qu’une marque
Les étiquettes des vêtements sont blanches et ne mentionnent pas le nom de la marque, seulement des numéros de 0 à 23. Le nombre entouré correspond à une ligne bien particulière. La ligne 10, par exemple, regroupe les basiques faciles à porter. La ligne 0 est la ligne artisanale, la 14 réunit les pièces dites intemporelles… La maison refuse le principe de marque, d’où l’absence de logo.
Le seul signe distinctif d’un modèle Margiela
Les symboles de la Maison Martin Margiela
Le blanc
Des étiquettes aux murs des boutiques, c’est une obsession. Même les blouses du personnel de la maison sont immaculées. Ce blanc presque clinique correspond parfaitement à la volonté d’invisibilité du créateur et de la mise en avant du produit.
Les 75 employés anonymes de la maison
La déconstruction
Si il existe un roi du déconstructionnisme (j’avoue être allée sur Wikipédia pour être sûre que ça existe), c’est bien lui. Défaire pour mieux refaire. Martin Margiela expérimente et pousse la création toujours plus loin. Coutures apparentes et doublures visibles, il a hérité de Gaultier l’art de faire passer le dessous au-dessus.
Défilé Printemps-Été, bustiers à partir de toiles Stockman (mannequins de couture), 1997
Le recyclage
Margiela redonne vie aux objets usés du quotidien. Robe en peigne, smoking en papier, tunique cerf-volants… Cet artisan crée des pièces uniques, spectaculaires et visionnaires qui lui valent le respect de tous les plus grands créateurs. Même si j’émets un léger doute quant à la praticité de la veste/sac à main, il faut avouer que le résultat est bluffant.
La veste version ceintures, papier tressé ou pochettes en cuir
Les trompe-l’œil
Déformer la perception du vêtement, c’est une des nombreuses passions du designer. Margiela joue avec les imprimés trompe-l’œil, les constructions absurdes et des matières inattendues. Entre beauté et humour, il propose sans cesse une nouvelle approche de la création qui rendent sa mode très intellectuelle.
Défilés 2011 et 2009
La reproduction
MMM reconstruit à l’identique des vêtements anciens sous le label « Replica » en indiquant leur fonction, leur provenance et leur époque. La maison réedite également les pièces phares des collections précédentes pour démontrer que les créations sont pertinentes dans le temps et qu’elles ont, aujourd’hui encore, du sens.
Les défilés
Les défilés MMM sont hors normes. Après avoir défilé dans des lieux atypiques tels qu’un terrain vague ou une station de métro à Paris, la maison s’est même parfois contenté de montrer un film (tellement plus pratique).
Margiela a toujours refusé le star-system du mannequinat. Les mannequins défilent de façon anonyme, le visage caché par des bandeaux ou des lunettes « incognito » devenues des accessoires cultes. Le créateur vous fait bien comprendre que c’est le vêtement que vous devez regarder.
Essaye donc de passer incognito avec ça sur la tête !
Le t-shirt AIDS
Cette pièce est présente dans toutes les collections depuis l’Automne-hiver 94-95. Chaque saison, le t-shirt change de couleur. Les bénéfices des ventes vont directement à la recherche pour la lutte contre le SIDA. C’est beau, c’est chic et c’est éthique, bien joué Margi.
There is more action to be done to fight AIDS than to wear this t-shirt but it’s a good start. (Il y a plus à faire pour combattre le SIDA que de porter ce t-shirt mais c’est déjà un bon début.)
Margiela a cependant quitté la maison en 2009, déclarant qu’il avait d’autres chats à fouetter domaines à explorer. Les membres de la maison poursuivent la démarche du créateur belge et cherchent paradoxalement à se faire connaître du grand public avec un nouvel e-shop et la récente collaboration avec H&M.
Et vous, que pensez-vous de la Maison Margiela ? Connaissiez-vous le créateur ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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